Dans un mois les bombardements nucléaires de Hiroshima et de Nagasaki feront l’objet d’un “jeûne-action”. Une action militante, qui a de plus en plus de résonance et dont Dominique Lalanne est l’un des principaux organisateurs.
Question : Quel est l’importance de ce jeûne ?
Dominique Lalanne : Ce “jeûne-action” a pour but de développer le débat sur les armes nucléaires, en France et en Europe, et manifester notre solidarité avec toutes les victimes des armes nucléaires d’hier et d’aujourd’hui. Il s’inscrit dans le cadre de ICAN, la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires. Le Parlement européen a voté en 2008 une délibération qui demande que l’Europe soit une zone exempte d’armes nucléaires. Dans cette dynamique, ce “jeûne-action” s’implique dans 3 lieux, Paris, Büchel en Allemagne devant la base des armes nucléaires de l’OTAN, et Burghfield en Angleterre devant l’usine des armes nucléaires anglaises. 100 jeûneurs ont participé à ces actions en 2013, dont 80 jeûneurs à Paris. En 2014 nous espérons une participation encore plus internationale pour montrer que la sécurité de notre continent européen exige l’élimination des armes nucléaires en Europe. Nouveauté de cette année : des actions dans différents lieux en France comme à Dijon, à côté du Centre de Valduc où sont entretenues les têtes nucléaires et programmé des recherches de modernisation.
Question : Comment cela se déroule t-il ?
Dominique Lalanne : Les jeûneurs et ceux qui les soutiennent se retrouvent chaque jour à Paris au Mur pour la Paix, devant l’école militaire sur le Champ de Mars (le dieu de la guerre !). Le “jeûne-action” commence le 6 août par une cérémonie avec une minute de silence à 8:15, instant du bombardement nucléaire d’Hiroshima. Pendant 4 jours les jeûneurs vont à la rencontre des touristes et Parisiens qui viennent photographier la tour Eiffel et… nos banderoles qui expriment que “libérer le monde des armes nucléaires, c’est possible”. Nous établissons des contacts vidéo avec les jeûnes de Büchel et Burghfield, nous organisons des débats, des actions dans Paris… La cérémonie de rupture du jeûne se fait après la commémoration du bombardement de Nagasaki, le 9 août à 11:02. Nous sommes reçus par la Mairie de Paris-2ème qui nous soutient et offre notamment une soupe, des fruits et des boissons. Tout le programme est disponible sur notre site : www.vigilancehiroshimanagasaki.com
Question : Quel est l’impact de ce type d’action sur le plan politique comme auprès de la société civile et des médias ?
Dominique Lalanne : L’association Maison de Vigilance organise ce jeûne depuis 30 ans. Jusqu’en 2010 la présence s’est tenue devant la Base de Taverny, base du commandement de la Force nucléaire aéroportée. Théodore Monod et Solange Fernex en étaient les participants médiatiques. En 2010 la Base n’a plus assumé ce rôle. La Maison de Vigilance — avec le collectif Armes nucléaires STOP et le Réseau Sortir du nucléaire — a centré ses actions sur Paris et devant le Ministère de la Défense. En 2013 nous avons eu plusieurs médias, radios et télévisions — comme France Inter, France Info, Europe 1, France 3, etc. — qui ont mentionné nos actions pour introduire le débat sur les armes nucléaires. Les partis politiques s’intéressent peu à nous, étant quasiment tous en faveur de l’arme nucléaire, à part EELV. Par exemple, l’année dernière nous avons insisté fortement pour être reçus par le Parti socialiste, cela a donné lieu à quelques accrochages avec la police, mais sans suite… Notre objectif, au delà des médias, est l’interpellation de personnalités politiques. Quand pourrons-nous avoir un débat sur l’implication de la France dans le désarmement nucléaire ? Pouvons-nous remettre en cause l’armement nucléaire actuel de la France ? Quelle sécurité voulons-nous en Europe ?
Dominique Lalanne est un physicien nucléaire, président du collectif Armes nucléaires Stop et administrateur de l’association Maison de vigilance. Il est également expert auprès de l’Observatoire des armements de Lyon.