« C’est terminé : on se lève et on se barre »

C’est avec ces mots de l’écrivaine Virginie Despentes dans la tête que je suis venue manifester aujourd’hui, avec un sentiment de fierté qui m’a fait marcher la tête haute.

Car, aujourd’hui nous sommes de plus en plus nombreuses à dire stop :

stop au mépris,

stop aux violences,

stop aux inégalités salariales, professionnelles, aux emplois à temps partiels sous-payés, en CDD,

stop à une éducation, à la publicité, aux représentations sociales qui nous enferment, nous manipulent,

stop à la pauvreté et à la misère que nous prépare la réforme des retraites Macron,

Nous avons décidé de dire stop ! Mais pas que !!!!

Car, comme toujours quand le couvercle d’une marmite saute (et les marmites, ça nous connait !), il n’y a pas de retour en arrière.

Alors aujourd’hui, « on se lève, on se barre…. Et on se bat »

Nous les femmes avons décidé d’endosser fièrement une responsabilité de plus, une responsabilité fantastique : celle de réveiller les consciences contre tous les mépris.

Peut-être parce que nous, le mépris, on connait. Nous savons le reconnaitre le mépris, nous le dépistons, nous le reniflons même quand il est insidieux, nous savons qu’un mépris en cache souvent un autre, nous savons qu’il peut détruire, qu’il fait mal, qu’il peut tuer.

Et contre le mépris, y a du boulot

  • Le mépris qui nous prend pour des connes (ou des idiotes) en nous qualifiant de grandes gagnantes dans une réforme qui va nous appauvrir et nous faire travailler plus longtemps dans des métiers sous-payés.
  • Le mépris qui permet qu’aucune mesure radicale n’a encore été prise pour lutter contre les féminicides (151 en 2019)
  • Le mépris d’un gouvernement qui assène un passage en force à la représentation nationale d’un peuple révolté, mobilisé, majoritaire contre sa réforme
  • Le mépris des puissants assis sur leur monde d’hier productiviste, consumériste, exploiteur de la nature et des hommes, ce mépris qui les rend impuissants à faire face à la catastrophe écologique qui vient
  • Le mépris d’un certain monde de la culture, machiste et sexiste, exposé au grand jour à l’occasion d’une cérémonie de la honte.

Alors, face à tous ces mépris, à toutes ces surdités, ces impuissances à comprendre ce qui monte dans la société : l’urgence sociale, écologique, démocratique et de plus en plus féministe, nous, les grandes gagnantes, les grincheuses, les coincées, les Rosi: on se lève, on se barre et… on se bat.

Crédit vidéo Xavier Foreau

 

Texte prononcé le 8 mars 2020 par Laurence Laborde (FSU) à l’occasion de la journée internationale de lutte pour le Droit des Femmes, à Bordeaux.