Par Collectif Éthique sur étiquette
Il y a tout juste un an, plus d’un millier de travailleurs ont trouvé la mort dans l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh le 24 avril dernier, et davantage encore à avoir été blessés. Alors qu’ils avaient été évacués d’urgence la veille en raison de fissures constatées dans les piliers du bâtiment, les milliers de travailleurs-ses des ateliers de confection qu’hébergeait le Rana Plaza, près de Dacca, ont été contraint-e-s de regagner leur poste de travail ce jour-là.
Ces travailleurs-ses fabriquaient des vêtements pour des marques européennes, américaines et canadiennes bien connues. Mango, Benetton, Bon Marché ont ainsi reconnu qu’elles se fournissaient dans ces usines. D’autres, marques dont les étiquettes ont été retrouvées dans les décombres, nient encore leur implication (comme Auchan…)..
Ce drame a dévasté la vie de milliers de familles. Outre la douleur et la colère, ces dernières doivent faire face à la perte d’une source de revenus bien souvent indispensable à leur survie. Et de nombreux blessé-e-s sont dans un état grave, nécessitant des soins médicaux d’urgence et de long terme.
L’effondrement de l’immeuble Rana Plaza souligne une nouvelle fois les conditions indécentes dans lesquelles nos vêtements sont confectionnés au Bangladesh. Depuis 10 ans, le Collectif Ethique sur l’étiquette et Peuples Solidaires en France, et leurs organisations partenaires de défense des droits, exhortent à prendre des mesures concrètes pour mettre fin à cette situation inacceptable.
La plupart des vêtements que nous achetons en France sont fabriqués à l’autre bout du monde via des filières de production complexes et ramifiées. Un jean par exemple, entre la culture du coton et la mise en vente dans nos magasins, peut parcourir 65000 km, soit une fois et demi le tour de la planète.
Dans une logique de profit à court terme, les multinationales ont délocalisé leur production vers des pays où le coût de la main d’œuvre est faible et les droits sociaux quasi inexistants. Dans ces pays, les États ouvrent leurs frontières sans demander de contrepartie. Cette mondialisation non-régulée a permis aux multinationales de multiplier leurs filiales et sous-traitants, et de s’enrichir au détriment d’une main d’œuvre bon marché et vulnérable.
Sous-traitants sous pression
Pour gagner des parts de marché, marques et distributeurs se livrent une concurrence agressive sur les prix, qui se traduit par une pression énorme sur leurs fournisseurs et sous-traitants, prêts à enfreindre la loi pour répondre aux exigences des donneurs d’ordre. Dans les ateliers de production les conditions d’hygiène et de sécurité sont déplorables et les accidents fréquents. Les ouvriers, en grande majorité des jeunes femmes, travaillent plus de 12 heures par jour, six jours sur sept, sans compter les heures supplémentaires non rémunérées. Quand ils existent, les contrats de travail respectent rarement la loi. Les travailleurs ne bénéficient bien souvent d’aucune protection sociale et touchent parfois des salaires inférieurs au minimum légal dans le pays. Ils sont embauchés ou licenciés sans formalité, en fonction des besoins de production. Harcèlement, pratiques disciplinaires et amendes diverses sont légion.
Et alors qu’il ne saurait y avoir de progrès en matière de justice sociale sans liberté syndicale ni droit d’organisation collective, de nombreux travailleurs sont encore privés de ces droits fondamentaux.
Le Collectif Éthique sur l’étiquette cherche à promouvoir l’émergence de nouveaux comportements économiques pour le respect des droits fondamentaux dans les pays du Sud.
Depuis sa création, le Collectif demande aux entreprises présentes en France et aux grandes marques françaises et internationales de veiller aux conditions de production des marchandises qu’elles commercialisent, de garantir que leurs pratiques d’achat favorisent le progrès social chez leurs fournisseurs et sous-traitants en y associant les syndicats, les ONG, les mouvements de consommateurs, les représentants des pouvoirs publics, aux États et aux institutions internationales, de garantir l’application et le respect des 8 droits sociaux fondamentaux issus des conventions de l’OIT.
Source : http://www.ethique-sur-etiquette.org/-Bangladesh-halte-a-l-hecatombe-