Photographe : United State Mission
Article rédigé par Ramesh Jaura
« Arrêtez l’escalade. Faites preuve d’un maximum de retenue. Relancez le dialogue. Renouveler la coopération internationale ».
C’est le message en quatre points du secrétaire général des Nations unies, António Guterres, qui explique ce qu’il faut faire dès à présent, dans les capitales du monde entier, pour désamorcer les tensions géopolitiques, qu’il décrit comme étant « à leur plus haut niveau ce siècle » à l’aube de la nouvelle décennie.
La nouvelle année a commencé avec un contexte mondial incertain.
« Nous vivons une époque dangereuse », a déclaré le chef des Nations unies le 6 janvier, en faisant remarquer que les turbulences ne font que s’aggraver. « Même la dénucléarisation ne peut plus être considérée comme acquise », a-t-il ajouté, sans faire spécifiquement référence aux événements de ces derniers jours qui ont suivi l’assassinat ciblé par un drone américain du général iranien le plus influent, Qasem Soleimani, en Irak le 3 janvier.
L’Iran s’est engagé à venger le meurtre du commandant d’élite de la Force Quds, et le 5 janvier, il a annoncé qu’il ne serait plus lié par les clauses restrictives de son programme nucléaire, énoncées dans l’accord de 2015 connu sous le nom de Plan d’Action Global conjoint, ou PAGC. L’accord a été débattu au Conseil de sécurité pas plus tard que le mois dernier.
Le 1er janvier, António Guterres a également exprimé sa profonde inquiétude face à l’annonce par la République Populaire Démocratique de Corée (RPDC), communément appelée Corée du Nord, qu’elle mettait fin au moratoire qu’elle s’était fixée sur les essais de missiles nucléaires.
Le 5 janvier, le Parlement irakien a adopté une décision non contractuelle appelant les troupes américaines à quitter le pays, en réponse à l’assassinat du général iranien sur leur sol. En réponse, le président Trump a menacé l’Irak de sanctions s’il était contraint de retirer ses forces armées, et a également menacé, sur Twitter, de détruire de multiples sites d’importance « culturelle » en Iran, s’il y avait des attaques de représailles contre les Américains.
Comme l’a rapporté UN News, António Guterres a déclaré lors d’une réunion avec des correspondants au siège de l’ONU à New York le 6 janvier, qu’un « contexte de tensions conduit de plus en plus de pays à prendre des décisions imprévisibles, avec des conséquences incertaines et un risque profond d’erreur de calcul. Simultanément, nous assistons à des conflits commerciaux et technologiques qui fracturent les marchés mondiaux, fragilisant la croissance et accentuant les inégalités ».
Par ailleurs, le chef de l’ONU rajoute :
« Notre planète est en feu. La crise climatique fait rage. Dans de nombreuses régions du monde, nous assistons à la frustration et à la colère de la population. Nous constatons une augmentation des troubles sociaux et une montée de l’extrémisme, du nationalisme et de la radicalisation, avec une dangereuse avancée du terrorisme, particulièrement en Afrique ».
Il a déclaré qu’il était clair que « cette situation ne peut plus durer. J’ai suivi avec beaucoup d’inquiétude la récente montée des tensions mondiales. Je suis en contact permanent avec des responsables de premier plan dans le monde entier ».
Les tensions actuelles au Moyen-Orient et dans la région du Golfe et leurs implications potentielles sur les sites du patrimoine culturel ont été au centre des discussions lors d’une réunion le 6 janvier entre le chef de l’agence culturelle des Nations unies, l’UNESCO, et un diplomate iranien de haut rang.
La directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, et l’ambassadeur iranien auprès de l’agence des Nations unies, Ahmad Jalali, se sont rencontrés à Paris dans un contexte de menaces croissantes entre son pays et les États-Unis.
Audrey Azoulay a profité de cette rencontre pour souligner l’universalité du patrimoine culturel et naturel dans la lutte pour la paix et le dialogue entre les civilisations, que la communauté internationale a le devoir de protéger et de préserver pour les générations futures.
Elle a rappelé deux traités des Nations unies sur la protection du patrimoine culturel, y compris en temps de conflit, que les deux pays ont ratifiés. La Convention de 1954 pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé est le premier traité international à aborder ce sujet. Le second traité est la Convention de 1972 concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel.
La Convention de 1954 a été adoptée à la suite de la destruction massive du patrimoine culturel pendant la Seconde Guerre mondiale. Les exemples de patrimoine culturel comprennent les monuments et les sites archéologiques, mais aussi l’architecture, les œuvres d’art, les livres, les collections scientifiques et autres objets d’intérêt artistique, historique ou archéologique. En vertu de ce traité, les pays s’engagent à préserver ces objets d’un éventuel conflit armé par des mesures de protection et même des sanctions.
l’UNESCO a expliqué que les menaces peuvent provenir des combats mais aussi de toute occupation qui en résulte. L’Iran compte en 2019, 24 sites inscrits au patrimoine mondial, dont 22 culturels et 2 naturels.
« Comme les biens culturels reflètent la vie, l’histoire et l’identité d’une communauté, leur préservation aide à reconstruire une communauté brisée, à rétablir son identité et à relier son passé à son présent et à son avenir. En outre, les biens culturels de tout peuple contribuent au patrimoine culturel de l’humanité. Ainsi, la destruction ou la dégradation de ces biens appauvrit l’humanité », selon les informations figurant sur le site de l’UNESCO.
La caractéristique la plus significative de la Convention de 1972 est qu’elle lie « les concepts de préservation de la nature et des biens culturels » et la nécessité de sauvegarder l’équilibre entre les deux. Elle stipule, entre autres, que chaque État partie « s’engage à ne prendre délibérément des mesures susceptibles d’endommager directement ou indirectement le patrimoine culturel et naturel […] situé sur le territoire des autres États parties à la présente Convention ».
Le directeur général de l’UNESCO a également rappelé les termes de la résolution 2347 du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptée à l’unanimité en 2017, qui condamne les actes de destruction du patrimoine culturel.
Par ailleurs, comme l’a rapporté l’UNESCO, Audrey Azoulay a insisté sur l’universalité du patrimoine culturel et naturel en tant que vecteur de paix et de dialogue entre les peuples, que la communauté internationale a le devoir de protéger et de préserver pour les générations futures.
Reportages photo de sites UNESCO d’Iran
- Tchoga Zanbil – situé dans la province du Khuzestan, au sud-ouest de l’Iran (1250 av. J.-C.)
C’est là que se trouvent les ruines de la ville sainte du royaume d’Élam. Elle a été envahie par Ashurbanipal, et est restée inachevée comme en témoignent les milliers de briques laissées inutilisées sur le site.
Photographe : Ziggurat Choga Zanbil
- Persépolis – située dans le sud-ouest de l’Iran (518 av. J.-C.)
L’une des attractions les plus célèbres de l’Iran est également l’un des plus grands sites archéologiques du monde. Persepolis présente une architecture et une ingénierie grandioses, car elle a été conçue avant tout pour être un lieu d’intérêt et un centre glorieux pour les réceptions et les fêtes des rois.
Photographe : Mostafa Meraji - Meidan Emam – situé à Ispahan (17e siècle)
L’une des plus grandes places urbaines du monde et une autre attraction touristique de premier plan en Iran. Meidan Emam présente un impressionnant témoignage de la vie sociale et culturelle du pays à l’époque des Safavides. Elle présente également une architecture iranienne et islamique exceptionnelle.
Photographe : Arad Mojtahedi - Takht-e-Soleyman – situé dans le nord-ouest de l’Iran
Reconnu comme le principal site du zoroastrisme avec un ensemble archéologique dont la signification spirituelle est liée au feu et à l’eau. On trouve dans ce complexe unique en son genre toute une série de structures datant de l’ère pré-islamique à l’ère post-islamique.
Photographe :Hamzeh Einy Nezhad
Traduit de l’anglais par Chloé Foreau