Comment la pratique du vélo à plusieurs peut-elle créer du lien social ? Pourquoi militer en tant que cyclistes et comment ? Comment le vélo peut-il être un outil social et solidaire ?… Tant de questions qu’on aborde dans “Salut, ça roule ?”. On y explore des façons de faire différemment ensemble, des initiatives militantes, une culture commune à vélo. Un podcast participatif par les intervenant.es et pour toutes celles et ceux qui ont des trucs à dire.

Épisode 2 sur 4 : les Alley Cat, explorons la ville !

Transcription

Courses cyclistes urbaines informelles, les Alleycats gagnent en popularité, favorisant la découverte de la ville et la réappropriation de l’espace public.

Une Alley Cat, c’est une course cycliste non homologuée et souvent urbaine. (cf Alley cat races Alleycats). La première course appelée Alley Cat (chat de gouttière) a eu lieu à Toronto le 30 octobre 1989 et s’est poursuivie sous sa forme originale autour d’Halloween de la Saint-Valentin pendant les cinq années suivantes dans la même ville. En 1993, lorsque des coursières de Toronto ont raconté des histoires d’Alley Cat à la première course internationale des coursières à Berlin, le nom et le concept se sont répandus dans le monde entier. Des Alley Cat sont régulièrement organisées dans des villes d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Asie, mais de nombreuses villes plus petites, dépourvues de coursièr.es à vélo, accueillent également des Alley Cat gérées par la sous-culture cycliste urbaine en plein essor.

Ces courses sont organisées de façon assez libre. Il n’y a pas ou pas toujours de groupe derrière. Parfois une boîte de coursiers à vélo, parfois juste des amis. Les courses peuvent être extrêmement éprouvantes et conçues pour éliminer tous les participant.es à l’exception des plus rapides et des meilleurs. ou alors moins compétitive, est destinée à être appréciée par la communauté locale des coursiè.res, ou de tous cyclistes à l’occasion de certaines fêtes, comme l’Alley Cat du 4 juillet de la ville de New York. Les participant.es, dont le nombre varie entre une dizaine et plus d’une centaine, ne portent pas de dossard conventionnel. A la place, des Spock Cards, cartes à rayons, à l’origine des cartes de tarot, sont parfois imprimées spécialement pour l’événement. Le numéro de la participante est ajouté à l’aide d’un marqueur et est ensuite coincé entre les rayons de la roue arrière. Les cartes à rayons sont souvent conservées sur la roue par les participant.es en guise de souvenirs, ils et elles peuvent en collectionner d’autres au fil du temps.

En France, les Alley Cat ne sont pas déclarées, mais doivent légalement l’être dans d’autres pays comme en Angleterre. Ce point est important. Il permet aux cyclistes participants d’occuper l’espace urbain pour un temps de jeu collectif. Il est difficile de décrire la croissance des courses d’Alley Cat, étant donné le manque de publicité et d’enregistrement dans la communauté, cette sphère du vélo restant à ses niches. Certains aspects du vélo urbain sont souvent associés aux Alley Cat, comme l’utilisation de vélos à pignon fixe ou fixie, et sont devenus plus populaires dans la seconde moitié des années 2000. Le nombre d’Alley Cat organisées semble également être en hausse, des non-coursiers commençant à organiser leurs propres courses.

Les événements mettant en scène la culture des courses d’Alley Cat ont également connu une expansion significative depuis les années 2000. Les courses en sont venues à embrasser des questions importantes comme l’Alston Rat Race de Boston en août (Boston Alley Cat Race), le Global Warming Alley Cat (GLOBAL WARMING ALLEYCAT 2008) organisé à Toronto, San Francisco, Mexico, Berlin et New York, ou le Ghetto Blaster de Baltimore, et récemment en France, des alécates organisées le 8 mars pour la journée des droits des femmes, comme à Grenoble. En 2001, le film Pedal (Pedal (2001)) réalisé par Peter Sutherland met en avant la vie sociale fortement ancrée dans les cercles de coursièr.es newyorkais.

En France, à Paris, la première Alley Cat a eu lieu en septembre 2005. Et dans le même temps, des événements comme la Bicycle Film Festival se sont étendus à des dizaines de villes et ont embrassé de nombreuses expressions différentes de la culture cycliste. Lucas Brunel, par exemple, est reconnu comme le pionnier de l’art de filmer les courses d’allée 4 du point de vue de la première personne et de partager les séquences en ligne (cf. une vidéo des championnats internationaux des coursiers LTWW – RealInnovation – 30s – skip). Youtube héberge actuellement plus de 1000 vidéos de courses d’Alley Cat dont la plupart ont été téléchargées depuis 2006. D’autres réseaux comme l’application sportive Strava sont aussi utilisés pour partager les parcours et performances des participant.es, qu’iels soient dans l’esprit de compétition ou pas.

Ce mouvement évolue depuis les débuts. Aujourd’hui certain.es participant.es ont une approche critique de la course, affirment que d’autres roulent seulement pour la gagne, sont très compétitifs, voire reproduisent des comportements propres au modèle que l’on pourrait qualifier de “puissance et performance”, actuellement culturellement dominant dans le sport. Ce modèle est fondé sur l’utilisation de la force ou de la vitesse et du pouvoir en vue de repousser ses limites et d’établir des records, mais aussi sur le traitement des adversaires comme des ennemis à dominer et sur la vision du corps comme une machine. C’est une vision à la pratique sportive où le sport représente un symbole vraisemblablement très convaincant de la masculinité hégémonique, en partie parce qu’il incarne précisément l’apparente supériorité naturelle des hommes sur les minorités de genre, donc meufs, personnes trans, non-binaires et autres. La puissance brute demeure encore perçue comme une preuve matérielle et symbolique de l’ascendance biologique des hommes.

Ainsi, les hommes peuvent prétendre que leurs performances sportives seront toujours plus rapides, plus hautes, plus longues et plus fortes que celles des femmes ou des personnes en minorité de genre. Cependant, le caractère informel de l’organisation, le côté festif et social des Alley Cat, va de pair avec un modèle alternatif du sport de plaisir et participation. Elles mettent, par exemple, l’accent sur une adaptation de la pratique en fonction des habiletés physiques ou de la volonté des personnes présentes sur le moment, ou sur la solidarité entre les participant.es. Les gagnant.es sont d’ailleurs récompensé.es de petits cadeaux, une affiche, un t-shirt, mais pas de vrais trophées. Par exemple, de nombreuses Alley Cat offrent des prix au dernier concurrent arrivé, parfois connu sous le nom de dead fucking last, donc le foutu dernier. Bon, ça c’était la petite théorie de l’Alley Cat, on va maintenant écouter celles et ceux qui ont participé dimanche de mars à une course lyonnaise…

J’encourage les gens à en organiser, à aller dans celles organisées

« Je m’appelle Lu, j’ai 30 ans, je suis coursier à vélo à Lyon pour l’entreprise Fend la Bise. Aujourd’hui, on est à une Alley Cat qui s’appelle précisément l’Alley-graille. Une Alley Cat, c’est un concept de course d’orientation urbaine à vélo. Pour un peu d’histoire, c’est un concept qui vient des États-Unis. À la base, c’est plus pour les coursiers à vélo. Donc, c’étaient des courses organisées en ville par les coursiers à vélo américains qui avaient pour but de déterminer qui était le meilleur coursier à vélo parce que c’est une course qui demande de la rapidité, mais aussi de bien connaître la ville, d’être efficace dans la circulation. Et de savoir s’adapter rapidement.

Et donc aujourd’hui, on est à Lyon, à une Alley Cat qui n’est organisée pas par des coursiers à vélo, puisque le concept s’est beaucoup démocratisé et ouvert maintenant à tout le monde, quasiment. Ça touche un public de cyclistes, mais alors de cyclistes un peu de niche quand même, je dirais, de cyclistes urbains, parce qu’il faut aimer rouler en ville. Et puis les informations, même si maintenant il y a les réseaux sociaux, elles passent quand même par des canaux assez… assez fermé. Donc on en entend parler parce qu’on connaît des gens qui en font. Il y a beaucoup de coursiers à vélo qui viennent. Il y a beaucoup de gens qui pratiquent le vélo en groupe. Aujourd’hui on va rouler au soleil. Moi j’en ai fait un certain nombre je pense que je dois être à une quinzaine. Quelque chose comme ça c’est. J’en ai fait beaucoup à Paris où j’habitais avant, pas mal à Lyon aussi et c’est un moyen assez sympa de découvrir une ville. Donc j’en ai fait trois à Nantes. Une ville que je ne connaissais pas du tout, mais comme en fait, il y a des Alley Cat à thème, il y a des Alley Cat avec des principes différents. Mais souvent, les organisateur.ices essayent de faire passer par des endroits soit jolis, soit des endroits typiques de la ville.

Et donc, c’est un bon moyen de découvrir les villes aussi. C’est axé sur le thème de la nourriture, l’Alley graille. C’est un thème que je n’ai jamais fait, donc c’est cool. Et puis surtout, on peut un peu décider qu’est-ce qu’on vient faire dans une Alley Cat. Il y en a qui viennent faire du podium, il y en a qui viennent juste découvrir le concept, il y en a qui viennent rouler avec des amis. En fait, ce qui est bien, c’est que ça s’adresse vraiment à tout public pour toute pratique du vélo. Et puis c’est un bon moyen de connaître la ville et puis de se réapproprier aussi l’espace public. Je trouve que le truc cool des Alley Cat, c’est que souvent, les gens sortent vraiment… dynamisé dans leur pratique du vélo d’avoir voilà un peu rouler plus vite que d’habitude en ville naviguer dans la circulation.

Et c’est vrai que souvent les jours après les Alley Cat, quand on reprend le vélo dans la ville, on se dit que la ville elle est un peu faite pour nous: elle nous appartient… enfin c’est un bon moyen de se réapproprier sa ville. Moi, je trouve que c’est que même si ça se veut un peu élitiste d’un certain côté c’est vraiment cool que ça soit ouvert à tout le monde. Et je sais qu’il y a beaucoup de gens qui entendent parler des Alley Cat, voient les Alley Cat passer de loin et se disent que ce n’est pas pour eux parce que justement c’est en cercle, c’est fermé. Alors qu’en fait vraiment, c’est vraiment un principe cool. Je trouve que ça serait vraiment cool de faire grossir ça.

Cette année à Lyon, on est passé sur un système où il n’y a que des Alley Cat organisées par des gens différents à chaque fois. On a monté un système de championnat où les gens cumuleraient des points au fur et à mesure de l’année. Et du coup, c’est bien parce qu’il va y avoir plein d’organisateurs différents, donc plein de thèmes différents, plein d’approches, de concepts différents. Ça va permettre aussi de renouveler la pratique parce qu’en fait, nous, en tant que coursiers à vélo, c’est vrai qu’on est dans la ville toute la journée, toute l’année. Et donc parfois, on est un peu dans notre bulle et dans notre vision de la ville, mais d’avoir des gens qui pratiquent le vélo différemment, c’est super intéressant.

Donc n’hésitez pas si vous entendez parler d’une Alley Cat dans votre ville à y aller parce qu’il y en a vraiment dans toutes les villes je pense dans vraiment beaucoup de villes en France même maintenant des petites villes. Je sais qu’à La Rochelle il y en a à Besançon, il y en a à Paris, Lille, Toulouse, Bordeaux… des assez grandes villes. Et puis aussi n’hésitez pas à en organiser parce que c’est vraiment super facile, il suffit en fait. Oui donc en fait on n’a pas trop parlé du principe. Mais le principe c’est qu’au début les gens récupèrent une feuille avec souvent une liste d’adresses où ils doivent se rendre, un manifeste.

Et souvent en fait la règle c’est que les gens décident dans quel ordre ils font ce qu’on appelle les checkpoints et donc ça requiert en fait de bien connaître la ville, de faire le chemin le plus efficace. Et donc en fait, en termes organisationnels, il y a très peu d’organisation parce qu’il suffit d’imprimer des feuilles ou même de les écrire à la main avec quelques adresses. Ou même, parfois il y a des Alley Cat qui sont organisées avec beaucoup moins de moyens. Quelqu’un dit à voix haute 5 adresses, on les note sur une feuille ou directement sur notre téléphone. Et ça ne demande vraiment pas de moyens, ça demande très peu d’organisation. Et même à 5 ou 10, c’est un concept très sympa. J’encourage les gens à en organiser, à aller dans celles organisées. Il faut pousser la porte, parfois c’est un peu intimidant au début, mais on passe toujours un bon moment.”

Les participant.es reçoivent un manifeste et doivent créer leur propre itinéraire. [Crédit photo : Jean Guihéneuf, @vagabond_des_montagnes]

Avant le départ, on s’inscrit à la course et on attend…

« Je suis Charlotte, j’aime bien faire du vélo, surtout le dimanche quand il fait beau. Pour faire du vélo déjà avec les potes et puis découvrir une nouvelle manière de faire du vélo et d’avoir un peu des épreuves. Et puis quand on me dit que je sors ma fourchette, je suis contente. Si j’ai bien compris, c’est qu’on va aller chercher des indices et puis on va peut-être picorer des choses. C’est ça que j’ai peur en tout cas. Je suis assez motivée, en plus il fait beau, je suis avec mes potes, donc je suis contente. J’ai surtout une pote qui nous en a parlé, qui a dit que c’était vraiment cool. Je suis de son avis.

(Un ami à côté de Charlotte)

Je n’ai pas forcément beaucoup plus d’informations sur l’événement du jour, mais en tout cas, il fait beau, ça va être cool. Et puis un petit côté vélo extérieur avec… Petite enquête culinaire ? »

« Ouais alors moi c’est Japhet, je suis novice sur une Alley Cat et je suis bénévole au Chat (Atelier du Chat Perché – mécanique vélo et autogestion). Bah ouais je suis venu parce que du coup j’ai des potes bénévolent.es du Chat aussi qui sont venus. Et j’avais bien envie de voir, puis une course en milieu urbain, je voulais un peu voir ce que ça donnait. Je ne sais pas si c’est tellement quelque chose qui me rend curieux , que l’envie d’être un peu dans une sorte de collectif et de voir plein de gens pédaler. Parce qu’en général ça me rend assez heureux de voir des gens faire du vélo. Donc c’est assez chouette de voir plein de gens. Et aussi des visages que je connais parce que… Comme j’ai moins de temps pour être à la sauce, c’est aussi une manière d’être là avec les copains.

Aujourd’hui, on m’a dit que c’était une allée bouffe, donc on allait grailler au point relais. Donc, je n’ai pas mangé, mais j’ai faim et on part dans une demi-heure. Voilà. J’attends, sagement. Non, ça va. Enfin, peut-être après. Merci. On vient de me proposer du gros chocolat. (rigole) En fait, j’avais chopé un stickers au Chat Perché que j’avais mis sur mon casque parce que j’en avais marre d’avoir un casque moche et j’avais pas trop compris ce que c’était. Mais d’autres personnes m’avaient dit : ah t’as participé ! et tout. Avant en fait qu’on me propose, enfin avant que tu me proposes, je n’avais pas capté que ça existait quoi. Je suis trop content de découvrir que ça existe aussi. »

« Moi c’est Sacha, je fais du vélo depuis… J’ai 17 ans donc 8 ans. Et puis là c’est après mes deux Critical Mass, c’est ma première Alley Cat et je n’ai pas d’attente. C’est Kapi, précédemment interrogé, que j’ai rencontré à la Critical Mass (Cf. épisode 1 sur 4 “Salut, ça roule ?” Épisode 1 sur 4 : la critical mass, la rue à deux roues) et il m’a dit « chauffe-toi » et j’ai dit « pourquoi pas ? ». En vrai, ça fait plaisir comme il disait de rencontrer du monde, tu partages ta passion et de se rassembler tous ensemble et de voir un peu le chemin que chacun fait de son côté et tout pour voir ce que tu peux apporter au tien et aller plus loin dans ce sens-là. On est tous un peu en train d’attendre dans une bonne ambiance, c’est beau franchement. Franchement ça motive à revenir pour la prochaine fois déjà même si on n’a pas encore participé. »

Pas de dossards, mais des Spoke Cards. [Crédits photo : Jean Guihéneuf, @vagabond_des_montagnes]

Et après la course, on arrive au rendez-vous final !

Certain.es discutent de leurs trajets

Les deux coursiers sont penchés sur leurs tracés et leurs manifestes

« Lu : Nous on a fait 26 km…

Iyan : Ah ça je pense que ça c’était pas mal, parce que t’avais des trucs bien rapides.

Lu : Ah bah tu vois, on a fait tout ça, sauf qu’on a fait Pilo, Pilo-La commune, ah non là on a fait Happy Days. Ah mais le court-circuit et Happy Days ils étaient ensemble. Parce qu’après, bon nous c’est pareil, on a fait Bellecour là, celle qui était à côté des Merveilleux. Et les éclaireurs, ah c’était à Croix-Rousse.

Iyan : Ah non, c’est à Lyon 8, mais ouais je pense que ça c’était pas mal.

Lu : Parce que tu vois, moi j’avais peur… On avait le tandem, j’avais peur de monter à Croix-Rousse.

Iyan : Mais en plus, ça c’est une map sans montée. 23 bornes sans montée, il y a Félix Faure tout droit, il y a Cours Gambetta tout droit.

Lu: Ah non, ça c’est…

Iyan : Oui, mais du coup, ça c’est ce que j’aurais dû faire si je m’étais rendu compte que je confondais les fiches. (Je lui demande s’il est content de sa course) Ouais je suis très content, cinquième, arrêté par la municipale.

Lu : Dans la montée du tunnel de Croix-Rousse. (rigole)

Iyan : Top 5ème et top 5 sur un segment, du coup on va pouvoir commenter mon Strava, je suis très content!”

« Salut, moi c’est Capi, j’ai découvert les Alley Cat en décembre dernier, donc il n’y a pas longtemps, j’ai fait en premier la Cavalle-Cat, en vrai c’était vraiment super sympa, et donc c’est pour ça qu’après j’ai eu envie de continuer, j’ai fait la I Love You et là la Alley Graille, donc les deux suivantes à Lyon. Je pense que je vais essayer de faire toutes celles que je peux. Donc j’ai entendu parler de la première par hasard, en rencontrant quelqu’un en soirée, en discutant au vélo, etc. Et en fait, j’ai adoré le concept de la première, parce qu’en plus, elle était assez sportive. C’était que des montées et des descentes de la Croix-Rousse. Et le côté un peu, on se donne à fond. De un, on va super vite, on essaye de tracer. Voilà on ne ménage pas nos efforts c’est super sympa. Et le côté un peu compétitif est cool. Parce que justement j’ai l’impression que de façon générale je n’aime pas la compétition parce que c’est toujours trop prise de tête.

Après ça fait longtemps que je n’en ai pas fait mais il y a trop d’égo. Je trouve que c’est le parfait mélange d’une super ambiance et des gens qui ne se prennent pas la tête et puis qui sont contents s’ils gagnent et puis qui s’en foutent s’ils ne gagnent pas. Et de la bonne humeur et des gens sympas à rencontrer. Donc je trouve que c’est un format sportif vraiment cool. Et après la spécificité de l’Alley Cat qui est que ce soit une course d’orientation donc il n’y a pas tout le monde en ligne à côté les uns des autres et il faut un peu faire ta trace essayer de l’optimiser. Je trouve que c’est un exercice intéressant. Et surtout là quand tu as des checkpoints avec des petits défis des petits jeux c’est ça fait trop plaisir d’arriver au checkpoint parce que tu vas te marrer mais ça fait aussi plaisir de repartir comme à chaque fois parce que tu dis : ok let’s go on y retourne.

Et après aussi moi j’aime bien en tant que cycliste un peu rebelle faire chier les voitures. Donc là c’est une bonne une bonne occasion de , particulièrement encore plus que d’hab,  leur griller la prio, etc. Bon après faut rester prudent, etc.  Je ne veux pas encourager les gens à faire n’importe quoi , à se mettre en danger mais bon voilà, moi ça me fait un peu plaisir. Le côté aussi un peu non officiel, organisé à l’arrache, et puis voilà, ce sont les vélos qui occupent l’espace, même si c’est moins le but premier que pour une Critical Mass par exemple. Donc, merci aux orga d’avoir tout organisé, c’était super chouette. En plus, celle-là, ils avaient mis l’accent sur le fait de faire un truc pas trop compliqué, plutôt bonne ambiance et tout, pour qu’il y ait plein de gens qui se ramènent, donc moi j’ai réussi à ramener pas mal de potes qui ont découvert ça, et donc ça fait plaisir de voir la communauté grandir, et je pense que tout le monde était surpris du nombre de gens qu’il y avait. Et voilà, ça fait super plaisir…

[paroles, Capi rape]

Bon frérot, tu viens à la course là ?

Rendez-vous au parc.

J’me lève à 13h genre aller gars.

Bouge-toi il fait beau, sort le vélo,

Y a Alley Cat

Putain, tout le monde est en lycra

J’suis en k-way j’canne de chaud.

On m’dit oublie pas les photos quand t’es au checkpoint.

Ah ouais j’capte,

J’suis en fixie , j’drift comme à Tokyo.

No break no cligno fuck les voitures ont leur grille la prio

J’suis en musculaire j’mets v’la les gaz.

Heureusement j’ai l’casque

J’pédale comme Tadej même si bien sûr j’sais pas parler d’slave.

Faut arriver au bout du parcours

Comme dans code Lyoko, ça presse

Trouver l’adresse plus vite que les colis postaux

J’emmerde les bolides costauds

Qui klaxonnent, bande de bâtards

Pour bouger à basic-fit, pas besoin de quat’ tonnes ou d’un 4×4

Jm’en ballec combien t’as mis en minutes et en secondes frère,

Jveux savoir ce que tu mets comme son, quand on boit des longues bières

Pas d’connards, pas d’barrières ici,

Que des bro, des sœurs qui chillent

La ride, ça on apprécie, j’bois pas avant mais après si

Si tu veux un GPS humain, fais signe

La trace sur la map je dessine

Fuck les mascu, bien sûr qu’elles rident les ‘zines

Vive les cargo, les tandems,

Cim’ aux orga, aux gens qu’j’aime

Pas de maillons faibles,

En vélo on n’avance pas sans chaîne…

Les participant.es roulent souvent en groupe. [Crédits photo : Louis Bouret, @jai_louie_fine]

“Un bon moment entre copines”

« Je suis Stéphanie, c’est ma deuxième Alley Cat. Et avant de partir, mon vélo s’est cassé, du coup j’ai pris mon petit vélo de ville et j’ai bien galéré, mais c’était très marrant.

Moi c’est Mathilde, c’est ma cinquième allée 4. Je suis arrivée à Lyon en septembre et depuis je fais toutes les Alley Cat parce que je trouve que ça manque de filles. Du coup c’est trop cool, à chaque fois j’essaye de rouler avec quelqu’un parce que j’aime pas trop les rouler en solo, en mode compèt’. Du coup je vais souvent rouler avec une copine pour ramener un peu des filles. Et puis surtout parce que c’est un bon moment, tu te fais toujours un peu prendre au jeu de rouler vite. Mais au final, c’est toujours que du kiff et on rigole bien. Et voilà, je devais rouler avec Stéphanie qui m’annonce 15 minutes avant que son vélo est cassé. Du coup, elle m’envoie une photo du Sun. Elle me dit : je viens quand même ? Je fais : bah oui, c’est pas grave, on va rigoler.

Stéphanie : J’ai essayé de changer les roues. Ça ne roulait pas. Je suis rentrée chez moi. C’était l’heure de partir. Et du coup, j’ai pris mon petit vélo de ville avec le panier.

Mathilde : Donc, on a roulé doucement au soleil et on a passé un bon moment entre copines. Et on est contentes de retrouver tout le monde à l’arrivée.

Du coup, moi, c’est Anne-Laure. C’est ma première Alley Cat, je ne pensais pas la faire du tout aujourd’hui. Merci Nono de m’avoir embarqué dans le délire. C’était très chouette de faire en deux personnes pour démarrer, c’est cool. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre, je ne connaissais pas trop le principe non plus.

Mathilde : Est-ce que tu as trouvé ça dangereux par contre ?

Peut-être un peu, mais… mais non ça va en vrai la circulation y en a pas trop.

Mathilde : Je n’emmènerai pas quelqu’un non plus qui est novice dans le vélo. Sur les Alley Cat faut quand même un peu savoir rouler en ville parce qu’il faut anticiper chaque croisement parce que c’est quand même une course un peu de vitesse d’orientation. Donc il y a quand même pas mal de feux rouges qu’on grillent. En fait, il faut avoir les réflexes du vélo qui ne sont pas innés et qui s’acquièrent en roulant. Et du coup, je trouve que c’est bien de faire des Alley Cat pour débutants. Mais débutant, débutant, je pense que ce n’est pas adapté non plus. Mais je trouve que ça reste quand même quelque chose quand on n’est pas trop dans le vélo, d’un peu dangereux en ville. Tout là, il fait beau et tout, donc il y a full vélo, il y a full piéton sur les quais et tout. Il faut quand même être alerte à notre environnement. Mais c’est trop cool de ramener des gens qui n’osent pas se lancer dedans, ramener plus de meufs, c’est trop cool. Mais il faut quand même être conscient de ce qui nous attend. Je trouve qu’en général, dans le vélo, ça manque un peu de meufs sur beaucoup de sorties. Ça dépend des groupes, mais il y a quand même une grosse commune à Lyon de vélo.

Il y a pas mal de groupes et je sais qu’il y a des groupes dans lesquels les meufs n’osent pas trop se lancer parce qu’il y a beaucoup de mecs, que ça envoie un peu, que… Les Alley Cat, souvent, ça fait un peu peur aux meufs. Là, c’est cool, il commence à y avoir de plus en plus de filles, parce que tout le monde s’entraîne un peu, et j’ai l’impression qu’il y a de plus en plus de filles depuis qu’on les roule de plus en plus à deux. Avant, les Alley Cat, c’était très solitaire, et les filles se chauffent beaucoup à rouler à deux, et du coup, c’est trop cool, parce que ça ramène plein de meufs. Bah en fait ce n’est pas tant, je pense que ce n’est pas un milieu de mecs, c’est un milieu mixte mais que les filles n’osent pas se lancer dedans et je trouve ça frustrant parce que c’est adapté à tout le monde.

Et en plus ce qui est cool c’est qu’il y a quand même une différenciation à la fin d’un podium fille, un podium mec. Et je pense que c’est important de garder cette différenciation de podium parce que scientifiquement on n’a pas les mêmes capacités en tant que femme et en tant qu’homme. Donc c’est cool de différencier à la fin qui est vraiment… Ce truc de, il y a la team gagnante des meufs et la team gagnante des mecs. Et de pas tout mélanger. C’est cool que les mecs aussi encouragent. Moi, j’ai plein de potes mecs qui encouragent les meufs à venir et c’est cool. Mais c’est sûr, si j’étais la seule meuf, je pense que je prendrais aucun plaisir à rouler au milieu de mecs. Plus il y a de meufs et plus c’est cool. Mais il ne faut pas qu’il n’y ait que des meufs non plus. Il faut que ce soit vraiment juste un équilibre pour tout le monde. C’est chouette, venez rouler des Alley Cat. En plus, c’est le printemps, il va faire beau ! »

 

Merci à toutes celles et ceux qui ont participé par leurs témoignages ou leurs conseils. Merci à l’artiste Isqar et à Capi pour la musique, en espérant que ça vous ait plu.

 

Voir aussi :

Ateliers vélo le Chat Perché, les chemins des communs

“Salut, ça roule ?” Épisode 1 sur 4 : la critical mass, la rue à deux roues

“Salut, ça roule ?” Épisode 2 sur 4 : les Alley Cat, explorons la ville !