“Le jour du lion ailé” est l’une des histoires présentées dans le livre du même nom, écrit par Silo en 1991. Pour beaucoup, cette histoire est un récit de science-fiction divertissant. Pour beaucoup d’autres, c’est aussi une source d’innombrables enseignements qui anticipent un avenir déjà présent. Certains de ces enseignements se reflètent dans les dialogues directs des personnages. D’autres sont suggérés par des allégories ou des descriptions d’un avenir dystopique dans certains cas, mais plein d’espoir dans d’autres.

Depuis REHUNO Santé, nous souhaitons partager quelques-uns de ces enseignements, axés et traduits dans la perspective particulière de la nécessité d’humaniser le bien-être et la santé pour toutes les personnes, indépendamment de leur lieu de résidence ou de leur condition économique. Pour ce faire, nous proposons d’analyser certains des « messages » que nous rencontrons dans les dialogues de l’histoire, et de les mettre en relation avec des situations, et des données actuelles, de la réalité sociale.

Dans cette première note, nous nous concentrons sur un dialogue, presque à la fin de l’histoire, qui dit:

« Bonjour, Madame Walker.

– Bonjour, Monsieur Ho.

– J’imagine que vous avez vu le rapport de ce matin. Oui, bien sûr. Je suppose aussi que pour le rapport quotidien, vous avez décidé d’influer sur le thème des colonies planétaires.

– En effet, Monsieur Ho, c’est ainsi. Personne sur cette Terre ne fera un quelconque effort, jusqu’à ce que l’on en ait fini avec la monstruosité qui admet qu’un seul être humain soit au-dessous des niveaux de vie dont nous profitons tous.

– Que cela me fait plaisir de vous entendre, Madame Walker. Que cela me fait plaisir ! (1) »

Quel enseignement se reflète dans ce simple dialogue ? Comment pouvons-nous le relier aux situations actuelles de la société mondiale ?

Tout simplement. Rappelons et comparons quelques données sur les dépenses mondiales en recherche planétaire, et pire encore en armement, avec les ressources nécessaires pour résoudre, par exemple, un problème basique dans le monde :

Le coût approximatif d’une mission spatiale actuelle sans pilote vers Mars, y compris la préparation et le développement, est de plus de 2 milliards de dollars selon la NASA (Rover Perseverance, 2020, 2.7 milliards ; Rover Curiosity, 2011, 2.5 milliards).

Si l’on considère les dépenses de la dernière décennie, ce chiffre s’élève à environ 6 milliards de dollars.

Parallèlement, selon les dernières études de l’ONU, l’éradication de la faim d’ici 2030 nécessiterait environ 267 milliards de dollars par an, ce qui représente environ 3 000 milliards de dollars en 10 ans.

Conclusion 1 : Avec environ 50 % des ressources économiques consacrées aux missions spatiales réalisées au cours des dix dernières années, il serait possible d’éradiquer en dix ans la faim dans le monde qui touche aujourd’hui des centaines de millions de personnes sur notre planète.

Plus monstrueuse encore est la comparaison avec les dépenses en armement : 

Dépenses totales en armements au cours de la dernière décennie : 22,3 milliards de dollars (source : Stockholm International Peace Research Institute – SIPRI).

Conclusion 2 : le coût annuel de l’éradication de la faim dans le monde serait d’environ 0,3 milliards de dollars. Cela représente moins de 0,5 milliards de dollars, alors que les dépenses militaires mondiales s’élèvent à 2,24 milliards de dollars. En d’autres termes, la faim dans le monde pourrait être potentiellement éradiquée avec moins d’un sixième des dépenses militaires mondiales annuelles !

Ainsi, ces dialogues futuristes de la « Journée du lion ailé » peuvent également être traduits en actions et propositions concrètes pour la vie actuelle :

À quoi bon s’émerveiller de l’envoi d’un vaisseau spatial sur Mars si, à quelques milliers de kilomètres de ce lancement, des millions de personnes sont en train de mourir de faim et ne bénéficient pas des conditions de santé minimales les plus élémentaires ? Quelle est notre priorité en tant que société  ?

Nous ne nions pas l’importance du progrès scientifique et technologique, mais ce progrès doit s’accompagner de priorités éthiques et humaines qui placent tous les êtres humains sur un pied d’égalité de chances, et leur développement comme valeur la plus élevée. Ce n’est qu’ainsi que nous serons en mesure de parler de « développement humain » !

Bien entendu, la comparaison avec les dépenses d’armement n’admet aucune qualification, puisque les dépenses de guerre reflètent les valeurs de l’anti-humanisme le plus absolu et le mépris de la vie. Nous nous concentrons aujourd’hui sur les dépenses spatiales parce qu’elles semblent passer inaperçues face aux besoins humains les plus élémentaires.

Nous terminons ce premier article de la série par un paragraphe du livre « Lettres à mes amis » qui résume cette idée :

« Si l’on considère tout en fonction de la santé et de l’éducation, les problèmes économiques et technologiques très complexes de la société actuelle pourront être traités dans un cadre correct. Il nous semble qu’en procédant à l’inverse, on ne pourra parvenir à former une société capable d’évoluer. »(2)

Utopie ?… Peut-être, mais à REHUNO Santé nous aspirons à devenir une « Utopie en marche ! »

Dans les prochains articles de cette série, nous aborderons d’autres « messages » de ce merveilleux récit, “Le jour du lion ailé”.

 

Notes

(1)  Livre “Le jour du lion ailé”, écrit par Silo. Disponible en fichier ICI, en livre ICI.

(2) Livre “Lettres à mes Amis”, Lettre 7. Disponible en fichier ICI, en livre ICI.

 

Traduit de l’espagnol par Ginette Baudelet