L’icône de la théorie féministe queer, Judith Butler, s’est exprimée sur les horribles décrets signés par Donald Trump, mais a souligné l’importance de la réaction collective et de la création d’un monde également libre.
Dans un article écrit pour The Guardian, Judith Butler a spécifiquement expliqué que nous devons nous concentrer sur la stratégie globale de l’administration Trump au lieu d’exprimer notre choc à chaque horrible déclaration, à chaque politique répréhensible et à chaque décret potentiellement illégal.
« Il n’a jamais été aussi important d’éviter d’être captivé par son obscénité et de se concentrer sur la façon dont les problèmes sont liés », écrit Judith Butler.
« Dans chaque cas, Trump fait une déclaration comme une démonstration de force, testant si elle peut être promulguée… L’accumulation du pouvoir autoritaire dépend en partie de la volonté du peuple de croire au pouvoir exercé. Dans certains cas, les déclarations de Trump sont destinées à tâter le terrain, mais dans d’autres cas, l’affirmation scandaleuse est sa propre réussite. Il défie la honte et les contraintes légales afin de démontrer sa capacité à le faire, ce qui démontre au monde un sadisme éhonté. »
Judith Butler a expliqué que le blitz médiatique sur chaque moment scandaleux de la présidence Trump est, à bien des égards, l’essentiel. Son « sadisme » a imprégné la culture américaine, Trump et ses partisans se délectant de l’indignation des libéraux.
Judith Butler a parlé d’une « célébration commune et contagieuse de la cruauté » et a déclaré que « l’attention qu’elle suscite dans les médias alimente cette célébration sadique. »
Ils veulent que « cette parade de rage réactionnaire et de défi soit connue de tous », a-t-iel déclaré, ajoutant que « c’est pourquoi il ne nous sert plus à rien de simplement dénoncer cette hypocrisie ».
« Il n’y a pas d’aspect moral à supprimer. Non, la demande du public de mettre en évidence la moralité du dirigeant est inversée : ses partisans sont ravis de son mépris de la moralité et le partagent. »
Judith Butler a prévenu que les actions de M. Trump sont conçues pour nous paralyser par la colère et que plus nous nous attardons sur chaque décret sévère ou proposition horrible, plus nous cédons de pouvoir.
Bien que nous ayons le droit d’être indignés, a-t-iel déclaré, « nous ne pouvons pas laisser cette colère nous envahir et bloquer notre esprit. C’est le moment de comprendre les passions fascistes qui alimentent cette tentative éhontée de pouvoir autoritaire.”
« Ceux qui louent son défi et son sadisme font appel à sa raison, tout comme ceux qui sont paralysés par la rage », a conclu Judith Butler.
« Il est peut-être temps de se détacher de ces passions pour voir comment elles fonctionnent, mais aussi pour trouver nos propres passions : le désir d’une liberté égale – d’une égalité qui mette en pratique les promesses démocratiques – d’imaginer un monde dans lequel le gouvernement soutient la santé et l’éducation pour tous, et où nous vivons tous sans peur, sachant que nos vies interdépendantes sont tout aussi précieuses. »
Traduction, Evelyn Tischer