Introduction
Des changements mondiaux massifs se produisent en ce moment même, alors que vous lisez ces mots. Ces changements, qui ne sont pas correctement rapportés dans la presse occidentale, vont avoir un impact majeur sur la plupart des aspects de la vie de quiconque lit cet article. Le but de cet article particulier est de fournir une sorte de signal d’alarme, un avertissement sur ce qui se prépare dans un avenir proche afin de faciliter une réflexion et une action productives plutôt que stressées et réactionnaires. Pour cette raison, son ton peut paraître un peu direct, un peu alarmiste, peut-être même un peu apocalyptique à certains lecteurs. Rassurez-vous, cet article est un texte plein d’espoir. Il est certainement anti-apocalyptique. Considérez cet article comme un « oui » crié dans un champ qui est par ailleurs largement constitué de « non ».
La cause du scepticisme occidental
Dans la première partie de cette série, j’ai parlé de la seule option cohérente centrée sur le cœur et la tête pour nous en tant qu’individus et en tant que citoyens de nos pays respectifs : progresser vers la paix et la réconciliation en nous-mêmes et avec nos voisins du monde.(1) J’ai également parlé d’une voie d’opportunité très réelle qui s’est présentée récemment. Une image cohérente et loin d’être impossible (à ce stade) d’un avenir dans lequel les nations du monde, au lieu de se faire concurrence et de entre-tuer, travaillent ensemble et s’entraident.
Sans surprise, cette image de coopération mondiale a été accueillie par une partie de mes lecteurs avec un fort scepticisme et dans quelques cas, avec des rires. La raison pour laquelle je dis que ce scepticisme était attendu est que les deux dernières décennies de propagande ici en Occident au sujet de presque toutes les nations qui ne se sont pas conformées aux diktats du « capitalisme » néolibéral de changement de régime étasunien ont été implacablement unilatérales et caricaturales.(2)
En conséquence, une grande partie des étasuniens et de nombreux Européens considèrent aujourd’hui à tort des pays comme la Chine, l’Iran et la Russie, pour n’en citer que quelques-uns, comme des ennemis impérialistes totalement antidémocratiques, incapables de coopérer avec d’autres pays et déterminés à nous priver de notre liberté. S’il ne fait aucun doute que les pays mentionnés ci-dessus ont leurs problèmes, l’idée selon laquelle ce sont eux et non les États-Unis qui résistent à la coopération et qui ont affiché des visées impérialistes est clairement fausse.(3)
En fait, jusqu’à présent, au XXIe siècle, ce sont les États-Unis qui ont été ouvertement impérialistes et d’une violence sans précédent dans leur tentative de renverser et de conquérir des pays partout dans le monde. Ce sont les États-Unis qui ont tué des millions de civils innocents au cours de leurs nombreuses guerres, invasions et invasions par procuration au cours des 23 dernières années.(4) La Chine, la Russie et l’Iran, en revanche, n’ont pas participé à de telles invasions, à l’exception de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui a commencé en février 2022. Ajoutez à cela le fait que la majeure partie du monde s’accorde désormais à dire que l’invasion de la Russie était une mesure militaire de protection instiguée par les États-Unis sur une période d’au moins 10 ans.(5)
Les populations étasuniennes et européennes doivent prendre conscience de ceci, dès maintenant
Au cours des deux dernières années et demie, j’ai documenté la chute régulière de l’hégémonie étasunienne et la croissance quasi exponentielle des BRICS, une alliance économique et militaire mondiale de pays qui représente plus de la moitié de la population mondiale et environ la moitié du PIB mondial. En fait, au cours du mois dernier, la coalition des BRICS a ajouté 9 nouveaux pays partenaires à sa liste de nations partenaires s’allongeant rapidement.(6)
D’un autre côté, l’alliance économique occidentale, le G7, qui s’est concentrée sur le maintien et la prolifération de la domination économique et militaire étasunienne au cours des 30 dernières années, est désormais dans un processus de déclin constant.(7) Tout indique maintenant que ce processus de déclin ne va pas s’arrêter. En fait, selon toute vraisemblance, ce déclin va se poursuivre jusqu’à ce qu’un effondrement économique majeur se produise, très probablement au cours de la décennie en cours, d’ici 2030.
Jusqu’à présent, la presse occidentale a fait de son mieux pour minimiser et dans certains cas falsifier les faits très bien documentés que je viens de mentionner. Le fait que les BRICS se développent et que ses pays membres prospèrent alors qu’une majorité des pays occidentaux se dirigent vers la récession et le déclin industriel n’est pas sujet à débat. (8) Afin de faire face à cette situation, qui nous attend que nous le voulions ou non, nous devons y faire face. Nous devons sortir du domaine du déni si nous voulons avoir une chance de faire face à ce qui nous attend de manière cohérente et compétente.
Le temps approche bientôt pour les États-Unis
Le temps approche bientôt où il commencera à devenir clair que l’alliance des pays BRICS va dépasser l’alliance occidentale du G7 dirigée par les États-Unis en tant que contingent économique et militaire. Cette prise de conscience se fera très probablement dans l’esprit des masses sans méfiance par le biais d’une série de ralentissements économiques rapprochés (dans le temps) accompagnés d’inflation puis de récession.
Ces « surprises » économiques seront très probablement accompagnées d’une touche de plaisirs psychosociaux, c’est-à-dire d’incidents de violence apparemment improvisés, dont profiteront ceux qui se trouvent des deux côtés des couloirs du pouvoir, l’un rouge, l’autre bleu. Ces protecteurs du système désormais dominé et contrôlé par des milliardaires tenteront alors de diviser et de manipuler les factions politiques habituelles dans des directions contraires à la coopération communautaire et dans une direction qui protège leurs intérêts, les intérêts des ultra-riches, aux dépens des citoyens dont ceux qui sont au pouvoir sont censés être les protecteurs.
En effet, tout cela deviendra de plus en plus confus jusqu’à ce que les factions bleues et rouges opposées jusqu’ici manipulées se rendent compte que c’est seulement en nous unissant que nous commencerons à nous sortir de notre problème commun.
L’Europe aussi doit prendre des décisions importantes
En Europe, ce changement radical va probablement prendre des tournures encore plus surprenantes et à un rythme encore plus rapide. Par exemple, en février prochain, des élections auront lieu en Allemagne (la nation économique la plus puissante d’Europe). Si l’extrême droite et/ou l’extrême gauche prennent le pouvoir, il y a de fortes chances que l’Allemagne soit la première nation européenne à quitter l’OTAN au XXIe siècle.(9) Si cela se produit, cela pourrait très bien être le début d’une série de sorties de l’OTAN dans la région.
En conséquence, la Turquie a manifesté son intérêt pour rejoindre la coalition des BRICS, bien qu’elle n’ait pas mentionné qu’elle quitterait l’OTAN. Le fait est que ce genre de possibilités et de décisions aurait été impensable il y a trois ans, avant le début de l’énorme « Bolt to BRICS » [la course pour BRICS] en 2023.(10) Tout indique que ce genre d’annonces va se multiplier dans les mois et les années à venir, à mesure que les BRICS continuent de gagner en puissance et en influence en tant que force économique et en tant que partenariat de prêt offrant de meilleurs taux, avec moins de complications, à ses clients que les États-Unis.(11)
Un choix entre intelligence et stupidité
Dans les mois/années à venir, et probablement au cours de cette décennie, les États-Unis vont être confrontés à un choix : soit ils tenteront d’empêcher par la force les changements déjà immenses et exponentiellement accélérés qui balayent la planète, soit ils reconnaîtront la futilité de s’attaquer au raz-de-marée de l’intention mondiale de passer d’un ordre mondial unipolaire de domination étasunienne à un ordre mondial multipolaire de coopération entre les nations.
Je vous laisse, lecteur, décider lequel de ces deux choix est intelligent et lequel est stupide. Dans la troisième partie de cette série d’articles, nous approfondirons le sujet personnel, la manière dont nous pouvons utiliser cette période de « crise » comme une opportunité de croissance plutôt que comme une opportunité de régression.
CITATIONS:
1- https://www.pressenza.com/fr/2025/01/la-possibilite-reelle-dune-paix-sur-terre-au-21e-siecle-premiere-partie/
2- https://www.cfr.org/in-brief/why-us-ramped-its-information-war-russia
3- https://news.cgtn.com/news/2023-02-21/How-the-U-S-becomes-the-most-warlike-nation-through-military-hegemony-1hBzikNAnG8/index.html
4- https://www.statista.com/chart/20699/estimated-number-of-deaths-in-selected-warzones/
5- https://www.jeffsachs.org/newspaper-articles/wgtgma5kj69pbpndjr4wf6aayhrszm
6- https://ceoworld.biz/2024/12/26/brics-expands-its-global-influence-as-nine-new-partners-join-in-2025/
7- https://worldinsight.info/the-shift-of-global-power-brics-over-g7/
8- https://news.cgtn.com/news/2024-04-19/Why-the-G7-has-become-a-declining-political-club-1sU2dIwLkqs/p.html
9- https://www.thetimes.com/world/europe/article/germany-should-pull-out-of-nato-says-leader-of-far-right-afd-579dnl9j0
10- https://apnews.com/article/turkey-brics-developing-economies-erdogan-foreign-policy-15a2428e73e804732085f78b9c5c3c50
11- https://www.youtube.com/watch?v=zLDu3AWAakE
Traduction de l’anglais, Evelyn Tischer