Cette année Tel-Jeunes, un organisme qui vient en aide via un système téléphonique aux adolescents au prise avec des situations difficiles et de la détresse psychologique au Québec, a observé que de plus en plus d’enfants âgés de seulement 6 ans ont demandé de l’aide.

Selon Annie Papageorgiou, directrice de Tel-Jeunes: de plus en plus d’enfants téléphonent et expliquent leurs problèmes allant jusqu’aux pensées suicidaires. 

Selon les données du journal La Presse, plus de 1000 enfants d’âge primaire, entre 6 et 11 ans, ont sollicité l’aide de Tel-jeunes au cours des 12 derniers mois. C’est trois fois plus qu’avant la pandémie de COVID-19.

En 2024, sur 30 000 demandes de jeunes, plus de 12 000 concernaient la santé mentale, dont 4500 étaient liées à des pensées suicidaires. La proportion de demandes par rapport au suicide a presque doublé en cinq ans, et cette tendance continue de s’accentuer. (La Presse)

Pourtant il existe des moyens pour soutenir le développement des capacités morales des enfants et des jeunes afin qu’ils puissent apprendre à gérer leurs états d’anxiété et d’angoisse. 

En 2012, les responsables du programme le Défi Non-violent ont participé aux consultations publiques sur l’intimidation à l’école organisées par le Ministère de l’Éducation du Québec dans le cadre du projet de loi 56 sur l’intimidation. 

À cette époque, les responsables du programme avaient souligné dans un mémoire déposer lors des consultations publiques, l’importance de mieux saisir comment se développe la violence dans la société, afin de répondre adéquatement à l’augmentation de l’intimidation chez les jeunes. 

Le programme le Défi Nonviolent avait fortement suggéré à la ministre de l’éducation du Québec d’aller au-delà de la prévention à la violence et de soutenir les jeunes dans l’acquisition de rôles et d’activités qui leur permettraient de développer une force morale. 

Les responsables du programme avait proposé à la ministre d’envisager le déploiement d’un programme d’éducation intégrale à la non-violence Active.

Voici un résumé du mémoire présenté en 2012 à l’Assemblée Nationale du Québec

Afin de mieux saisir les comportements inappropriés des enfants intimidateurs, des victimes et des témoins nous devons commencer à les observer à partir du moment sociétal actuel. À partir du temps social dans lequel grandissent et se développent les enfants. En effet, malgré les bonnes intentions des parents, les mesures pour prévenir la violence à l’école il faut reconnaître que les facteurs culturels, sociaux, économiques, religieux et environnementaux qui se dessinent dans le paysage social et global amènent une influence directe sur les perceptions et sensations des enfants. De plus, il est généralement convenu que c’est à partir des sensations, des perceptions, des codes moraux et des expériences personnelles que les enfants, une fois devenus des jeunes, structurent leurs représentations du monde. Autrement dit, si les enfants et les jeunes sont différents de ce que nous étions à leurs âges c’est parce qu’ils vivent différemment et qu’ils se développent à un autre moment. Si les enfants et les jeunes perçoivent le monde différemment, c’est parce qu’ils le voient et le vivent différemment malgré le fait que nous sommes tous immergés dans le même moment sociétal. Si nous souhaitons aider les enfants à « se » sortir de la violence nous devons avant tout comprendre comment se développe la violence. La violence est une bête alimentée par la peur, l’anxiété et l’insécurité. La violence est systémique et globale, et se présente un peu partout dans la société sous différentes formes. (Source: mémoire du Réseau International Humaniste et du Défi Non violent déposé à l’Assemblée Nationale du Québec, 2012, consultations publiques sur le projet de loi 56 sur l’intimidation à l’école)

Ainsi plus, la peur sociale grandit, plus les malaises et les tensions psychologiques sont grands et se répandent à travers la population et surtout chez les enfants. Au fil des événements sociaux et individuels difficiles et tragiques, le sentiment d’insécurité se traduit par la peur et l’angoisse qui s’installe dans la vie des populations. Plus les enfants et les jeunes vivent des expériences violentes en tant que témoins, agresseurs ou encore en tant que victimes, plus ils risquent de développer des réponses violentes lors des moments difficiles qu’ils vivront. Ces réponses peuvent se traduire par l’angoisse, la panique, le renfermement sur soi, la dépression, le suicide où encore par l’explosition de gestes violents.

Quelques constats décrivant la situation actuelle (en 2012 lors du dépôt du mémoire):

Le premier constat: la reconnaissance du moment actuel: «la violence est présente dans tous les secteurs de la société, il n’existe pas de fausses solutions à la violence».

Le deuxième constat: malgré les bonnes intentions des parents et les mesures mises en place par les écoles et par les intervenants locaux, nos enfants vivent des expériences directes avec la violence, ils peuvent être «témoins, victimes ou encore prédateurs». Ils apprennent la «violence».

Le troisième constat: Nos enfants grandissent et se développent dans un paysage culturel et social qui propose la violence comme moyen de résolution à leurs problèmes, à leurs conflits personnels et interpersonnels.

Le quatrième constat: Nous sommes confrontés à la croyance que la non-violence n’est pas possible au sein d’un monde violent – donc fréquemment les mesures proposées par les institutions sont préventives ou pire répressives. Pourtant selon le traité Séville rédigé par plusieurs scientifiques, la violence n’est pas un caractère inné de l’être humain, mais «intégrer» à la culture, à une manière «être» et de «faire». (UNESCO, Traité Séville 1989).

Le cinquième constat: Les parents bénévoles, le personnel enseignant et les directions d’école qui travaillent à «prévenir la violence» se sentent souvent dépassés par la situation actuelle et recherchent des réponses efficaces pour obtenir des effets à court, moyen et long terme. 

Le sixième constat: Pour le citoyen et le parent, la crise actuelle est caractérisée par un processus social et culturel perçu comme étant trop grand, trop rapide et hors de contrôle de la citoyenneté.

De plus en plus de parents et de citoyens expérimentent la perte de références traditionnelles ou encore de références morales. Finalement, plusieurs en viennent à croire que la répression est le meilleur moyen de contrer la violence.

Les facteurs qui maintiennent la violence:

Pour «se» sortir de la violence et aider les jeunes à sortir de la violence il est nécessaire, selon nous, d’observer les facteurs qui maintiennent la violence:

Facteurs personnels: Tensions, le manque de confiance, les impulsions, les compulsions, les frustrations, les mémoires douloureuses, les contradictions, l’absence de sens dans la vie

Facteurs relationnels: l’individualisme, la compétitivité, le ressentiment, l’isolement, le manque de communication dans la famille, les fragmentations sociales

Facteurs du système global: la déshumanisation des valeurs sociales, les modèles de bonheur impossible à atteindre, le culte de la personnalité, l’injustice sociale, les déséquilibres mondiaux, les guerres, l’armement de destruction massive, le nucléaire, la pauvreté.

 

À propos du Défi Nonviolent

Le programme le Défi Non-violent a été mis sur pied en 2011, ce programme vise essentiellement à sensibiliser et outiller les élèves aux pratiques de la nonviolence Active. Le programme a permis à plus de 20,000 élèves à travers le Québec, en France et en Irlande de participer à des activités et des ateliers sur les pratiques de la nonviolence Active.

Le Défi propose le développement de rôles qui responsabilisent les jeunes et les enfants et leur permet de développer une force morale à travers des gestes et des actions de soutien vers des jeunes ailleurs dans le monde qui vivent des problématiques reliées aux conflits armés. 

Par ailleurs, suite à la pandémie et faute d’appui du Ministère d’Éducation du Québec et de plusieurs intervenants, les activités du Défi ont été considérablement réduites au fil des dernières années.