Emprisonné au Groenland depuis cinq mois, le fondateur de l’ONG Sea Shepherd, Paul Watson, a été libéré par la justice danoise. Il était menacé d’extradition au Japon pour ses actions contre des navires baleiniers.

Attendue depuis de longs mois, la nouvelle est tombée mardi 17 décembre : après 149 jours de détention, Paul Watson est enfin libre, a annoncé Sea Shepherd sur X. Le gouvernement du Danemark a tranché et refuse son extradition au Japon. Le fondateur de l’ONG de défense des océans va pouvoir rentrer en France, où sa famille est installée.

Paul Watson a été interpellé le 21 juillet au Groenland — territoire rattaché au Danemark — suite à une notice rouge d’Interpol émise en 2012. À l’époque, l’équipage Sea Shepherd menait en Antarctique une opération de lutte contre les navires japonais qui continuent la chasse aux baleines, malgré le moratoire de la Commission baleinière internationale, qui bannit depuis 1986 le commerce des cétacés.

Quatre recours rejetés avant la libération

Pour interrompre cette activité, l’équipage du fondateur de Sea Shepherd a eu recours à la « non-violence agressive », qui prône de harceler frontalement les braconniers sans recourir à la violence physique. Concrètement, en 2010, l’équipage a diffusé de la musique classique à plein volume, envoyé des cordages sous les hélices des navires-harpons et jeté de la peinture rouge ainsi que des boules puantes à base d’acide butyrique, un composant inoffensif. Or, pour les autorités japonaises, celles-ci auraient causé des brûlures au visage d’un pêcheur. Des accusations diffamatoires, selon Paul Watson et sa défense, qui déclarent que les marins se seraient blessés de leur propre chef.

« La procédure a pris plus de temps que prévu et espéré »

Depuis son incarcération à la prison de Nuuk, au Groenland, le défenseur des baleines a vu sa détention prolongée à six reprises et quatre recours rejetés. L’homme de 74 ans risquait de finir ses jours en prison à des milliers de kilomètres de sa famille, installée en France depuis environ un an. « La procédure a pris plus de temps que prévu et espéré, compte tenu de l’intérêt du public pour cette affaire », dévoile à Libération le cabinet du ministre de la Justice danois, Peter Hummelgaard.

Agnès Pannier-Runacher, ministre démissionnaire de la Transition écologique, « salue la libération de Paul Watson », et lui « souhaite un bon retour parmi les siens ». Une posture jugée hypocrite par l’opposition, compte-tenu de la défense par le gouvernement français de la pêche au chalut, dévastatrice pour les fonds marins. « La posture du gouvernement est en totale incohérence avec la réalité. C’est du bluewashing [greenwashing appliqué aux mers et aux océans] », déclarait en septembre à Reporterre l’eurodéputée de La France insoumise Emma Fourreau.

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