Selon la mairesse de Montréal, le gouvernement du Québec doit réaliser que l’itinérance « explose partout » dans la province. Au cours des derniers jours, les responsables de la Ville de Montréal ont demandé au gouvernement de débloquer des ressources afin d’éviter des tragédies à l’approche de l’hiver.
Ce n’est pas juste à Montréal que ça explose l’itinérance. Ça explose partout au Québec», a déclaré la mairesse de Montréal Valérie Plante, à la suite d’une rencontre du comité exécutif.
Tout cela survient alors qu’en début de semaine, trois secteurs du campement longeant la rue Notre-Dame ont été démantelés. Ce mercredi, deux incendies survenus sur le site du campement ont d’ailleurs forcé l’intervention des pompiers de Montréal. Il reste actuellement quelques tentes dressées à une quinzaine d’endroits sur le site, qui fait environ 3,5 kilomètres de long. (La Presse)
Selon Chantal Montmorency, directrice générale de l’Association québécoise des personnes en situation d’itinérance: « ces actions sont loin de résoudre les problèmes et aggravent la vulnérabilité des personnes concernées en forçant les individus à se déplacer constamment, en brisant leurs réseaux de soutien communautaire, en exacerbant les problèmes de santé mentale et physique, et en marginalisant davantage des populations déjà exclues, criminalisant leur survie ».
Montmorency explique comment cette manœuvre constitue une violation des droits humains, en particulier le droit au logement et à la dignité.
Les démantèlements de campements sont d’ailleurs dénoncés comme violations des droits des personnes concernées par le Bureau de la défenseure fédérale du logement, qui recommande plutôt de mettre fin aux expulsions forcées des campements et mettre en place des alternatives élaborées à la suite d’un véritable dialogue avec les résidents des campements et ainsi connaître leurs besoins tels qu’ils et elles les identifient.
D’ailleurs, sur la plateforme X hier, la défenseure s’est dite préoccupée par le démantèlement du Campement Notre-Dame et a demandé au Ministère des transports et de la mobilité durable et à la Ville de Montréal, de ne pas démanteler.
Les organismes en itinérance ont demandé aux différentes instances de se rétracter immédiatement et de ne pas démanteler. Plus largement, ils demandent un moratoire sur les démantèlements ainsi qu’un support technique pour toutes les personnes qui y résident faute d’alternative, c’est-à-dire une collecte de déchets, un accès à des installations sanitaires ainsi qu’un soutien du SIM pour pouvoir se chauffer sécuritairement.
Les coûts des logements à Montréal en hausse
L’augmentation du nombre de personnes en situation d’itinérance à Montréal n’est pas un hasard mais est essentiellement dû à la rareté des logements et à l’augmentation fulgurante du coût des logements au cours des dernières années.
À Montréal, ce sont 17 000 ménages qui sont pratiquement dans la rue parce que leur situation économique est précaire et ils risquent de basculer dans l’itinérance d’un moment à l’autre, a expliqué la mairesse.
Sur le territoire de Montréal, 142 645 ménages sont locataires, tout comme 373 000 de ménages à travers le Québec. Ces ménages paient plus de 30 % de leur revenu pour se loger avec un revenu médian annuel d’environ 24 000$. Le manque de logements sociaux aggrave cette précarité et contribue à l’explosion de l’itinérance.
Les logements sociaux sont une véritable mesure structurante pour lutter contre la crise du logement, ont récemment rappelé les organisations de défense du droit au logement. Les associations de défense du droit au logement du Québec appellent le gouvernement fédéral à réserver les terrains appartenant à des institutions publiques, ou encore des sites de la banque de terrains, pour répondre aux besoins des locataires à faible et modeste revenu qui peinent à se loger décemment.