Le Bangladesh est un pays multiethnique où des populations de toutes identités religieuses, raciales, culturelles et linguistiques vivent en harmonie. L’harmonie religieuse est une tradition millénaire de la culture bengalie. Dans ce pays majoritairement musulman, l’hindouisme est établi comme la deuxième religion la plus importante et rassemble 10 % de la population, qui compte également un bon nombre de bouddhistes et de chrétiens. Depuis des siècles, ces communautés coexistent et contribuent à un même héritage social et culturel. Diverses festivités telles que l’Aïd el-Fitr, Durga Puja, Noël, et Bouddha Purnima sont toutes célébrées avec autant d’enthousiasme, transcendant les frontières religieuses et créant un sentiment partagé d’identité nationale.

Par Akib Rahman Shanto

Le Bangladesh est particulièrement connu pour son harmonie communautaire, qui doit être préservée. Son peuple est une union de religions, castes et tribus différentes, en cohabitation pacifique. L’environnement solidaire entretenu sur les terres du Bangladesh est un remarquable exemple de fraternité. Les populations hindoues et les musulmanes du pays coexistent paisiblement depuis plusieurs siècles, entretenant ainsi la diversité de la société et de la démocratie bangladaises. Cependant, ces dernières années, plusieurs actes violents ciblant des groupes minoritaires ont été constatés, souvent incités par des rumeurs sur les réseaux sociaux. Dans un tel contexte, il convient de se pencher sur la riche tradition de l’harmonie communautaire du Bangladesh, aujourd’hui remise en question.

L’harmonie communautaire du Bangladesh

Ce concept implique que des personnes de religions, castes, principes, genres et milieux différents vivent au sein d’une même société, dans l’amour et la paix. Une nation ainsi formée cherche à entretenir la solidarité et la bienveillance entre des communautés hétéroclites, et à encourager une éthique de coexistence que leurs valeurs culturelles et religieuses inspirent et consolident. Toutefois, préserver cette harmonie communautaire requiert un effort permanent. Les gouvernements successifs doivent faire face aux défis posés par les pouvoirs radicaux et par les influences extérieures qui cherchent à troubler cet équilibre. Pour y faire barrage, le Bangladesh a plusieurs fois réaffirmé son engagement envers la laïcité, la tolérance religieuse et l’inclusivité, afin de construire une société dans laquelle l’extrémisme et le sectarisme n’ont pas leur place.

De plus, l’harmonie communautaire est le propre de la démocratie au sein d’un pays gouverné par un État de droit. La politique de tolérance zéro contre le militantisme et l’extrémisme violent, appliquée par le gouvernement bangladais, a conduit à un renforcement de la cohésion et de la tolérance au sein du pays. Les festivités de Durga Puja, le festival religieux le plus important pour les Bengalis hindous, se sont étendues sur tout le territoire. Selon l’association Bangladesh Puja Udjapan Parishad, la puja y sera célébrée dans 32 666 mandapas permanents ou temporaires en 2024, dont 257 à Dacca. En 2016, on comptait plutôt 29 395 mandapas au total, dont 229 à Dacca. C’est à l’harmonie entre les hindous et les musulmans, parmi d’autres confessions, que le Bangladesh doit cette augmentation notable du nombre de puja pandals.

Malgré tous ses progrès, le pays se retrouve également confronté à des enjeux qui mettent sa cohésion en péril. Divers incidents de violence communautaire, d’intolérance religieuse et de persécution des minorités ont menacé de fracturer le pays à plusieurs reprises. De tels événements, bien qu’isolés, confirment l’importance de la vigilance et des mesures préventives pour protéger le tissu social de la nation. Ils rappellent à cette dernière tous les efforts qu’elle doit déployer afin de valoriser le dialogue interreligieux et les initiatives de renforcement communautaire. Il convient de noter que le gouvernement a souvent pris des mesures pour apaiser les tensions communautaires en favorisant le dialogue interconfessionnel et la tolérance religieuse.

L’harmonie communautaire du Bangladesh doit être préservée

Bien que la paix soit une valeur primordiale pour toutes les religions, rien n’empêche certains opportunistes politiques de faire passer leurs intérêts personnels avant tout le reste et de tirer profit de la dévotion religieuse des autres. Dans l’ombre, ces vautours attisent la rancune et l’animosité envers les groupes minoritaires, afin de provoquer une éruption de violence entre les musulmans et les hindous. Une société fracturée est une société vulnérable et facilement manipulable par ses opposants, qu’ils soient internes ou externes. Les groupes d’intérêt ne se privent pas de la déstabiliser et d’y entretenir les conflits, car ils se délectent des eaux troubles de la grogne sociale.

86 % des personnes interrogées dans le cadre d’une récente enquête pensent que la désinformation, notamment sur les réseaux sociaux, a de graves conséquences sur la violence communautaire au Bangladesh. Les plus grandes menaces contre l’harmonie bangladaise sont probablement les rumeurs qui ont déjà causé de multiples attaques contre des temples. Pendant les festivités religieuses, des fanatiques et extrémistes ont répandu des rumeurs sur les réseaux sociaux, faisant croire à des actes de blasphème qui ont scandalisé les citoyens ordinaires. Ces derniers ont réagi avec violence en s’attaquant aux minorités. L’attaque contre la communauté bouddhiste à Ramu en 2012, celle contre la communauté hindoue à Cumilla en 2021, et les incendies de Nasirnagar en 2016 ne sont que quelques exemples d’incidents qui ont mis à rude épreuve les coutumes millénaires de la région du Bengale. Pour éviter tout autre accroc, le gouvernement compte renforcer la sécurité lors des événements religieux et installer des caméras de surveillance afin de superviser les lieux en continu.

En dépit de toutes les tensions communautaires que le Bangladesh a subies, son histoire, sa culture, et les efforts de nombreuses organisations dévouées sont un gage que la préservation de cette harmonie est, encore et toujours, une priorité. Pour une stabilité et une paix durables, il reste essentiel de promouvoir la tolérance, l’égalité des droits et le dialogue entre différents groupes religieux. Des organisations de société civile, des chefs religieux et des activistes ont mis en place  diverses initiatives visant à protéger les droits des minorités et à favoriser l’inclusivité. À cet égard, beaucoup de mobilisations populaires s’investissent dans l’éducation, les échanges culturels et la résolution des conflits. Afin d’endiguer la violence, il est crucial d’encourager un journalisme responsable et de remédier aux discours haineux et à la désinformation, en particulier sur internet.

L’harmonie communautaire est d’une importance capitale dans tous les pays multireligieux. Au-delà d’un idéal, c’est une nécessité pour le progrès et la stabilité du Bangladesh. Le pays est fort de sa diversité, et c’est en accueillant celle-ci à bras ouverts, avec tolérance, respect et compréhension mutuelle, qu’il lui est possible de construire une société soudée. Malgré tous les obstacles, le Bangladesh a prouvé sa résilience et son engagement à concilier ses diverses communautés. En inspirant un esprit d’unité dans l’adversité et en persévérant sur la voie du développement durable et de la paix, le pays peut servir de modèle à ses voisins et au reste du monde. Le futur de cette nation dépend de l’effort collectif de tous ses citoyens, unis dans l’objectif de protéger les principes d’harmonie, d’égalité et de justice.


Akid Rahman Shanto, étudiant en Master au Département des Relations Internationales de l’Université de Dacca.

 

Traduit de l’anglais par Julie Réthoré