Jeffrey Sachs, professeur à l’Université de Columbia, lors d’une table ronde relativement récente sur les questions géopolitiques entourant les guerres et les mouvements militaires (septembre 2024), a déclaré que nous sommes à son avis très proches d’une guerre nucléaire et que nous avons besoin que les superpuissances se distancient physiquement les unes des autres en se déclarant neutres ou en respectant les accords de neutralité de certains pays – clé pour la paix internationale. Voici, en détail, ses propos et la vidéo du panel en anglais, à partir du All-in Podcast et de TheWorld_2080.
@theworld_2080 China is not Threat to the United Stated : Jeffery Sachs || We are Close to Nuclear War || Russian don’t want US and NATO military on their border usa china russia ukraine mexico #geopolitics politics nato all-inpodcast
« Je crois fermement que la Chine ne constitue pas une menace pour les États-Unis. Et je crois profondément que la seule menace pour les États-Unis et le monde à l’heure actuelle, compte tenu de la taille de notre pays, de nos océans et de notre armée, est une guerre nucléaire. Je crois fermement que nous sommes proches d’une guerre nucléaire. Parce que nous avons un état d’esprit qui nous pousse dans cette direction.
Nous pensons que tout pose un défi à notre survie et que, à cause de cela, l’escalade est toujours la bonne approche. Ce que je veux dire, c’est qu’un peu de prudence pourrait sauver la planète entière. C’est pourquoi je n’aime pas ce qui se passe en Ukraine : parce que je ne vois aucune raison au monde pour que l’OTAN soit à la frontière entre la Russie et l’Ukraine.
J’étais conseiller de Gorbatchev et d’Eltsine. Ils voulaient la paix et la coopération. Mais quoi que ce soit que certains pensent qu’ils voulaient, ce qui est certain, c’est qu’ils ne voulaient pas de l’armée américaine à leurs frontières. Par conséquent, si nous continuons à pousser, comme nous le faisons, nous en arriverons à la guerre.
[…] Maintenant nous sommes en guerre et même ce matin il y a une plus grande escalade. Si les Iraniens fournissent ces missiles, alors nous fournirons des missiles pour frapper profondément en Russie, telle est la recette. Nous avons Bill Burns, le directeur de la CIA, qui a dit la semaine dernière des absurdités – il sait que ce sont des absurdités -, mais vous savez, les directeurs de la CIA ne disent jamais la vérité, s’ils le font, ils perdent leur emploi. Il a dit : « ne vous inquiétez pas de la guerre nucléaire, ne vous inquiétez pas des menaces ouvertes ».
Mon conseil est d’être très inquiet d’une éventuelle guerre nucléaire et d’être prudent. Nous n’avons pas besoin de placer l’armée américaine aux frontières de la Russie. Et mon conseil à la Russie et au Mexique – je vais au Mexique demain et je vais leur donner ce conseil : ne laissez pas la Russie ou la Chine établir une zone militaire dans le Rio Grande, ce n’est pas une bonne idée pour le Mexique. Ce n’est pas du tout une bonne idée pour l’Ukraine. Tout cela n’est pas une bonne idée pour la Russie, ni pour la Chine, ni pour les États-Unis.
Nous avons besoin d’être un peu à l’écart physiquement les uns des autres afin d’éviter une guerre nucléaire.
Mon conseil important à ce sujet est de reconnaître d’abord que la Chine ne constitue pas une menace pour la sécurité des États-Unis, qu’il existe de grands océans, des armes nucléaires puissantes et dissuasives, etc. Deuxièmement, nous n’avons pas à nous retrouver face à face avec la Chine ; qu’est-ce que je veux dire par là ? Nous n’avons pas besoin de déclencher une Troisième Guerre mondiale à cause de Taïwan.
C’est une question complexe, mais ce serait la chose la plus stupide imaginable pour laquelle mes petits-enfants mourraient. Cela me fâche chaque jour quand nous jouons à ce jeu. Nous avons trois accords avec la Chine qui stipulent que nous n’interférerons pas et nous ne devrions pas interférer et alors la Chine n’aurait aucune raison de faire la guerre non plus.
La Chine, d’un point de vue économique, permettez-moi de le répéter, car on m’a demandé hier et ils ont été un peu surpris, on m’a demandé : était-il bon de laisser la Chine entrer dans l’Organisation mondiale du commerce ? Et j’ai répondu – mais bien sûr, cela vous a tous enrichis, cela m’a enrichi, cela a enrichi ce pays, cela a enrichi le monde y compris la Chine. C’est normal. La finance n’est pas un jeu à somme nulle, nous sommes tous d’accord là-dessus.
Je crois que la sécurité ne doit pas non plus être un jeu à somme nulle. On peut garder les pays un peu éloignés les uns des autres. La Chine ne passe pas son temps à se plaindre du fait que les États-Unis sont l’hégémon de l’hémisphère occidental. Ce n’est pas ce qu’ils font. Faire tomber la puissance américaine dans l’hémisphère occidental n’est pas ce qui les intéresse le plus ».
Traduction, Evelyn Tischer