Ce mercredi 15 novembre, les agriculteurs et la société civile manifestaient une fois de plus face au Berlaymont, bâtiment symbolique d’une Europe aux intérêts décidément de plus en plus commerciaux au détriment d’une vision sociale et éco-responsable.

Ils étaient une centaine, paysans et activistes déterminés, venant d’Italie, de France, d’Espagne, de Turquie, de Stockholm, de Belgique, d’Amérique latine.  De nombreux médias étaient également présents, pour relayer la voix du monde paysan : il faut refuser tout accord Mercosur. 

Nous parlons avec Hugues Falys, cet agriculteur belge qui a assigné en justice TotalEnergie pour responsabilité dans le dérèglement climatique. Il est à présent porte-parole de la FUGEA (*) et nous explique posément qu’il s’agit d’une manifestation destinée à rappeler à l’Union européenne que la mobilisation est plus que jamais d’actualité.  Les paysans et la société civile sont bien décidés à faire respecter une vision de l’agriculture durable, respectueuse de la terre et solidaire envers les agriculteurs. S’ils ne sont pas entendus, d’autres manifestations auront lieu, partout en Europe, prévient-il.

Hugues Falys, porte-parole FUGEA

Jean, jeune agriculteur français nous résume : « cet accord va mettre sur le marché des produits dont on a pas besoin, cultivés par des pays hors Europe, qui n’ont pas les mêmes contraintes« . Il confirme : cet accord commercial, tout comme ceux proposés par la PAC (Politique Agricole Commune) depuis 2019 sont fondamentalement injustes et non-solidaires.  Ils ne peuvent être aménagés ; ils doivent être refusés. Il faut revenir à l’origine du sens de la PAC, nous précise-t-il,  qui est celle de réguler les marchés et de proposer par exemple des subventions pour compenser le coût élevé des productions de petites fermes locales. Aujourd’hui, ces subventions servent  la production industrielle qui bénéficient de mécanismes inadaptés.

Jean, jeune agriculteur de France, avec ses compagnons de Belgique

Il faut dire, continue-t-il, que l’Europe reste dans une vision néo-libérale où il est plus important de vendre des voitures que de se soucier de ce que l’on mange et du climat !

Voici les revendications des associations manifestantes vis-à-vis des institutions européennes :

  • Mettre fin aux accords de libre-échange et à la concurrence déloyale, en arrêtant définitivement les négociations sur l’accord UE-Mercosur.
  • Ajouter par une procédure accélérée l’achat de produits agricoles à des prix inférieurs aux prix de production à la liste noire de la directive sur les pratiques commerciales déloyales. Les prix payés aux agriculteur·rices doivent couvrir les coûts de production.
  • Réguler les marchés via l’organisation commune des marchés (OCM) de la PAC afin de garantir des prix minimums, des prix minimum d’entrée pour les importations et une régulation des volumes.
  • Garantir un budget suffisant et une répartition équitable des aides de la PAC pour permettre une transition viable vers l’agroécologie et les pratiques durables.

En fin de compte, les agriculteur·rices ont besoin de prix équitables et de conditions leur permettant de produire des denrées alimentaires pour nourrir la population, et non de nouveaux paiements compensatoires. Par cette approche, la Commission européenne prouve simplement aux agriculteur·rices qu’elle n’a pas l’intention d’honorer les promesses faites cette année pour répondre à leurs préoccupations ; au lieu de cela, elle continuera à les traiter comme s’ils étaient sans importance ou idiots, en poussant un agenda néolibéral sans se soucier du nombre d’agriculteur·rices qui le subiront au prix de leurs moyens de subsistance ou de leur vie.

Nous l’aurons compris, cette lutte nous concerne tous, « mangeurs » comme producteurs, au nord comme au sud de la planète. 

Prochaine date-phare : le 27 avril 2025, Manifestation à Bruxelles pour exiger de nouveaux mécanismes européens justes et solidaires.

Pour plus d’informations sur les accords :

www.viacampesina.org

Pour connaître les prochaines manifestations : www.eurovia.org