Objectifs à atteindre

Le Cadre mondial pour la biodiversité compte 23 objectifs mondiaux pour une action urgente. Ils doivent être atteints cette décennie, d’ici 2030. Les actions prévues dans chaque objectif doivent être mises en œuvre de manière cohérente, en conformité avec la Convention sur la diversité biologique (CDB) et les protocoles correspondants.

« Le contexte de la biodiversité biologique nous mène actuellement à réfléchir précisément sur ce qui se passe aujourd’hui durant la COP16. L’agenda des États est en marche, et les positions des peuples autochtones sont également en marche, en négociation, avec, comme toujours, de grands défis et menaces », a déclaré Florina López, du Réseau latino-américain des Femmes Autochtones pour la Biodiversité.

Les États membres s’engagent à affronter la destruction de la nature, au profit de la biodiversité. Ils s’engagent également à assurer aux peuples autochtones et aux communautés locales une représentation et une participation complète, juste, inclusive, effective et prenant en compte le genre, dans la prise de décisions ainsi que dans l’accès à la justice et à l’information liée à la biodiversité.

Ces mécanismes doivent respecter leurs cultures et leurs droits sur les terres, territoires, ressources et connaissances ancestrales, et être accessibles aux femmes, aux filles, aux garçons, aux jeunes et aux personnes en situation de handicap. Aussi, une protection complète des défenseurs et défenseuses des droits humains dans les affaires liées à l’environnement doit être assurée.

Garantir l’égalité de genre dans les accords sur la diversité biologique

Les parties prenantes du Cadre ont le devoir d’assurer l’égalité de genre dans son application, avec une approche qui prenne en compte la question du genre. Il est essentiel que toutes les femmes et les filles aient une égale opportunité et capacité à contribuer aux trois objectifs de la Convention, et que soient reconnus leurs droits et un accès équitable à la terre, aux ressources naturelles et à un réel développement professionnel.

Pour les femmes autochtones, il est indispensable d’obtenir une participation et un leadership équitables, significatifs et informés à tous les niveaux d’action, d’engagement, de formulation des politiques et de prise de décision liée à la diversité biologique.

Elles considèrent que la COP16 doit mettre en œuvre un mécanisme multilatéral, pour garantir une participation juste et équitable concernant les bénéfices issus de l’usage numérique de l’information génétique.

La rencontre de femmes autochtones est un appel à l’action et une opportunité pour construire un futur durable pour toutes les générations, et en particulier pour que les États prennent des engagements pour inclure les revendications des femmes autochtones dans les accords adoptés lors de la COP16.

Selon la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPAL), l’Abya Yala compte une population de 660 269 100 habitants, dont 58 180 000 appartiennent à un peuple autochtone, ce qui représente 9,8 % de la population totale de la région.

Les peuples autochtones, qui ne représentent que 5 % de la population mondiale, jouent un rôle fondamental de gardiens d’une riche diversité culturelle, et de protecteurs de 80 % de la biodiversité qui reste encore sur la planète. Leurs savoirs traditionnels et leur profonde compréhension de la biodiversité sont fondamentaux pour la conservation et l’usage durable de la nature.

Dans ce contexte, le rôle des femmes autochtones est d’une importance vitale, car elles transmettent des savoirs sur les écosystèmes de génération en génération, et développent des initiatives de conservation qui intègrent les valeurs culturelles et les systèmes de gouvernance traditionnels.

« Nous faisons partie de la nature, nous lui appartenons, nous sommes un de ses éléments. Nous avons l’obligation de la préserver et de la respecter, car nous sommes celles qui pâtissent des conséquences de sa destruction, et si nous n’apprenons pas à la protéger, tout le monde souffrira. Nous, les femmes autochtones, sommes les véritables gardiennes de la biodiversité, nous veillons sur les semences et sur les savoirs concernant le soin aux territoires et aux communautés », selon Ceiça Pitaguary, secrétaire nationale de gestion environnementale et territoriale autochtone du Brésil.

Les terres des peuples autochtones abritent divers écosystèmes, allant de forêts et zones humides à des montagnes et zones côtières. Souvent, ces peuples promeuvent des pratiques durables, comme l’agroforesterie et la rotation des cultures. Étant gardiennes de savoirs sur la gestion des ressources naturelles, les femmes autochtones sont porteuses de savoirs déterminants pour la conservation de la biodiversité et pour s’adapter au changement climatique ou l’atténuer.

« Nous avons besoin d’unité, de solidarité et d’agir collectivement pour être écoutées et pour obtenir un espace qui permette d’apporter des solutions qui répondent effectivement aux crises », a affirmé Joan Carling, directrice de Indigenous Peoples Rights International (IPRI).

Des défis pour la COP16

L’article 8J établit que « sous réserve des dispositions de sa législation nationale, [chaque partie] respecte, préserve et maintient les connaissances, innovations et pratiques des communautés autochtones et locales qui incarnent des modes de vie traditionnels présentant un intérêt pour la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique et en favorise l’application sur une plus grande échelle, avec l’accord et la participation des dépositaires de ces connaissances, innovations et pratiques, et encourage le partage équitable des avantages découlant de l’utilisation de ces connaissances, innovations et pratiques ».

« Si l’organe subsidiaire permanent n’est pas adopté par cette COP, que perdure le groupe 8J tel qu’il est. Car nous voulons que le groupe 8J se maintienne, parce que c’est un espace dans lequel nous avons le droit de participer. C’est le seul groupe qui nous reconnaît comme parties prenantes de ces négociations officielles », selon Florina López, coordinatrice du Réseau latino-américain des Femmes Autochtones pour la Biodiversité.

 

Traduction de l’espagnol au francais, Héloïse Deydier