Les archives visuelles du bombardement atomique d’Hiroshima se composent de 1 532 photographies et de deux films faits à Hiroshima entre le 6 août et la fin décembre 1945 par des citoyens directement touchés par le bombardement atomique, ainsi que par des photographes de journaux et d’agences de presse japonais et par ceux qui accompagnaient des équipes de recherche scientifique. Les photographies documentent un large éventail de conséquences de l’utilisation d’armes nucléaires, notamment la ville réduite à l’état de ruines, les victimes gravement brûlées et les effets des radiations sur le corps humain.

Les photos et les films représentent des sources primaires définitives qui documentent les conséquences du bombardement atomique sur le terrain, du point de vue des victimes et de leur entourage. Compte tenu de la rareté des appareils photo au Japon à l’époque et du chaos sans précédent qui régnait immédiatement après le bombardement atomique, le fait que ces images existent est d’une valeur inébranlable. Elles existent encore aujourd’hui grâce à la détermination des photographes qui ont résisté aux pressions exercées par les autorités militaires japonaises et américaines pour détruire ces preuves visuelles.

Les photographies sont divisées en trois périodes. La première est constituée de photos du 6 août 1945, le jour du bombardement atomique, du nuage en forme de champignon pris au niveau du sol et des citoyens touchés. Ces photos représentent des images rares de la ville en flammes et des citoyens blessés dans un chaos sans précédent. Elles ont été prises depuis le sol par des personnes qui ont elles-mêmes vécu le bombardement atomique et ont échappé de peu à la mort, étant donné qu’elles se trouvaient à ou près d’Hiroshima au moment de l’explosion de la bombe atomique.

La deuxième période est constituée de photos prises depuis le lendemain du bombardement atomique jusqu’à un mois plus tard. Elles montrent Hiroshima immédiatement après sa destruction et les blessures causées par les brûlures et les radiations. Bien qu’il y ait peu de photos du chaos extrême qui régnait dans la ville dévastée le 6 août, l’équipe d’enquête de l’armée impériale japonaise, les photographes et les reporters des journaux et des agences de presse extérieurs à la préfecture d’Hiroshima ont commencé à pénétrer dans la ville le lendemain, prenant des images du centre-ville en ruines près de l’hypocentre, des citoyens gravement brûlés et des opérations de sauvetage dans des situations où il était difficile de soigner les blessés et d’effectuer des opérations de sauvetage. Les photos montrent également des victimes souffrant de symptômes aigus d’exposition aux radiations immédiatement après le bombardement. Les images, d’une grande qualité documentaire, ont été prises avant que le United States Strategic Bombing Survey Team [équipe des États Unis pour la recherche sur les bombardements  stratégiques] et d’autres groupes n’arrivent à Hiroshima et ne prennent leurs nombreuses photos.

La troisième période est constituée de photos prises entre un mois après le bombardement atomique et la fin de l’année 1945 et donne un aperçu de la destruction et des effets des radiations. Les survivants souffraient des premiers symptômes des radiations de la bombe A.

On a estimé que, à la fin du mois de décembre 1945, le nombre de victimes du bombardement atomique d’Hiroshima était de 140 000 personnes (avec une marge d’erreur de ± 10 000). Cette collection de documents témoigne d’un large éventail de conséquences de l’utilisation d’armes nucléaires, notamment la ville réduite à l’état de ruines, les victimes gravement brûlées et les effets des radiations sur le corps humain.

Plus de 2 000 essais nucléaires ont été effectués depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Neuf pays possèdent encore plus de 12 000 armes nucléaires. Ce que les photos et les films de ces archives visuelles nous rappellent, c’est que cette réalité de la bombe atomique ne reste pas dans le passé. Ces images constituent un patrimoine qui ne doit jamais être perdu pour personne dans le monde entier, afin qu’elles puissent nous aider à comprendre les horreurs des bombardements atomiques et à répondre à la détermination commune de l’humanité à faire en sorte que l’expérience ne se répète jamais.

Le Chugoku Shimbun est un grand journal japonais basé à Hiroshima. Les archives visuelles du bombardement atomique d’Hiroshima (photographies et films) ont été sélectionnées pour le programme « Mémoire du monde » de l’UNESCO.

 

Traduit de l’anglais par Evelyn Tischer