Dans le contexte actuel marqué par des guerres insensées qui infligent souffrances et destructions à des populations innocentes, la nécessité de rompre le silence par l’art s’est imposée. C’est de ce besoin qu’est née l’idée d’un documentaire musical qui retrace la vie de Nicolò Paganini, né à Gênes en 1742 et mort à Nice en 1840, universellement reconnu comme le plus grand violoniste de l’histoire. Au centre du film, produit par Alveare Cinema et dont le scénario soigné est signé Paolo Bianchini, Luca Bianchini et Paola Rota, se trouve l’histoire du légendaire violon de Paganini, construit en 1743 par le célèbre luthier Giuseppe Guarneri del Gesù. Paganini, fasciné par la puissance sonore de son instrument, le baptisa « mon canon ».

Par Federica Brogna | United States of Italy

La voix de la culture contre le vacarme des armes

Le 21 septembre 2024 marquera la Journée internationale de la paix, une occasion créée par les Nations unies pour promouvoir la paix dans le monde. Cette année, plus que jamais, il est crucial que la voix de la culture internationale s’élève haut et fort contre le vacarme des armes. C’est dans cette optique qu’un projet inspiré du film « The Peace Cannon » [Le canon de la paix] voit le jour avec l’objectif ambitieux de construire un réseau mondial de personnalités du monde de la culture qui peuvent contribuer à la réalisation d’une utopie : un monde différent, construit sur l’harmonie entre les peuples, contre la violence, les armes et les guerres. Ce réseau veut grandir chaque jour et s’adresse aux musiciens, poètes, écrivains, philosophes, acteurs, cinéastes, chanteurs, scientifiques et à tous ceux qui peuvent contribuer à la diffusion d’un message de paix. Le pouvoir de la culture, dans son expression multiforme, est un outil puissant pour contrer la haine et la violence et pour promouvoir la solidarité entre les peuples.

À cette date, le « canon » de Paganini sortira de son sanctuaire du Palazzo Tursi pour lancer un appel au monde de la culture internationale. Poètes, écrivains, philosophes, acteurs, metteurs en scène, chanteurs et artistes en tout genre seront invités à offrir un message de paix. En ce jour où les armes continuent de tonner, la musique et la poésie se présenteront comme un langage universel de fraternité, la culture comme la seule arme contre la guerre. L’histoire nous enseigne qu’en de nombreuses occasions, le pouvoir émotionnel de la musique a permis de transformer des ennemis en frères.

Le violon de Paganini dans un film entre musique, mémoire et collaborations prestigieuses

Parmi les premières entités à s’associer à cette initiative figurent des institutions de grande importance internationale. Le documentaire sera également présenté au Cinema Art Center de New York, renforçant ainsi le pont culturel entre l’Italie et les États-Unis, deux nations unies par une passion pour les arts et la culture. Cette projection internationale souligne l’ambition du projet d’atteindre un public mondial et d’inspirer des réflexions profondes sur le rôle de la culture dans la promotion de la paix. Des organisations environnementales telles que le Kyoto Club et Connect4Climate [Connectez-vous pour le climat] ont également apporté leur soutien, soulignant l’importance d’unir la lutte pour la paix à la lutte pour la défense de l’environnement. Ces partenaires démontrent que le projet est capable d’unir des forces diverses dans une cause commune, en rapprochant l’engagement pour la paix et la protection de notre planète.

L’objectif est clair : construire un grand réseau de voix dignes de confiance, provenant de tous les coins du monde, capables de parler de la paix, de l’environnement et de l’harmonie mondiale. Un réseau qui peut grandir chaque jour et qui, grâce à l’apport de chacun, peut atteindre de plus en plus de personnes, pour construire ensemble un avenir meilleur, où la culture triomphe de la violence et où la paix remplace la guerre.Cette initiative représente non seulement un appel à l’action, mais aussi un message d’espoir pour tous ceux qui croient qu’un monde différent est possible. La paix est un droit pour tous et, grâce à la culture, nous pouvons faire en sorte qu’elle devienne une réalité partagée et durable.

L’utopie de la paix par l’art

Paolo Bianchini, connu pour son engagement en faveur des enfants qui lui a valu le titre d’ambassadeur de l’UNICEF en 2002, a eu une carrière riche et variée dans le cinéma et la publicité. D’abord assistant réalisateur sur une soixantaine de films avec des maîtres du cinéma italien comme Luigi Zampa, Mario Monicelli et Sergio Leone, il a ensuite coécrit des films comme « Les sept hommes en or » et “At any cost” [ À n’importe quel prix ]. Sa carrière de réalisateur l’a conduit à des films cultes comme « Hipnos » et « Devil’s man story » [Devilman le diabolique], qui ont été cités par des réalisateurs tels que Quentin Tarantino et David Cronenberg. Après une longue période dans la publicité, où il a réalisé quelque deux mille spots publicitaires pour de grandes agences internationales, Bianchini est revenu au cinéma en 1997 avec « The Big Oak » [Le Grand Chêne], un film qui a reçu de nombreuses récompenses.

Un aspect important du projet a été la participation de Rai Documentari, sous la direction de Fabrizio Zappi, un producteur expérimenté et sensible. Fabrizio Zappi a joué un rôle crucial dans l’élaboration de la vision de Paolo Bianchini, en coordonnant le tournage et en veillant à ce que chaque détail reflète l’intention de promouvoir la paix par le biais de la culture. Sa contribution a rehaussé le documentaire, le transformant en une œuvre qui allie engagement civique et qualité artistique, témoignant de l’importance du service public dans le soutien de projets à valeur sociale et culturelle.

Le tournage s’est déroulé dans des lieux évocateurs tels que Cefalù et le Teatro Massimo de Palerme, sélectionnés pour leur fort impact visuel et historique. Ces lieux ont non seulement fourni une toile de fond visuellement fascinante, mais ont également ajouté une profondeur émotionnelle qui a contribué à souligner le message de réconciliation du film.

Le jeune violoniste Samuele Palumbo, avec son talent et sa passion extraordinaires, est devenu le cœur du documentaire. Ses interprétations des partitions complexes de Paganini ont non seulement donné vie à la musique, mais ont également incarné l’esprit de paix et d’espoir que le film vise à transmettre. Palumbo, avec les conseils avisés de Bianchini, a contribué à créer une œuvre qui parle au cœur des spectateurs, leur rappelant le pouvoir unificateur de la musique. Samuele incarne parfaitement l’espoir de la nouvelle génération. Son talent et son engagement montrent que les jeunes ne sont pas de simples spectateurs, mais des acteurs clés dans la construction d’un monde plus juste et plein d’espoir.

L’attention des médias s’étant déjà portée sur le film, l’attente de sa sortie sur Rai 3 et de sa projection à New York est palpable. « The Peace Cannon » n’est pas seulement un hommage à la musique de Paganini, mais aussi un appel à l’action, un appel à croire qu’à travers la beauté et l’art, nous pouvons effectivement construire un monde meilleur.

La magie de la musique entre histoire et futur

Au centre d’une scène floue, une vitrine se dévoile lentement, révélant un violon légendaire : le Cannone  [canon] de Paganini, fabriqué en 1743 par le célèbre luthier Guarneri del Gesù. Le violon, que Niccolò Paganini appelait « mon Canon », malgré son nom guerrier, est un symbole du pouvoir expressif de la musique, capable d’embrasser et de transformer les contradictions humaines. Cette puissante métaphore est explorée par Alberto Giordano, un luthier renommé chargé de l’entretien de l’instrument, et Samuele, un jeune garçon talentueux de 13 ans, premier violon de l’orchestre des garçons du Teatro Massimo de Palerme.

L’intrigue du film se déroule autour du processus de création d’une réplique du “Cannone”, une tâche que Giordano entreprend sous l’œil attentif de Samuele, en utilisant des outils et des techniques datant des années 1700. Tandis que les mains habiles du luthier donnent vie au nouveau violon, le récit tisse les histoires de plusieurs personnages emblématiques qui réfléchissent à la capacité de la musique à surmonter les barrières culturelles et sociales.

Arnoldo Mondadori, par exemple, crée un atelier de lutherie dans une prison, où des violons sont fabriqués à partir du bois des bateaux de migrants naufragés au large de Lampedusa. Cette initiative extraordinaire associe l’art de la lutherie à un puissant message de renaissance et d’espoir. Le philosophe Vito Mancuso explore le vaste univers des émotions humaines à travers la musique, offrant une perspective profondément spirituelle sur l’harmonie universelle. Le célèbre violoncelliste Mario Brunello accompagne ces réflexions de son instrument, soulignant l’importance de la musique comme vecteur de paix. Enfin, Renzo Arbore, après une vie consacrée à la musique, partage sa vision de la musique comme synonyme de fraternité et d’unité.

Le point culminant du film est l’interprétation extraordinaire du quatrième mouvement du deuxième concerto pour violon de Paganini. Samuele, jouant sur la réplique du Cannone fabriquée par Giordano, se joint aux jeunes musiciens de l’orchestre du Teatro Massimo pour un flash mob sur la place devant le théâtre, entraînant les passants dans un moment de pure magie musicale. Cette scène finale célèbre le pouvoir de la musique d’unir les gens et de transformer les contradictions de la vie en harmonie universelle.

L’anticipation de la première télévisuelle et des projections internationales est grande, et l’on est très curieux de voir comment le public accueillera ce puissant hommage à la paix et à la beauté de la musique. Le film a également été reconnu comme « film d’intérêt culturel » par le ministère  des activités et du patrimoine culturels. Le film a reçu le soutien de l’UNICEF, de Save the Children, de la Communauté de Sant’Egidio, de FGC et d’Agiscuola.

Paolo Bianchini : l’art comme force de transformation

Dans un monde trop souvent dominé par la violence et les conflits, Paolo Bianchini nous offre une vision différente, dans laquelle la culture et l’art deviennent des instruments de paix et de transformation. Le message du film, qui, à travers le “canon” de Paganini et la renaissance de la lutherie entre les mains de jeunes talents, tisse ensemble douleur et espoir, nous invite à réfléchir sur le rôle de l’art en tant que force régénératrice. L’art, selon Bianchini, n’est pas seulement un refuge, mais un puissant levier pour façonner une réalité plus juste et plus harmonieuse, où l’utopie d’un monde meilleur peut effectivement devenir concrète. Tel est la contribution du réalisateur : un appel à croire que la beauté peut encore prévaloir et que la culture peut nous guider vers un avenir pacifique.

 

Traduction, Evelyn Tischer

L’article original est accessible ici