A différentes reprises, les chanteurs et artistes de la Scala ont fait entendre leurs voix pour dénoncer des situations de violence et d’injustice (*). Quentin, lecteur de Pressenza, nous propose de reprendre les évènements marquants de l’histoire de la Scala de Milan.
Opéra de renommée internationale, la Scala de Milan attire les mélomanes du monde entier, mais aussi de nombreux touristes chaque année. Riche en histoire, ce monument a vu naître de nombreux classiques de l’opéra et du ballet. Il a aussi été le théâtre de plusieurs événements notables depuis le 18e siècle. Voici ce qu’il faut retenir de l’histoire de la Scala de Milan.
La construction de la Scala
La Scala de Milan a été construite en deux années seulement par l’architecte italien Giuseppe Piermarini, suite à l’incendie du théâtre ducal. La Scala tire son nom de l’endroit choisi pour sa construction : le site de Santa Maria della Scala, une église bâtie au 14e siècle sous l’impulsion de la reine Beatrice della Scala.
La Scala a été inaugurée le 3 août 1778 en présence de l’archiduc Ferdinand d’Autriche, membre de la maison des Habsbourg-Lorraine et fondateur de la lignée de Habsbourg-Este. Pour l’ouverture, Son Altesse Royale a pu assister à l’opéra Europa Riconoscuita de Salieri, et au ballet Appolo Placato de Canziani.
Par son style néoclassique, le bâtiment est très représentatif des tendances architecturales de l’époque. Les visiteurs sont souvent surpris par cet aspect extérieur à la fois austère et minimaliste… Mais l’admiration les submerge toujours lorsqu’ils entrent et peuvent enfin admirer la salle de concert, avec ses sièges et ses rideaux de velours rouges si caractéristiques.
Il faut dire aussi que lors de sa construction, le théâtre était situé dans un contexte différent : la Piazza della Scala ne fut construite qu’en 1858… La Scala a donc été conçue avec une perspective oblique et non pas frontale.
Pour en savoir plus sur l’architecture et l’histoire de la Scala de Milan, n’hésitez pas à lire ce guide proposé par le site Bonjour Milan.
Un témoin de l’évolution de la musique mondiale
Au début, la Scala n’était pas le théâtre majeur que l’on connaît actuellement. Rien qu’à Milan, elle était encore en concurrence avec le Teatro Carcano et le Teatro Dal Verme.
Mais les spectateurs ont rapidement pu s’y rendre pour assister aux premières de plusieurs opéras devenus des classiques du répertoire italien. La Scala a d’abord vu naître des œuvres de Domenico Cimarosa, célèbre compositeur italien classique. Un peu plus tard, c’est à la Scala qu’ont eu lieu les premières de Il Turco in Italia de Rossini en 1814, et de Norma de Bellini en 1831.
Mais c’est surtout Giuseppe Verdi qui a fait de la Scala ce qu’elle est aujourd’hui en y montant plusieurs opéras, notamment Nabucco en 1842, Aida en 1872, Otello en 1887, et Falstaff en 1893.
Au début du 20e siècle, Milan et sa Scala sont définitivement devenues des légendes de la musique classique et de l’opéra mondial. Il semblait évident que l’opéra Madame Butterfly de Puccini, par exemple, voit le jour à la Scala de Milan en 1904…
L’opéra fut bombardé durant la guerre en 1943 et ne put rouvrir ses portes qu’en 1946… Mais il a conservé toute son importance jusqu’à nos jours. Après-guerre, les spectateurs ont ainsi pu assister à des ballets avec Noureev ou Patrick Dupont. L’orchestre de la Scala a également eu des chefs prestigieux tels que Herbert von Karajan ou Claudio Abbado.
Parmi les grandes premières qu’a connues la Scala ces dernières années, on compte Les Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc en 1957 et Fin de Partie de György Kurtág, un compositeur hongrois contemporain encore assez méconnu du grand public, mais extrêmement réputé dans le milieu.
L’ouverture de saison de la Scala : un événement toujours observé dans le monde
Chaque année, la Scala de Milan ouvre sa saison le 7 décembre, qui est le jour de la Saint Ambroise… Et chaque année, l’ouverture de saison s’accompagne de son lot de scandales :
- En 1989, Katia Ricciarelli, célèbre soprano, a été sifflée avant même de se mettre à chanter.
- En 2006, le ténor Roberto Alagna a dû quitter la scène avant la fin du premier acte de son opéra, car il a été également sifflé.
- En 2022, des militants écologistes ont aspergé la façade de l’opéra avec de la peinture, juste avant la première représentation.
- Enfin en 2023, Sergio Mattarella, président italien, et Giorgia Meloni, chef du gouvernement, n’ont pas assisté à la première, comme la coutume le veut habituellement. En effet, la soprano russe Anna Netrebko tenait un rôle majeur dans la Don Carlo de Giuseppe Verdi qui ouvrait la saison. Or, celle-ci avait tenu des positions controversées sur la guerre en Ukraine.
(*) pour exemple :
A La Scala de Milan : action puissante contre les bombardements à Gaza