Les élections populaires sont un pilier fondamental des sociétés démocratiques modernes, car elles permettent aux citoyens de participer à la sélection de leurs représentants politiques. Grâce à ce mécanisme, les citoyens élisent les personnes qui dirigeront les institutions de l’État, lesquelles sont chargées d’établir les règles, les politiques et les lignes directrices qui régissent le fonctionnement de la société dans son ensemble. Qu’il s’agisse de la distribution des ressources, de la fourniture de services publics, de la régulation des activités économiques ou de la garantie des droits fondamentaux, les décisions prises par les institutions de l’État ont un impact direct sur la vie quotidienne des citoyens. Par conséquent, en exerçant leur droit de vote, les citoyens n’élisent pas seulement leurs représentants, mais influencent également l’organisation et l’évolution de la société.
Pour que les élections populaires soient démocratiques, il est important de répondre à certaines exigences fondamentales. Tout d’abord, la liberté d’expression doit être garantie, ce qui permet aux candidats et aux citoyens d’exprimer leurs idées et leurs opinions sans crainte de représailles. En outre, le processus électoral doit être transparent, avec des règles claires et des mécanismes de contrôle indépendants pour garantir l’intégrité des résultats. Tous les candidats et partis politiques doivent avoir la possibilité de faire campagne, sans avantage injuste ni discrimination. En outre, il est essentiel qu’il n’y ait pas de manipulation ou de fraude à tous les stades du processus, depuis l’inscription des électeurs jusqu’au décompte des voix.
Un autre aspect fondamental de la légitimité des élections est la séparation des pouvoirs de l’État. En d’autres termes, il doit y avoir un équilibre et une indépendance entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire, de sorte qu’aucune institution ou groupe de pouvoir ne puisse influencer indûment le résultat des élections. Si une branche du gouvernement tente de manipuler ou d’interférer dans le processus électoral, les autres branches doivent faire contrepoids, en veillant à ce que les normes démocratiques et la volonté du peuple soient respectées. Ce n’est qu’ainsi que des élections représentatives de la volonté du peuple peuvent être organisées.
Malgré les difficultés et les défauts inhérents aux démocraties représentatives, comme la possibilité que les représentants élus ne tiennent pas leurs promesses ou ne répondent pas aux attentes des citoyens, ou que les intérêts de certains groupes de pouvoir l’emportent sur le bien commun, les élections populaires restent un mécanisme essentiel pour la coexistence pacifique et le développement personnel des individus.
Ce qui se passe au Venezuela depuis de nombreuses années est grave et ne peut nous laisser indifférents. Il n’est pas acceptable que des millions de personnes aient dû quitter leur maison et leur pays en raison du niveau de crise politique, sociale et économique qui les affecte.
Malheureusement, les élections du 28 juillet au Venezuela ont été entachées d’irrégularités bien avant qu’elles n’aient lieu.
Premièrement, le vote électronique présente des risques de fraude plus importants que le vote conventionnel, qui s’effectue au moyen de bulletins de vote en papier dans des urnes physiques. Si le vote électronique est choisi, c’est principalement parce qu’il y a une volonté d’accélérer le processus. En ce sens, il est nécessaire de faire la différence entre la fourniture de données fiables et la formalisation de ces données, avec un minimum de variations, afin d’enregistrer institutionnellement les personnes élues. Une réglementation qui retarde la transmission des résultats, surtout si le vote se fait par voie électronique, est injustifiable.
Deuxièmement, les conditions technologiques et infrastructurelles doivent être adéquates pour minimiser le risque de problèmes dans l’approvisionnement en électricité ou dans le système de communication. Le Venezuela est loin de satisfaire aux normes des pays développés en matière de technologies numériques. Par conséquent, la vérification par des personnes sur le lieu physique du vote est fondamentale pour que les élections soient légitimes et crédibles.
Troisièmement, et en rapport avec ce point, les hôtes, c’est-à-dire le gouvernement qui organise l’élection, ont l’obligation de veiller à ce que le processus soit mené de manière transparente. Toutes les options politiques participantes devraient avoir la possibilité, sans entrave ni difficulté, de surveiller le déroulement de l’élection, depuis le moment où les électeurs votent jusqu’à la fermeture des bureaux de vote et au traitement des informations.
Dans la sphère politique, il est courant d’assister à des élections où les options sont fortement polarisées et confrontées à l’agressivité, voire à la violence. En 2022, Gustavo Petro a triomphé en Colombie face à un gouvernement de droite, tandis qu’au Chili, Gabriel Boric a également battu un gouvernement de droite. En Argentine, en 2024, Javier Milei a assumé la présidence après un gouvernement de gauche, et au Mexique, Claudia Sheinbaum est devenue présidente après le mandat d’Andrés Manuel López Obrador (AMLO), de la même ligne politique. Malgré ces circonstances et les tensions qu’elles génèrent, les élections dans ces pays se sont déroulées correctement, selon les procédures établies et dans le respect de la volonté du peuple.
Il est vrai que les perdants se plaignent parfois et remettent en question les résultats, mais dans ces cas, il est possible de vérifier les résultats grâce à l’existence de moyens fiables, tels que les procès-verbaux physiques, les enregistrements électroniques sécurisés et la présence d’observateurs impartiaux. Ces mécanismes rendent la falsification des résultats extrêmement difficile, voire impossible, ce qui contribue à la légitimité et à l’acceptation du processus électoral.
En revanche, la situation au Venezuela est totalement différente. Les élections du 28 juillet ont été entachées de contradictions, de défauts et d’incohérences qui ont sapé la crédibilité du processus. Le fait qu’un président en exercice cherchant à se faire réélire affirme qu’il gagnera « à l’arraché » est une indication claire du manque d’impartialité et de la menace implicite qui pèse sur la liberté de choix. En outre, la privation du droit de vote de millions de Vénézuéliens vivant à l’étranger, dont beaucoup ont été contraints de quitter le pays en raison de la crise politique, économique et humanitaire, constitue une violation flagrante des principes démocratiques.
Mais le plus scandaleux et le plus illégitime est la proclamation de Nicolás Maduro comme vainqueur avec un vote prétendument « irréversible », alors que, parallèlement, un « piratage » du système électronique a été dénoncé. Cette contradiction est absurde et soulève de sérieux doutes quant à l’intégrité du processus. Si le système électronique, censé être la base du mécanisme de vote, est attaqué et violé, comment est-il possible d’annoncer un vainqueur avec certitude ? Cette situation a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase en démontrant le manque de transparence et la manipulation du processus électoral au Venezuela.
L’élection de Maduro est une farce qui ne nuit pas seulement aux Vénézuéliens, mais qui nous affecte tous, en particulier les Latino-Américains. Ceux qui justifient les irrégularités qui ont entaché ce processus ne défendent aucune révolution ni ne protègent aucun peuple de l' »impérialisme ». Au contraire, ils soutiennent une élite qui s’est accrochée au pouvoir politique et qui a retiré le pouvoir de décision au peuple.
Le slogan « tout pour le peuple, mais sans le peuple » est ancien et provient précisément de la pensée monarchiste. Dans le monde d’aujourd’hui, une élection faussée et manipulée par un gouvernement, quelle que soit son origine, est ce que certains aiment appeler « un recul civilisationnel ».
En conclusion, les élections du 28 juillet au Venezuela sont la preuve d’un net recul en termes de démocratie et de droits de l’homme. La falsification et la manipulation du processus électoral ne peuvent être tolérées dans une société qui aspire à être juste et équitable. Il est impératif que les citoyens vénézuéliens et la communauté internationale continuent à lutter pour la restauration de la démocratie au Venezuela. La défense d’élections libres, transparentes et équitables est cruciale pour l’avenir du pays et pour la stabilité de toute la région latino-américaine.
Marcelo Rioseco