- Envoyez-moi vos fatigués, vos pauvres,
- Envoyez-moi vos cohortes qui aspirent à vivre libres,
- Les rebuts de vos rivages surpeuplés.
- Envoyez-les moi, les déshérités, que la tempête m’apporte,
- De ma lumière, j’éclaire la porte d’or !
Inscription d’Emma Lazarus sur la Statue de la Liberté
Les deux candidats se sont affrontés lors du premier débat présidentiel américain de 2024. Tous deux portaient des chemises blanches identiques et des costumes bleu marine avec des boutonières représentant le drapeau américain. L’un portait une cravate rouge, l’autre une cravate bleue. Il y avait d’autres différences, mais minimes.
La question de l’immigration a dominé le débat. L’opposant affirmait que le pays était menacé par les immigrants – des hordes maraudeuses de violeurs, de meurtriers et de malades mentaux. Ils sont la ruine de la nation. La sécurité sociale et l’assurance-maladie sont menacées par l’élément étranger. Les immigrants menaçaient les emplois des Noirs et des Hispaniques. La menace des personnes nées à l’étranger n’avait rien de bon et beaucoup de mauvais, et M. Trump estimait qu’elles devaient être expulsées en grand nombre.
Selon le Bureau du recensement américain, le pourcentage de personnes nées à l’étranger aux États-Unis a augmenté de 15,6 % entre 2010 et 2022, représentant 13,9 % de la population totale. Une personne sur sept aux États-Unis n’est pas née ici.
Certains de nos anciens présidents ont célébré le fait que nous sommes une « nation d’immigrants » :
- Ronald Reagan affirmait, “Si nous fermions la porte aux nouveaux Américains, nous perdrions rapidement notre position de leader dans le monde ».
- George H.W. Bush soutenait, “L’mmigration n’est pas juste un lien vers le passé américain, c’est aussi un pont vers l’Amérique du futur ”
- George W. Bush ajoutait, “Des gens viennent de partout dans le monde en Amérique. Leur talent, la force de leur travail et l’amour de la liberté ont aidé l’Amérique à devenir le leader du Monde.
Et le président sortant Biden n’a rien dit… , rien pour répondre aux calomnies chauvines de Trump. Pas un mot n’a été prononcé pour défendre les immigrés. M. Biden n’a pas contesté les calomnies proférées à l’encontre des immigrés et n’a pas non plus reconnu leur humanité. Au contraire, son silence – son incapacité à faire face à la complaisance de Trump pour le nativisme (nimby) – était une complicité par défaut.
Comparaison des politiques et des pratiques de Trump et de Biden en matière d’immigration
Sur la question de l’immigration, il n’y a pas eu de débat de fond le 27 juin. Si l’on creuse un peu, on constate que les pratiques politiques de l’ancien président et de l’actuel présentent plus de similitudes que de différences.
Au début du mois de juin, M. Biden a pris ce que la presse a qualifié de « mesures drastiques » (drastic crackdown) en matière d’immigration, « fermant » la frontière sud en publiant un décret interdisant partiellement les procédures d’asile. Sous la présidence de M. Biden, a observé la NPR , la frontière méridionale a été renforcée, avec davantage d’opérations militaires et de « renvois accélérés » que jamais auparavant. La NPR a conclu que « les restrictions de Biden en matière d’asile reflètent celles mises en œuvre par Trump ».
Pendant sa présidence, le president, Trump s’est servi de l’excuse de la pandémie de Covidpour requérir la mesure de santé publique controversée Titre 42 qui a permis l’expulsion de près de 400,000 personnes à la frontière et demandeurs d’asile. Malgré ses promesses de campagne pour une politique d’immigration plus humaine, Biden a poursuivi cette mesure jusqu’en mai 2023, alors que l’urgence Covid était officiellement terminée. Deux millions de personnes ont été expulsées sous Biden.
Ainsi, Biden a expulsé cinq fois plus de migrants que Trump, bien que cela reflète en partie un plus grand nombre de migrants à la frontière. Dans l’ensemble, M. Biden a été légèrement moins draconien que M. Trump, en autorisant un plus grand recours à la libération conditionnelle pour raisons humanitaires raisons humanitaire et en mettant fin à la détention de familles par l’ICE. M. Biden a également rétabli une ancienne version de l’examen de citoyenneté après que M. Trump l’ait rendue plus difficile.
Lors du débat, Joe Biden a défendu ses politiques d’immigration, affirmant que les Républicains lui avaient lié les mains. Mais comme l’a observé la chercheuse Laura Carlson depuis le Mexique, M. Biden a adopté le cadre républicain selon lequel l’immigration constitue une menace pour la sécurité nationale. Aucun des deux candidats n’a proposé de solution humaine pour les « masses blotties » à la frontière. Ils n’ont pas non plus abordé la question de savoir pourquoi tant de gens risquent tant et endurent tant de difficultés pour s’entasser à la frontière. (Attention : ce n’est pas parce qu’ils ont soif de « notre démocratie »)
Des visions alternatives sur l’immigration sont exclues
Jill Stein, candidate pressentie du Parti vert à l’élection présidentielle, a présenté un point de vue différent sur l’immigration. Exclue du débat sur CNN, elle est apparue lors d’une réunion Zoom qui a suivi l’événement principal. Jill Stein était tout à fait qualifiée pour participer au débat télévisé national, car elle sera présente sur le bulletin de vote dans suffisamment d’États pour théoriquement remporter la présidence. Mais ses positions positions sur le réchauffement climatique, la paix en Ukraine, la non-guerre contre la Chine et le génocide en Palestine auraient été à contre-courant des deux grands partis et des grands médias.
Non seulement Mme Stein a été exclue du débat, mais les démocrates tentent de l’empêcher de participer à l’élection. Voici ce qu’en dit un récent billet du parti vert : « Les démocrates nous ont infligé une action en justice pour tenter d’empêcher Jill de participer au scrutin. Ils mettent à exécution leurs menaces de nous exclure du scrutin partout et d’immobiliser notre temps et nos ressources dans des litiges frivoles ».
Si Mme Stein avait participé au débat, elle aurait mis en cause la politique étrangère américaine en tant que moteur important de l’immigration vers les États-Unis. La promotion et, dans certains cas, l’imposition par Washington d’un modèle modèle économique néolibéral,,qui ne répond pas aux besoins matériels des gens, favorisent l’immigration. L’exportation de la « guerre contre la drogue » et la sanction d’un tiers de l’humanité sont des facteurs connexes qui alimentent l’immigration.
Parmi les pays d’origine latino-américains, l’immigration en provenance du Venezuela, de Cuba et du Nicaragua a connu un pic précisément parce que ces États, qui aspirent au socialisme, ont été la cible d’un changement de régime de la part de Washington. Les mesures coercitives unilatérales imposées par les États-Unis punissent les citoyens qui ont le malheur d’avoir des dirigeants qui ne plaisent pas à Washington.
Ces mesures, appelées par euphémisme « sanctions », sont conçues pour rendre la vie misérable. Selon Alfred de Zayas, avocat international spécialisé dans les droits de l’homme et basé en Suisse, les sanctions sont utilisées par les États-Unis « pour faire chanter, intimider et brimer les États qui n’acceptent pas d’emblée l’hégémonie américaine ». Il ajoute que « les États-Unis n’ont aucun droit légal ou moral de sanctionner ou de « punir » d’autres États ».
Au Nicaragua, le journaliste John Perry observes que « le fait d’imputer les migrations à des « dictatures répressives » permet à Washington de prétendre que ses politiques aident les Nicaraguayens, alors qu’en réalité elles les appauvrissent ».
La levée des sanctions illégalles imposées par les États-Unis ne mettrait pas fin à toutes les migrations en provenance des pays concernés, mais elle permettrait de réduire la pression exercée sur la frontière américaine. Bien que Trump et Biden se soient chamaillés pour traiter les symptômes, ils n’ont apparemment rien compris aux causes de l’immigration.
L’avenir de la politique d’immigration américaine
Pour les partisans de la politique américaine, la question de l’immigration est un enjeu politique. Un récent rapport chinois sur les droits de l’homme aux États-Unis est instructif : « Les conflits politiques sont devenus une caractéristique essentielle de la politique d’immigration des États-Unis. Les politiciens ont délaissé les droits et le bien-être des immigrés, s’engageant dans des attaques les uns contre les autres sur les questions d’immigration… La question de l’immigration est ainsi tombée dans un cercle vicieux sans solution ».
La présence de Jill Stein au débat l’aurait certainement rehaussé. Vers la fin du débat, Joe Biden a marmonné – mais avec beaucoup de conviction – quelque chose à propos de son « handicap ». On aurait pu penser que le président sortant n’aurait pas abordé la question de sa compétence. Mais il s’est avéré que c’était une affaire de golf. Trump a immédiatement revendiqué ses plus grandes prouesses sur les terrains de golf. Le point positif est que le débat n’a pas porté sur le pickleball. Ils n’ont pas non plus abordé les causes ou les solutions en matière d’immigration, ce qui démontre la vacuité du débat et l’appauvrissement des choix offerts par le système bipartite en novembre.
Roger D. Harris est membre du groupe de défense des droits de l’homme Task Force on the Americas et fait partie du comité central du Peace and Freedom Party, le seul parti socialiste de Californie à être reconnu.