Avec le soutien du député humaniste Hernán Palma, le livre « Les secrets du traité de libre-échange entre le Chili et l’Union européenne », écrit par Patricio Véjar Mercado et édité par Lucía Sepúlveda Ruiz, tous deux membres de la coordination Chile Mejor Sin TLC [le Chili c’est mieux sans l’accord de libre échange], a été présenté à la bibliothèque du Congrès national du Chili le 24 juillet.

L’accord-cadre avancé avec l’Union européenne (UE) a été signé à Bruxelles par le gouvernement le 13 décembre 2023, et le parlement chilien doit maintenant examiner le projet de loi présenté par l’exécutif.

Cependant, la grande majorité des citoyens ne savent pratiquement rien de cet important accord avec l’Union européenne, car les ministères des affaires étrangères, des finances, de l’économie et de l’agriculture n’ont pas manifesté un grand intérêt pour convier les citoyens ou leurs organisations et leur expliquer les avantages ou les inconvénients que cet accord commercial apportera à notre pays.

En revanche, jusqu’à présent, ce sont les organisations réunies au sein de la Coordination Chile Mejor sin TLC qui se sont mobilisées pour connaître les détails et la portée de ce traité pour le Chili et qui se sont prononcées contre l’approbation de cet accord avec l’Union européenne. Entre autres, parce qu’il favorise les mêmes pratiques extractivistes que celles que les mouvements sociaux dénoncent depuis des années, qui provoquent des sécheresses et la migration de communautés entières qui ne peuvent pas vivre sans eau ou dans des zones contaminées.

Dans ce cas, comme le souligne la Coordination Chile Mejor Sin TLC, l’exploitation du lithium détruira des salars très étendus et des écosystèmes d’une valeur écologique incommensurable, et l’on nous annonce plus de zones sacrifiées, plus de sécheresse et moins de production agricole. Comme toujours, ces accords commerciaux favorisent les intérêts économiques des entreprises étrangères et affecteront notre propre population qui, à court ou à long terme, souffrira des conséquences de la dégradation des ressources naturelles de notre pays.

Le traité, entre autres, permettra également aux entreprises européennes d’accéder librement au marché public, créant ainsi une concurrence déloyale avec les PME nationales.

De même, « le traité permet aux investisseurs européens de poursuivre l’État chilien devant des tribunaux d’arbitrage internationaux, que le Chili doit financer chaque année, sans avoir le droit de poursuivre ces investisseurs pour des dommages environnementaux ou autres », déclare la Coordination Chili Mejor Sin TLC.

Un autre sujet de préoccupation pour l’organisation est que « les articles sur la “coopération dans la gestion des crises” inclus dans le traité impliqueront le Chili dans les opérations militaires de l’UE, et engagent du personnel militaire dans les opérations de l’UE, générant un risque sérieux d’implication directe dans les guerres en cours ou à venir. Cette alliance mettrait en péril la paix, la neutralité du Chili et sa population », soulignent-ils.

Il est évidemment très négatif que l’accord n’explicite pas ce qu’est la « gestion de crise ». Comme nous pouvons le voir dans le document intitulé « L’utilisation de la force de l’UE en dehors de ses frontières », publié par le Parlement européen, il est indiqué que l’UE est intervenue à l’étranger dans la « gestion de crise » par le biais d’unités appelées « groupements tactiques », composées de groupes de 30 à 1 500 soldats. « Depuis 2003, la PESD (politique européenne de sécurité et de défense) a été mise en œuvre pour aider à la gestion des crises militaires comme humanitaires. À cet égard, l’UE est intervenue de diverses manières dans les conflits en Bosnie-Herzégovine, en Macédoine, au Congo, en Géorgie, au Soudan, en Irak, en Indonésie, en Palestine, à Gaza, ainsi qu’à la frontière entre l’Ukraine et la Moldavie », notent-ils.

Il est nécessaire de rappeler que nombre de ces conflits, dans lesquels ils sont intervenus, avaient été préalablement provoqués par eux-mêmes par le biais de l’OTAN, des livraisons d’armes et de leurs politiques interventionnistes de domination et de « changement de régime » en collaboration avec les États-Unis.

À l’heure actuelle, il convient d’ajouter que les pays de l’Union européenne apportent un soutien militaire à Israël et au gouvernement ukrainien en faveur de la poursuite de la guerre, ce qui leur a permis de faire de bonnes affaires, et qu’ils n’ont aucun intérêt à promouvoir des négociations de paix. Au contraire, ceux qui se proposent d’œuvrer pour la paix internationale poursuivent leur rhétorique de guerre et de confrontation, entre autres contre la Russie et la Chine, où, si l’escalade s’accentue, un scénario très complexe et une crise économique mondiale sont prévus, pour le Chili comme pour l’ensemble de l’humanité.

Sur le même sujet, l’Observatoire pour en finir avec l’École des Amériques (*) a envoyé une lettre au président chilien Gabriel Boric en décembre dernier, dans laquelle il exprime son rejet de la participation du Chili aux opérations dites de « gestion de crise » avec l’Union européenne.

« Notre pays devrait maintenir la position historique du Mouvement des non-alignés ; notre pays ne devrait pas soutenir militairement les conflits d’autres États ; notre pays devrait être en faveur de la paix, des négociations et de la résolution non-violente des conflits internationaux. Dans le même temps, les forces armées ne doivent servir qu’à défendre notre souveraineté nationale, et non à réprimer des conflits internes, et encore moins à être utilisées par des pays étrangers », indique la lettre, qui rappelle au président qu’un grand nombre de pays de l’Union européenne “sont également membres de l’OTAN, l’alliance militaire qui a été impliquée dans des interventions et des assassinats en Yougoslavie, en Irak, en Afghanistan, en Syrie et en Libye”.

L’accord prévoit également une coopération dans la « lutte contre la prolifération des armes de destruction massive », ce qui est contradictoire, pour ne pas dire hypocrite, étant donné que des armes nucléaires américaines sont présentes dans plusieurs pays de l’UE tels que l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne. Ceci constitue une violation de l’article 2 du traité de non-prolifération des armes nucléaires, qui interdit de « recevoir des armes nucléaires de quelque pays que ce soit, directement ou indirectement ». En outre, la France, membre de l’UE, possède des armes nucléaires. Le Chili est signataire du traité sur l’interdiction des armes nucléaires.

Le livre « Secretos del Tratado de Libre Comercio Chile-Unión Europea » (Les secrets du traité de libre-échange entre le Chili et l’Union européenne) est une contribution à une analyse approfondie de ce qu’est cet accord. Il y a des zones d’ombre et des points négatifs qui affecteront les intérêts et la souveraineté de notre pays. Il faut espérer que les membres du Congrès se rangeront du côté de notre peuple et non de celui des intérêts étrangers.

Le livre peut être lu ou télécharge ici (en espagnol) :
https://mejorsintlc.cl/wp-content/uploads/2024/02/Chile_UE_vFINAL_web.pdf


 

* École des Amériques : École militaire créée par les États-Unis en 1946 pour former des militaires des pays d’Amérique Latine, avec l’objectif d’influencer les forces armées de ces pays.