Selon les chiffres des Nations Unies pour 2023, chaque jour dans le monde 133 filles ou femmes sont tuées par un membre de leur famille ou un ex-partenaire. Après ces statistiques, il me semble logique de choisir l’ours comme compagnon dans la forêt.
C’est un débat qui est devenu viral sur les réseaux sociaux et qui consiste à demander aux femmes si elles préfèrent être coincées dans les bois avec un homme ou un ours. La peur et la colère sont devenues quotidiennes, une photo de bite sur Messenger, une bousculade dans le métro, des blagues sexistes au travail, des ruelles sombres, des politiciens qui ignorent nos agresseurs, des lois contre nous.
Mais le patriarcat perd lentement du terrain ; les filles et les femmes de cette époque sont là, plus fortes pour revendiquer encore plus. Le monde change, notre façon de voir aussi. Les partisans du patriarcat se démultiplient pour protègent ce système monstrueux qui, en fin de compte, a un impact négatif sur tous les genres. De toute façon, le patriarcat n’aime même pas les garçons qui écrivent des poèmes. Le patriarcat n’aime pas les différences. Le patriarcat supprime l’évolution sociale.
Mais ce phénomène effrayant pour nous toutes, pour nous tous, doit immédiatement avoir le poids qu’il mérite dans la société et dans la politique, afin que nous ne nous sentions plus en vie par hasard. Les organisations et initiatives féministes, le Manifeste du féminisme pour les 99% le crient, Cinzia Arucha, Tithi Batacharia et Nancy Fraser le disent clairement, ce que nous vivons est une crise de la société dans son ensemble et la cause première en est le capitalisme. Elles ajoutent : « Les sociétés capitalistes sont des sources inépuisables d’oppression des genres ; le sexisme quotidien qui nous entoure est loin d’être accidentel, au contraire, il est inscrit dans leur structure même. »
La plupart d’entre nous choisissent l’ours dont nous savons qu’il va nous attaquer pour nous manger parce que cela nous fait moins peur. Nous savons que si nous survivons à son attaque, nous ne le reverrons pas dans un bar ou à la table d’un repas de famille, il ne nous enverra pas de messages menaçants, il ne diffusera pas de vidéos et de photos de nous nues, nous ne serons pas accusées de l’avoir provoqué ou de l’avoir élevé de cette façon. L’ours reconnaît que nous sommes des êtres humains.
Le collage « the bear sees me as a human being » (l’ours me voit comme un être humain) réalisé par le groupe Feminist Collages à New York a été l’occasion d’écrire les mots ci-dessus. Il s’agit de l’un des commentaires laissés par les femmes pour expliquer pourquoi elles ont choisi l’ours ainsi que tous les éléments mentionnés ci-dessus.
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Les Collages Féministes ont débuté aux États-Unis mais sont rapidement apparus dans des villes européennes telles que Paris, Lyon, Bordeaux, Toulouse, Madrid, Londres, Belfast et d’autres. Il s’agit d’un groupe qui, comme leurs membres l’écrivent, envisage une société où chaque individu est capable de vivre et de s’exprimer librement, sans peur ni restriction. Leur objectif, avec les slogans sur les murs, est de forcer les médias et la société dans son ensemble à faire face à ces événements et, ce faisant, d’inonder, d’envahir et de reconquérir un espace dont la jouissance est devenue le privilège d’un petit nombre. C’est ce qu’ils affirment dans les annonces de l’atelier, où ils appellent les individus à renforcer cette action.
C’est un collectif qui s’est répandu pour éveiller les gens aux questions de genre, pour « secouer les quartiers » où derrière les murs les femmes sont tuées. Avec des pages blanches, de la peinture noire et de la colle, ils font apparaître cette réalité sur les murs, nous incitant à la changer.
Traduction, Evelyn Tischer