« Le modèle économique dominant déstabilise les sociétés. Et la planète. Il est temps de changer. »

Un mémorandum signé par trente-neuf scientifiques de renom, des activistes et trente-cinq organisations et réseaux pour le revenu de base de presque tous les continents souligne le lien entre le revenu de base et la transformation socio-écologique. Selon les signataires, le revenu de base est un élément constitutif de la justice climatique. Le mémorandum sera envoyé dans les prochains jours à diverses agences des Nations unies, au Club de Rome et aux principaux médias européens.

Le mémorandum s’appuie sur les demandes de centaines de scientifiques européens et sur le rapport au Club de Rome sur le revenu de base. Il met en exergue leurs analyses : « Le réchauffement climatique et la poursuite de l’exploitation et de la destruction de la nature sont causés par le mode de production et de subsistance dominant ». Il faut mettre fin au profit et à l’exploitation spéculative de l’environnement et des ressources. « Une transformation socio-écologique doit être axée sur les besoins de toutes les personnes ainsi que sur les exigences écologiques fondamentales et doit être mise en place immédiatement pour stopper le changement climatique. La protection de l’humain et la protection de la nature vont de pair. Ce sont des valeurs durables, et non l’accumulation de biens inutiles pour soutenir le système dominant de production et de consommation.

Un revenu de base réduirait la pression existentielle liée à l’acceptation du travail salarié, même le plus destructeur sur le plan écologique. Il réduirait également la peur existentielle des changements nécessaires dans l’économie et la société. Il favoriserait la réduction radicale du temps de travail et l’organisation démocratique de la transformation socio-écologique.

Le mémorandum préconise le rassemblement du mouvement pour le revenu de base, des mouvements écologiques et féministes et d’autres mouvements sociaux.

« Luttons ensemble pour un monde dans lequel tous peuvent vivre une bonne vie sur une planète saine ».

 

Texte du Mémorandum

« Le modèle économique dominant déstabilise les sociétés. Et la planète. Il est temps de changer. » https://www.earth4all.life/ Il est temps aussi d’avoir un revenu de base !

Mars 2024

Le revenu de base comme composante nécessaire d’une transformation socio-écologique et élément clé de la justice climatique

Le réchauffement climatique et l’exploitation et la destruction continues de la nature sont dus au mode de production et de vie actuel. Ce dernier ne tient pas compte de la valeur intrinsèque de la nature et l’utilise comme une simple ressource. Cependant, ce mode de production et de vie détruit également la base de l’existence de l’humanité et porte atteinte à la qualité de vie de nombreuses personnes, des générations actuelles et futures. Une transformation sociétale fondamentale du mode de production et de vie est donc nécessaire à la survie de l’humanité.

Ce n’est pas seulement notre planète qui est déstabilisée, mais aussi des sociétés, des régions et des pays. Des conditions socialement et écologiquement injustes prévalent au niveau mondial, qui ont privé et continuent de priver de nombreuses personnes d’une vie dans un environnement intact et de leur part équitable et adéquate de la richesse sociale et naturelle mondiale, y compris nos enfants et les enfants de nos enfants. Les personnes qui ont été défavorisées par le passé et qui le sont encore aujourd’hui sont particulièrement touchées. Sans un véritable changement de cap, elles seront encore plus touchées par les conséquences écologiques et le changement climatique : les pays du Sud et les populations les plus pauvres qui n’ont pratiquement pas contribué au changement climatique.

La transformation sociétale, une nécessité pour la survie, en tant que transformation socio-écologique

Une transformation sociétale nécessaire à la survie et devant conduire à un mode de production et de vie socialement et écologiquement durable doit, pour les raisons mentionnées, aboutir à un monde et à une société socialement et écologiquement justes.

De même, la justice climatique exige que l’ampleur du changement climatique doive être minimisée de manière égale pour tous et que les conséquences de ce changement climatique soient supportées par les pollueurs. De ce point de vue également, la conception d’un monde et d’une société socialement et écologiquement justes est un impératif catégorique d’une transformation socio-écologique : la justice sociale et la justice écologique sont les deux faces d’une même pièce qui doivent être réalisées simultanément.

Un changement fondamental des valeurs est nécessaire

L’une des causes de la production et de la consommation écologiquement désastreuses qui en découlent est une idéologie de croissance fatale, axée en fin de compte sur le profit et le rendement, de croissance fatale, axée sur le profit et le rendement. Selon ce récit de la politique dominante, la pauvreté et les inégalités sociales devraient être et seraient surmontées par une augmentation de la consommation des ressources naturelles et la destruction de la nature. Cependant, la surexploitation de la nature et sa destruction sont allées et vont de pair avec l’exploitation économique des personnes, l’exploitation économique de l’exercice indu du pouvoir sur les pays pauvres par les pays riches, par les entreprises et leurs actionnaires.

Une transformation socio-écologique doit être orientée vers les besoins de toutes les personnes ainsi que vers les exigences écologiques fondamentales ainsi que sur les exigences écologiques fondamentales – et doit mettre fin immédiatement au changement climatique. La protection des personnes et la protection de la nature vont de pair. Il s’agit de valeurs durables, et non de l’accumulation de biens superflus pour maintenir le système de production et de consommation en vigueur.

Le revenu de base est une composante nécessaire de la transformation socio-écologique et un élément clé de la justice climatique.

Une transformation socio-écologique doit – et nous sommes ici entièrement d’accord avec les scientifiques et les experts du dernier rapport au Club de Rome – permettre à toutes les personnes, y compris les générations futures, de vivre dans un environnement intact et leur accorder en même temps une part socialement équitable des richesses de la société et de la nature. Pour cette seule raison, il doit s’agir d’une transformation conçue démocratiquement et durablement.

Cette perspective conduit à la question de savoir comment tous les hommes peuvent se voir accorder une part équitable et suffisante des richesses sociales et naturelles. Nous sommes d’avis – également en accord avec les scientifiques et les experts du récent rapport au Club de Rome – qu’un revenu de base pour toutes les personnes est une forme de cette répartition. Il doit nécessairement s’accompagner d’une redistribution radicale des revenus et des richesses des couches supérieures vers les couches inférieures et moyennes de la société. Ou comme l’ont déclaré les 238 universitaires européens dans une lettre ouverte : Pour résoudre les problèmes sociaux, nous n’avons pas besoin de croissance supplémentaire. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une répartition plus équitable des revenus et des richesses dont nous disposons déjà. Ils sont déjà suffisants pour tout le monde.

Dans un premier temps, le revenu de base peut également être cofinancé par la taxation de la production et de la consommation non écologiques ou nuisibles au climat, dont les recettes sont reversées à tous les membres de la société bénéficiant du revenu de base. Cela permet non seulement de freiner la production nuisible au climat, mais aussi de redistribuer les richesses du haut vers le bas, car ce sont souvent les classes les plus riches de la société qui consomment de manière non écologique et qui sont responsables d’émissions importantes nuisibles au climat. De même, une redistribution fondamentale dans le budget public ouvre de grandes possibilités d’investissement public dans la production et les services écologiquement durables, dont tous les membres de la société deviennent copropriétaires : Les excédents de cette production seraient alors également utilisés pour cofinancer le revenu de base. La copropriété de tous favoriserait également la conception démocratique de la production et des services par tous les membres de la société.

Dans une perspective mondiale, pour mettre en place des systèmes de revenu de base dans les pays les plus pauvres, il faut qu’il y ait une (re)distribution des pays riches et des entreprises mondiales aux pays qui ont été historiquement rendus pauvres par les actions des nations plus riches et des entreprises mondiales – ainsi que la construction d’une société et d’une économie socialement et écologiquement durables dans ces pays.

Pour avoir un impact écologique important, le revenu de base doit au moins garantir les besoins fondamentaux et la participation de chaque individu dans la société concernée. Ce n’est qu’à cette condition que l’on pourra surmonter l’adhésion à l’idéologie de la croissance et l’obligation économique individuelle d’exercer une activité lucrative. Ce n’est qu’à cette condition que l’on peut espérer un large soutien à l’abandon nécessaire d’une production et d’une consommation écologiquement désastreuses. Ce n’est qu’à cette condition que l’on pourra minimiser les craintes liées au changement nécessaire et anticiper les avantages d’une production et d’un mode de vie écologiquement et socialement durables.

Ce n’est que si le revenu de base garantit l’existence et la participation sociale de chacun qu’il permettra également aux gens de jouir de la liberté économique et politique, ce qui se traduira à son tour par une gestion démocratique des affaires publiques par le peuple. En effet, la pression politique en faveur de la croissance économique et la création d’emplois, aussi désastreuses soient-elles sur le plan écologique, est fortement affaiblie.

Ce n’est que si le revenu de base garantit l’existence et la participation sociale de tous les individus qu’une large participation démocratique de tous à l’élaboration de la transformation socio-écologique est possible.

Si le revenu de base garantit la subsistance et la participation sociale, il permettra également à tous les travailleurs de réduire radicalement leur temps de travail ou d’empêcher l’allongement du temps de travail pour des raisons de nécessité.

Avec un revenu de base qui garantit les moyens d’existence et la participation sociale de tous, chacun peut poursuivre des activités sociales, d’assistance, culturelles, artistiques et politiques qui prennent du temps et qui sont autodéterminées, au-delà des nécessités économiques individuelles. Car une transformation socio-écologique vise à une socialisation au-delà du productivisme écologiquement désastreux et du consumérisme individuel – et elle doit le faire.

Le revenu de base est l’une des composantes nécessaires d’un ensemble de politiques mondiales, nationales et régionales pour la transformation socio-écologique des politiques mondiales, nationales et régionales en vue d’une transformation socio-écologique. Cela inclut, par exemple, le développement d’une économie écologiquement durable orientée vers le bien commun dans le monde entier, l’allègement de la dette des pays pauvres, des relations commerciales et financières mondiales équitables et démocratiques, le développement d’infrastructures et de services publics et sociaux, y compris des soins de santé suffisants pour tous, l’émancipation des femmes, le renforcement des droits des femmes et la répartition équitable du travail entre les hommes et les femmes, ainsi que la démocratisation de l’économie et de la société dans tous les domaines. Ces éléments et d’autres encore sont des composantes nécessaires d’une transformation socio-écologique, y compris d’une politique visant à stopper le changement climatique et à surmonter la crise climatique.

Ce sont autant de bonnes raisons pour le mouvement du revenu de base, le mouvement écologique, le mouvement féministe et d’autres mouvements sociaux d’unir leurs forces. Luttons ensemble pour un monde dans lequel tous peuvent vivre une bonne vie sur une planète saine.

 

Pour voir le contenu du mémorandum (en anglais) ainsi que les signataires, ici.

L’article original est accessible ici