L’Assemblée générale des Nations Unies s’est à nouveau réunie vendredi 10 mai à New York pour une session extraordinaire d’urgence sur la guerre à Gaza et a adopté à une écrasante majorité une résolution qui améliore les droits de la Palestine au sein de l’organisation mondiale en tant qu’État observateur, sans offrir une adhésion à part entière.
L’Assemblée générale a exhorté le Conseil de sécurité à examiner « favorablement » la demande de la Palestine pour une adhésion à part entière.
Le projet de résolution, coparrainé par un groupe de pays, concernant le statut de l’État observateur de Palestine auprès des Nations Unies, a reçu 143 votes pour, 9 contre et 25 abstentions.
Cette résolution fait suite au veto opposé par les États-Unis au Conseil de sécurité le 18 avril, qui a bloqué l’admission de la Palestine en tant qu’État membre à part entière de l’ONU. Ce projet de résolution, présenté par l’Algérie, membre non permanent, avait recueilli douze voix pour, la Suisse et le Royaume-Uni s’abstenant.
Le statut de la Palestine à l’ONU
Le texte adopté par l’Assemblée générale, composée de 193 membres, où aucune nation n’a de droit de veto, « recommande » que le Conseil de sécurité réexamine favorablement la question de l’adhésion de la Palestine, conformément à l’article 4 de la Charte des Nations Unies concernant l’adhésion et à l’avis consultatif émis par la Cour internationale de Justice (CIJ) en 1948.
Le texte comprend également une annexe qui, à titre exceptionnel et sans créer de précédent, énumère les changements importants apportés au statut de l’État de Palestine lors des réunions et conférences de l’Assemblée générale, y compris son ordre dans la liste des orateurs et la disposition des sièges.
Ces mesures n’ont pas seulement une importance symbolique mais signalent un changement dans le poids diplomatique de la Palestine au sein de l’ensemble du système des Nations Unies.
Le texte note également qu’en tant qu’État observateur, la Palestine n’a pas le droit de voter à l’Assemblée générale ni de présenter sa candidature aux organes de l’ONU tels que le Conseil de sécurité ou le Conseil économique et social.
Aucune des améliorations du statut de la Palestine à l’Assemblée générale ne prendra effet avant l’ouverture de la nouvelle session de l’Assemblée, le 10 septembre.
Voici quelques-uns des changements de statut auxquels la Palestine aura droit plus tard cette année :
- Siéger parmi les États membres par ordre alphabétique ;
- Faire des déclarations au nom d’un groupe ;
- Soumettre des propositions et des amendements et les présenter ;
- Coparrainer des propositions et des amendements, y compris au nom d’un groupe ;
- Proposer des points à inscrire à l’ordre du jour provisoire des sessions ordinaires ou extraordinaires et le droit de demander l’inscription de points supplémentaires ou additionnels à l’ordre du jour des sessions ordinaires ou extraordinaires ;
- Droit des membres de la délégation de l’État de Palestine d’être élus membres du bureau de la plénière et des grandes commissions de l’Assemblée générale ;
- Participation pleine et effective aux conférences des Nations Unies et aux conférences et réunions internationales convoquées sous les auspices de l’Assemblée générale ou, le cas échéant, sous les auspices d’autres organes des Nations Unies.
Après l’adoption de cette résolution par l’Assemblée générale, l’ensemble de la question du statut de la Palestine reviendra au Conseil de sécurité pour un examen plus approfondi, où tout effort visant à devenir membre à part entière risque d’être à nouveau bloqué par le membre permanent, les États-Unis.
Parvenir à un cessez-le-feu
Avant le vote, le Président de l’Assemblée générale, Dennis Francis, a souligné depuis la tribune de la salle de l’Assemblée que la crise israélo-palestinienne avait été la première crise à laquelle était confrontée l’organisation mondiale lors de sa création.
La paix est restée insaisissable depuis. Aujourd’hui une situation intenable se détériore « à une vitesse alarmante », a-t-il déclaré aux délégués.
M. Francis a exhorté la communauté internationale à ne pas détourner les yeux de la situation désastreuse qui s’est développée depuis les attaques terroristes du 7 octobre et la dévastation causée par l’opération militaire israélienne à Gaza qui a suivi.
Il a appelé les parties au conflit, soutenues par les nations disposant de moyens de pression, à parvenir d’urgence à un accord sur un cessez-le-feu afin de mettre fin aux souffrances d’innombrables personnes et d’assurer la libération de tous les otages.
Dixième session extraordinaire d’urgence
La réunion de l’Assemblée générale s’inscrit dans la continuité de la dixième session extraordinaire d’urgence, qui s’était réunie pour la dernière fois le 12 décembre 2023, dans le contexte d’une aggravation de la crise à Gaza.
Lors de cette réunion, dans une résolution adoptée à une écrasante majorité, l’Assemblée avait exigé un cessez-le-feu humanitaire immédiat, ainsi que la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages.
L’Assemblée avait également décidé d’ajourner temporairement la session et avait autorisé le Président de l’Assemblée générale à reprendre sa réunion à la demande des États membres.
La dixième session extraordinaire d’urgence s’est réunie pour la première fois en avril 1997, à la suite d’une demande du Qatar. Cela faisait suite à une série de réunions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale concernant la décision israélienne de construire un grand projet de logements dans une zone de Jérusalem-Est.