Le président de l’Association canadienne des journalistes Brent Jolly a prononcé un discours suite à l’arrestation de la journaliste Brandi Morin. Pressenza Montréal publie le discours qu’il a présenté le 28 janvier dernier.
Bonjour – ou bon après-midi – selon l’endroit où vous nous rejoignez pour cette conférence de presse aujourd’hui.
Je m’appelle Brent Jolly et je suis président de l’Association canadienne des journalistes.
Permettez-moi de commencer par dire à quel point je suis déçu que cette conférence de presse soit même nécessaire aujourd’hui. C’est une réflexion incroyablement triste sur l’état actuel de la liberté de la presse au Canada. Mais hélas, nous y sommes.
Le 10 janvier, la journaliste Brandi Morin a été arrêtée par la police d’Edmonton alors qu’elle faisait un reportage sur une descente dans un campement principalement autochtone pour personnes sans logement.
Laissez-moi être franc : sur la base de toutes les preuves, Brandi a été ciblée et pointée du doigt pour avoir fait son travail de journaliste. Aujourd’hui, elle comparaît parmi nous, accusée d’entrave – une infraction pénale passible d’une peine maximale de deux ans de prison.
L’arrestation de Brandi constitue une véritable parodie du droit à la liberté de la presse et de la capacité de rendre compte des activités des forces de l’ordre financées par les contribuables.
C’est pourquoi mes collègues et moi sommes ici aujourd’hui pour demander l’abandon immédiat des charges retenues contre Brandi.
Toute cette situation est une abomination, en particulier en ce qui concerne les objectifs importants de réconciliation et de justice. Il faut le corriger maintenant.
Les actions effrontées du service de police d’Edmonton sont le dernier exemple d’un « œil au beurre noir » auto-imposé parmi un nombre toujours croissant d’exemples où les organismes d’application de la loi au Canada ont ignoré, que ce soit par ignorance ou par indifférence, le rôle inestimable que jouent les journalistes dans une société libre et démocratique.
Ce type de comportement doit être stoppé net.
C’est pourquoi, au nom de l’ACJ, j’appelle tous les organismes d’application de la loi au Canada, quelle que soit leur juridiction, à prendre immédiatement les mesures nécessaires pour garantir la protection de la liberté de la presse et de la sécurité des journalistes.
Ce processus commence aujourd’hui par l’abandon des accusations absurdes portées contre Brandi Morin.
L’ACJ est la plus grande organisation professionnelle nationale du Canada pour les journalistes de tous les médias, représentant des membres à travers le pays. Les rôles principaux de l’ACJ sont de fournir un développement professionnel de haute qualité à ses membres et un plaidoyer d’intérêt public.
À propos de Brandi Morin
Brandi Morin est une journaliste, de la communauté crie et iroquoise. Au cours des 10 dernières années, Madame Morin s’est spécialisée dans les reportages d’histoires autochtones, qui ont influencé le processus de réconciliation politique, culturel et social du Canada. Elle est l’une des voix les plus éminentes du Canada sur les questions autochtones. Madame Morin a publié des textes dans le New York Times, National Geographic