Depuis REHUNO, Réseau Humaniste de Nouvelles sur la Santé, nous mettons en place un lieu d’échange où l’on découvre un nouveau regard sur la vie quotidienne basé sur une psychologie expérientielle et existentielle (la psychologie du Nouvel Humanisme) et qui donne des propositions concrètes de travail personnel pour parvenir à un sens complet de notre existence et à vivre sans souffrances inutiles.
Il ne s’agit donc pas d’une psychologie thérapeutique ou d’une psychologie qui traite d’une quelconque pathologie, mais s’adresse à toute personne désireuse de se comprendre et de disposer des outils nécessaires, si elle le souhaite, pour initier un changement positif dans sa vie. Le bien-être psychologique est sans aucun doute l’un des fondements de la santé intégrale, c’est pourquoi il s’agit d’un aspect qu’il convient d’aborder.
Nous vous invitons à mettre en pratique ces propositions et à nous contacter pour nous faire part de votre expérience. Écrivez-nous !
Par Jordi Jiménez
La conscience humaine est si complexe qu’elle est capable de créer des épiphénomènes sans fondement réel et de les doter d’une « existence » propre. C’est le cas du moi. Depuis notre plus tendre enfance, nous savons tous que nous sommes un. Je vois de vieilles photos et je me dis « ça c’est moi ». Puis je me regarde dans le miroir et je me dis (d’un ton résigné) « ça aussi, c’est moi ». Le changement est perceptible et plus qu’évident, mais j’ai un registre de continuité, je suis le même aujourd’hui que sur les anciennes photos. Mes expériences sont beaucoup plus nombreuses maintenant, ma façon de voir le monde, mes croyances, mes valeurs et mes aspirations ont beaucoup changé depuis lors et continueront certainement de changer.
D’ailleurs, imaginez les vêtements que je portais à l’époque… et cette coiffure… quelle horreur ! C’est comme si je n’étais plus le ou la même. Que reste-t-il de ce moi enfant ou adolescent que je vois sur les photos ? Même les cellules de mon corps ne sont plus les mêmes, car elles se sont renouvelées de manière épisodique. Il ne semble plus rester grand-chose de ce moi antérieur, et pourtant j’ai toujours le sentiment d’être le, ou la, même d’être toujours moi.
Bien que nous ayons tous cette même expérience d’unité du moi au fil du temps, si nous la regardons à distance, nous constatons qu’il n’y a aucune raison de penser que cette existence du moi est unique en raison des nombreux changements qui s’opèrent en nous au fil du temps, mais la vérité est qu’il en est ainsi.
Expériences de silence du moi
Ce « je » agit comme une sorte de coordinateur des fonctions de la conscience. Il se nourrit des données fournies par la mémoire, celles des sens externes et internes, et des images générées comme autant de réponses possibles au monde. Sa mission est de maintenir, si l’on peut dire, la cohérence structurelle de la psyché. Même dans les rêves et le demi-sommeil, il continue à travailler, même si toute la structure se trouve à un niveau de conscience inférieur, de sorte qu’à ces niveaux, il organise les réponses d’une autre manière, comme les images oniriques des rêves qui sont produites d’une manière qui ne mobilise pas le corps. Le seul moment où l’activité du moi semble disparaître complètement est la phase de sommeil végétatif.
La meilleure façon de contrôler votre activité c’est d’essayer de l’arrêter ou de la réduire au silence. Nous essayons de faire le silence mental : nous cherchons un endroit sombre et calme, nous nous détendons et nous essayons de faire taire toute activité mentale. Nous voulons non seulement arrêter le dialogue interne qui semble se dérouler dans notre tête, mais aussi le flux d’images et de sensations. C’est comme si l’on diminuait tout signal ou activité interne, créant ainsi une sorte de vide intérieur. Au bout d’un certain temps, on s’aperçoit que ce n’est pas si facile. Si nous insistons un peu plus, nous pourrons peut-être réduire un peu les bruits mentaux, mais nous ne parviendrons pas à les arrêter complètement. Si nous sommes très disciplinés et insistants, nous pouvons un jour obtenir un bref moment de quelque chose comme le silence dans l’activité du « moi », mais cela disparaîtra en une seconde et la machinerie continuera à fonctionner comme si rien ne s’était passé.
Cela nous montre l’activité constante du moi et le fait qu’il s’agit d’un facteur de bruit mental qui empêche le silence mental. Cela nous montre également que si nous pouvions arrêter le moi, notre conscience s’arrêterait également et nous ne pourrions rien faire. Nous ne pourrions pas accéder à la mémoire, nous ne pourrions donner aucune réponse, ni coordonner aucune impulsion. Par conséquent il n’est donc pas possible de faire disparaître le moi, ou des choses similaires, et ceux qui prétendent le faire comme si c’était le cas dénotent une faible connaissance du fonctionnement de la conscience humaine.
Déplacements du moi
Bien qu’il ne soit pas possible de parvenir à une quelconque disparition du moi, il est possible de le faire taire pendant de brefs instants, comme nous l’avons évoqué. Dans les premières pratiques de silence, où l’échec est garanti, nous verrons que notre attention va et vient, et qu’elle se déplace comme le vol d’une mouche, passant sans but d’un sujet à l’autre. Si, au bout d’un certain temps, nous n’avons pas abandonné, nous aurons atteint une éducation minimale de notre attention (article 13) et nous pourrons faire en sorte qu’elle se maintienne sur le thème pendant un petit moment, sans passer à d’autres choses. A partir de là, nous pourrons progresser vers la diminution des bruits mentaux. Une technique brève et simple pour entrer dans le silence mental, si notre attention est déjà un peu éduquée, consiste à imaginer un son qui s’éloigne de nous. Il peut s’agir de n’importe quel son, l’important étant d’imaginer qu’il s’éloigne de nous et que nous l’entendons de moins en moins. L’intention est d’essayer de l’écouter le plus attentivement possible, même s’il est à peine audible. Cette « tentative d’écoute » de quelque chose d’à peine perceptible produit, par simple mécanique, une sorte de silence dans les mécanismes de la conscience. Si nous voulons entendre un murmure, nous demandons le silence autour de nous, et il en va de même dans le monde intérieur. Il s’agit d’un premier pas et, à partir de là, nous devons approfondir ce silence.
Après une nouvelle série d’échecs dans cette deuxième phase, si nous avons maintenu nos tentatives sans faille, peut-être qu’un jour nous remarquerons une expérience légèrement différente de celles que nous connaissons habituellement. Il n’est pas possible d’expliquer ici en quoi consistera cette expérience, car chacun a les siennes. Ce qui semble commun, c’est que ces expériences sont brèves et qu’une fois passées, on a l’impression de revenir d’un autre endroit, comme si les références spatiales et temporelles avaient disparu pendant un instant. Ce type de registres se produit précisément en raison d’un déplacement du moi. C’est comme si le » moi » était devenu flou ou s’était déplacé, comme s’il n’avait pas été dans sa position centrale, comme s’il s’était éloigné. Ce déplacement du « moi » et l’expérience peu ordinaire qui se produit à ce moment-là sont des phénomènes qui vont de pair dans la structure, ils se produisent côte à côte.
Ce qui est intéressant, c’est que cela nous montre qu’il y a d’autres espaces à explorer dans l’esprit humain. Il existe d’autres profondeurs de conscience où le temps et l’espace fonctionnent différemment. Il existe une autre façon de ressentir les choses que la façon habituelle et la seule façon d’y accéder est de faire taire le bruit de la conscience et du moi. Il est étonnant de réaliser qu’il existe d’autres profondeurs d’esprit ici même, à portée de main. Simplement, nous ne les voyons ni ne les entendons parce que nous sommes aveuglés et assourdis par l’activité de notre moi.
Ces expériences qui sortent des circuits habituels de notre pensée et de nos sentiments sont une magnifique nourriture pour notre vie, car elles nous placent dans une attitude et une prédisposition différentes à l’égard des autres et du monde.
Sur le web de REHUNO Salud on peut consulter la série complète de Psicología del Nuevo Humanismo.
Voir aussi :
Tous les articles de la Série Psychologie du Nouvel Humanisme
Traduit de l’espagnol par Ginette Baudelet
