Trois grands dossiers ont dominé l’année 2023 : le conflit en Ukraine, l’économie et le conflit en Palestine. Les deux premiers bouleversements avaient débuté en 2022, le troisième éclata en 2023. Dans les trois cas, les développements ont provoqué une collision frontale avec des réalités largement occultées. Un univers mental construit sur des mythes, des fantaisies, des fables, des « faits alternatifs », des « récits », sans oublier la crasse ignorance, l’auto-illusion et la suffisance, s’est brisé sur l’écueil du monde réel. Le choc fut brutal, assimilable à un atterrissage dur, et dévastateur pour le story-telling dans lequel l’Occident a pris l’habitude de se complaire. Il est devenu maintenant très difficile de prendre ses désirs pour des réalités !
« Mise à genou de la Russie à brève échéance » : quelle « tête parlante » et quel plumitif reconnaîtrait la propagande étatsunienne et autres bêtises qu’ils ont débitées dans les médias mainstream (et avec leur soutien) aux heures de grande écoute ou à pleines colonnes de journaux ? « Crise économique » : elle s’est bel et bien réalisée, mais en Occident, pas en Russie où les fauteurs de guerre voulaient la voir. « Enterrement de la question palestinienne »: où sont les chantres des accords d’« Abraham » censés accoler Israël et pays arabes dans une union contre-nature reléguant les Palestiniens aux oubliettes ?
La réalité reprend ses droits; chassez-la par des spectacles de son et de lumière et elle revient au grand galop comme une « surprise ». Il est facile d’inventer et encore plus facile de répandre ses élucubrations quand on dispose de l’artillerie lourde des médias occidentaux. La fabulation se nourrit d’elle-même dans une surenchère de mythomanie avoisinant l’exaltation et le délire. Tout va rondement tant que la vérité peut être escamotée. La mécanique se grippe lorsque des faits tangibles ont le mauvais goût de gâcher la célébration en se pointant pour marquer leur existence. Le choc est incompréhensible, le réveil rude, la déconvenue démoralisante, le dégrisement douloureux, pour des fêtards ayant surconsommé des substances produites par leur imagination.
L’Ukraine : sortir de l’auto-intoxication
2023 apporte la gueule de bois qui suit les agapes de 2022. Se servant de l’Ukraine comme supplétif, les USA/OTAN allaient faire mordre la poussière à la Russie dans une guerre par procuration sur le territoire ukrainien. Faible, incompétente, désorganisée, politiquement fragile, désindustrialisée, simple « station de service » (dixit John McCain), elle ne serait qu’une bouchée pour un Occident riche, puissant, armé et disposant d’une capacité de propagande illimitée. La population russe ne supporterait pas un embargo (« sanctions ») « comme jamais le monde n’en a connu », ferait porter la responsabilité de ses souffrances à son gouvernement (et non à l’Occident), se soulèverait comme un seul homme pour demander la tête de Poutine dans une grandiose « révolution de couleur » faisant du Maïdan de Kiev (2014) un modeste hors-d’œuvre dans un plantureux menu néoconservateur, mettrait à la tête de la Russie un pantin de l’Occident qui livrerait à ses commanditaires la caverne d’Ali Baba des matières premières de cet immense pays et, pour faire bonne mesure, mettrait en œuvre la chimère amoureusement caressée par les néocons d’une dislocation de la Russie en 13 États impuissants qui seraient à la merci des USA/OTAN.
Il s’avère que les Russes qu’on disait réduits à utiliser toute ferraille trouvée dans des dépotoirs ont une artillerie létale, des missiles précis de toutes les portées, des drones Lancet dévastateurs, des obus en quantité insoupçonnée, à tel point que les arsenaux occidentaux ont été vidés pour tenter d’y faire face. Aucune attention n’est prêtée en Occident au fait que Kiev perd successivement deux armées à des forces russes numériquement inférieures, qu’il ne remporte aucune bataille rangée, qu’il perd dans toutes les batailles urbaines, qu’il ne reprend que des bouts de territoires que les Russes ont évacués pour resserrer leurs lignes, que le gros des forces russes n’est même pas engagé. N’y avait-il pas des militaires, en principe meilleurs connaisseurs que les répétiteurs de propagande, pour en tirer un sens ?
D’échec en échec pour les troupes de Kiev sur le champ de bataille (le « hachoir à viande »), la croyance est entretenue que la prochaine arme miracle fournie par les USA/OTAN sera mortelle pour la Russie. Des canons Himars et Caesars aux missiles de croisière SCALP/Storm Shadow, aux chars Léopard, Challenger et Abrams, on en est maintenant aux avions F-16, soit le 6e ou 7e acte de foi en un Wunderwaffe qui mettrait la Russie à terre. Que l’Ukraine fournisse encore des corps humains chauds et l’Occident les armera et les financera. Mais les hommes adultes commencent à manquer; il faut embrigader des adolescents, des hommes d’âge avancé, des femmes. Aucun gouvernement, aucun « expert » de service et aucun chroniqueur mainstream, acquis à la cause étatsunienne, ne s’interroge sur le fait que la Russie a contré toutes ces armes. L’image des carcasses de Léopards calcinées et fumantes restera emblématique de la situation militaire réelle. Aucun porte-parole atlantiste ne réfléchit au fait que la Russie dispose de la meilleure défense aérienne au monde ou que les S300 et S400 sont spécifiquement conçus pour faire tomber du ciel des avions comme le F-16. La réputation de l’armement occidental est déjà assez ternie.
Nul ne se demande comment un pays « sans industrie » peut produire des avions de combat et des systèmes d’armement qui se comparent favorablement à tout ce qui existe dans le monde, et comment la Russie a pu prendre de l’avance en matière d’armement hypersonique, en missiles à propulsion nucléaire, en drones sous-marins, en brouillage électronique, etc., alors que les USA en sont toujours au stade des essais (du reste, infructueux). Ignorants de l’histoire, les russophobes contemporains ne se rappellent pas qu’ils ne sont pas les premiers à mépriser la Russie et à être « surpris » de ses capacités réelles et de la résilience des Russes. Napoléon et Hitler ont pourtant fait l’expérience de l’aveuglement qui est aujourd’hui celui des USA/OTAN.
Aux calculs fantaisistes des gouvernements et officines de conseils « stratégiques » en Occident pour inciter les Ukrainiens à se jeter dans une bataille désastreuse (« Ukraine is winning. ») s’ajoute sûrement un cynisme sans précédent. N’étant peut-être pas sots au point de croire que l’Ukraine pouvait l’emporter contre la Russie, ils auraient sciemment sacrifié les Ukrainiens comme chair à canon en vue de saigner et d’abattre la Russie. Devant le peuple ukrainien et devant le monde, la responsabilité pour un tel dessein machiavélique, pour l’instrumentalisation de l’Ukraine et pour toute l’aventure antirusse déclenchée depuis le coup d’État à Kiev 2014 restera lourde devant l’histoire.
Dernier espoir : la « contre-offensive » lancée par Kiev en juin 2023 et mort-née sous le feu russe. Les meilleures troupes, récemment formées par l’OTAN, sont gaspillées dans une vaine attaque qui conduit à la destruction d’une troisième armée ukrainienne. Les meilleures unités sont taillées en pièces sans avoir même pu s’approcher de la première de trois lignes de défense russes. Même les plus enivrés ne peuvent s’empêcher de remarquer la débandade. Les illusions se dissolvent. Un silence embarrassé remplace le tintamarre vaniteux. Quelques jusqu’auboutistes néocons font sourire en essayant de se convaincre qu’il y a « impasse » (stalemate) ou « match nul ». D’une autre nature, de désagréables faits du passé remontent inopportunément à la surface. Les chauds applaudissements au Parlement canadien pour le nazi ukrainien bien connu Yaroslav Hunka, membre de la Waffen SS, rappellent à tous la persistance de ce courant et l’accueil fait dans les pays occidentaux à des nazis et des collaborateurs de l’Allemagne après la Seconde Guerre mondiale.
Héros sans égal depuis février 2022, preux chevalier sans peur et sans reproche, célébré comme la plus illustre personnalité de notre ère, omniprésent dans l’espace public occidental, star des médias et coqueluche du jet set occidentaux, Zelensky est à un cheveu de la disgrâce. La géopolitique est impitoyable. Les proxys qui ne rendent plus les services pour lesquels les bailleurs de fonds ont payé finissent au rebus. Zelensky ne saurait ignorer la galerie d’« alliés » des USA largués après usage comme des pelures de bananes et/ou expédiés vers un autre monde. Dès juillet, il est boudé dans les « sommets » et les forums internationaux. Depuis, il peine à faire entendre sa voix ou à faire parler de lui. Il doit occuper les antichambres dans l’attente d’être reçu par ceux qui hier le portaient aux nues. L’image peut susciter une sorte de compassion, quoi qu’on pense de l’individu et de ce qu’il a fait. Tomber de si haut…
Entre-temps, USA/OTAN et commandement militaire ukrainien s’efforcent de lui faire porter le chapeau pour la débâcle, alors même que la « contre-offensive » ne pouvait avoir lieu sans le feu vert de l’OTAN dont les « jeux de guerre » prévoyaient le percement des lignes défensives russes, évidemment ineptes, par les imbattables blindés occidentaux. Désormais, le seul souci des USA est de se dégager du bourbier dans lequel ils ont donné tête baissée en se leurrant et en adhérant aux rêveries néoconservatrices. L’avis de recherche est émis pour un remplaçant de Zelensky en mesure de limiter les dommages à la position étatsunienne.
Surprise économique
À côté de l’Ukraine, les autres cas de retour au réel suivent la même séquence : auto-illusion, puis absorption difficile de la réalité. Privée de liens avec l’Occident, l’économie russe devait s’effondrer en moins de trois mois, entraînant le régime change tant désiré par les USA/OTAN.
C’est même sur le terrain économique, encore plus que le militaire, que la Russie allait subir la plus cuisante des défaites. On doit se rendre à l’évidence que le mort en sursis est non seulement toujours en vie, mais en fort bonne santé. Si les dirigeants européens ont volontiers accepté de mutiler leurs économies pour satisfaire les plans antirusses des États-Unis (la chute provoquée de l’économie allemande est un fait sans précédent), les pays du Sud ne sont pas suicidaires. Ils déclinent l’appel à isoler la Russie et continuent leurs rapports avec elle. Au bas mot, la moitié de l’économie mondiale n’obéit plus aux injonctions occidentales, voire s’organise pour fonctionner sans l’Occident. Mauvaise surprise.
Il en résulte une économie russe qui connaît une croissance de son PIB pendant que l’européenne piétine. Par sa politique de guerre économique, l’Occident a rejeté la Russie vers elle-même. Se passant de l’Occident, elle revient aux politiques historiques d’autosuffisance et se tourne vers l’Est et le Sud. Son pétrole et son gaz y sont en demande. Ses autres produits y trouvent preneurs prêts à remplacer ceux de l’Occident. Tout cela est aux antipodes de ce qui était recherché par les « sanctions ». Nul décideur occidental ne semble avoir noté qu’après les « sanctions » de 2014, la Russie avait esquissé cette transition vers l’autosuffisance. Depuis 2022, elle accentue le virage. Au même moment, en Occident, les prix flambent, la population s’appauvrit, le niveau de vie baisse et les écarts sociaux se creusent.
La guerre par procuration visait d’abord et avant tout à affaiblir économiquement la Russie. Il fallait la forcer à intervenir en Ukraine pour justifier des représailles aussi audacieuses que le sabotage du gazoduc Nordstream. Les États-Unis, devenus premiers producteurs mondiaux et pratiquement auto-suffisants en matière de gaz et de pétrole, allaient être en mesure de subvenir aux besoins européens, en compagnie d’une Arabie saoudite consentante à baisser le prix de son pétrole. Cette Arabie saoudite qui avait, aux yeux des Américains, l’insigne avantage de vendre sa ressource en pétrodollars, cause cependant une autre mauvaise surprise. Non seulement Mohammed Ben Salmane signifie une fin de non-recevoir à Joe Biden, il fait, par le très significatif intermédiaire de la Chine, la paix avec son voisin iranien et joint les rangs du BRICS. Sur la scène internationale, le message résonne : dans un Moyen-Orient où les États-Unis apportent discorde, guerre et désolation, la Chine résout les conflits. Le contraste est frappant.
Renaissance palestinienne
Contre toute attente, la Palestine se rappelle au bon souvenir du monde entier. Après des années de domination absolue, Israël se targue d’avoir « réglé le problème palestinien » par la force et la division. On devisait avec assurance sur un Moyen-Orient sous contrôle israélien, avec la complaisance de pays arabes sous tutelle étatsunienne, le tout dirigé contre les ennemis de la « démocratie » : Iran, Hezbollah, Syrie, Irak. Les Palestiniens appartiendraient au passé. Leur disparition comme peuple se réalisait graduellement, étape par étape. Fragmentés entre la Cisjordanie sous une Autorité palestinienne auxiliaire d’Israël, Gaza encerclée comme une prison à ciel ouvert, des Palestiniens subissant l’apartheid en Israël, l’occupation et la colonisation avaient de belles années devant elles. Cette configuration stratégique au Moyen-Orient permettrait aux États-Unis de se concentrer sur l’objectif primordial : abattre la Russie et la Chine.
Surprise majeure, le 7 octobre 2023 fait voler en éclats tout cet échafaudage. Les Palestiniens sont de retour; de fait, ils n’étaient jamais partis, même si tout a été fait pour les invisibiliser. La réalité de la situation en Palestine est désormais d’une clarté aveuglante : la colonisation de peuplement, soigneusement voilée autrefois, apparaît dans toute sa crudité; il n’est presque plus besoin de la démontrer. Les dirigeants israéliens ne mettent plus les formes dans leurs appels au génocide et à l’épuration ethnique des Palestiniens. [1] Le vrai visage d’Israël est pleinement en vue. Toute l’histoire de l’entreprise de colonisation de peuplement et de destruction d’un peuple, depuis 1948, voire 1917, remonte à la surface.
Octobre 2023 est un révélateur sur d’autres plans. On savait que, comme entité d’origine coloniale en conflit avec tout son environnement, Israël a toujours dépendu de l’impérialisme, britannique, puis étatsunien. Il est leur tête de pont ou prolongement dans la région. Israël est financé et armé par les États-Unis. Ce qu’on a appris depuis octobre est qu’il est tactiquement – au jour le jour – dépendant des USA pour des missiles, des munitions et du renseignement. Dès le 7 octobre, il lui a fallu demander d’urgence des munitions et des obus pour affronter une force infiniment plus petite d’irréguliers palestiniens aux armes légères. On aurait pu penser qu’il avait assez pour ça, et plus encore. L’armée israélienne n’est pas l’élite que la propagande en fait. Sa réputation est surfaite. Les succès du passé étaient contre des armées régulières peu entraînées et moins équipées. Ces dernières années, Israël ne s’est battu qu’une fois, en 2006, et il a perdu contre le Hezbollah. Depuis longtemps, les militaires israéliens ne sont devenus qu’une force de répression pour tirer sur des gamins palestiniens et prendre d’assaut des villages palestiniens la nuit pour détruire, tuer et kidnapper des habitants (d’où les détenus dans les prisons israéliennes).
L’arrivée immédiate d’une armada étatsunienne au secours d’Israël révélait au grand jour la vacuité des prétentions à pouvoir mener une guerre tout seul, y compris contre un adversaire militairement négligeable comme Gaza. On assiste à la ridiculisation de la propagande voulant qu’Israël soit tout-puissant. Quant aux États-Unis, pieds et poings liés à Israël, seul pays véritablement engagé auprès de lui, ils cachent mal leur embarras. Leur intérêt est maintenant ailleurs, centré sur la Russie et la Chine; le Moyen-Orient est secondaire, sauf pour assurer une hégémonie pétrolière saoudienne disposée à soutenir le dollar US comme principale monnaie de réserve mondiale. Il leur faut séduire le Sud contre la Russie et la Chine.
Or, le monde non occidental qui a connu la colonisation, l’apartheid et le racisme, est solidaire des Palestiniens et les massacres à Gaza l’éloignent encore plus des États-Unis, manifestement complices. L’association avec Israël est toxique. Par ailleurs, les États-Unis soupçonnent avec raison Israël de chercher à les engager dans une guerre générale contre l’Iran, le Hezbollah, la Syrie, l’Irak et peut-être même la Turquie. Contrairement aux dires de la propagande post-1990, les États-Unis ne sont pas en mesure de mener plusieurs guerres en même temps. Déjà, pour approvisionner Israël, il leur a fallu priver l’Ukraine d’armes. La rêverie néoconne à l’effet que les États-Unis auraient les moyens de guerroyer partout simultanément prend fin.
Comme en Ukraine, l’objectif des États-Unis en Palestine est de rapidement mettre fin à la crise actuelle afin de ne pas en porter la responsabilité. Comme Zelensky, Netanyahou est devenu encombrant pour les États-Unis.
Il est impossible de camoufler éternellement la réalité
L’année 2023 représente le retour en force du réel contre lequel se heurte le monde des fantaisies, des mensonges et des mirages concoctés en quantité industrielle. Elle annonce la fin de la fantasmagorie des « narratifs » fabriqués de toutes pièces, du triomphalisme et de l’arrogance. L’Occident s’est habitué à se satisfaire de ses préconceptions, à vivre dans un monde parallèle, en dissonance cognitive avec le réel. Il se berce d’illusions, mise tout sur sa capacité de produire des « récits » et finit par croire sa propre désinformation. Son contact avec la réalité est entravé par la surconsommation de « communication » et l’hégémonie du « virtuel ». Le transformé, le fabriqué, l’inventé éliminent le vrai. Dans un post-modernisme qui en vient à se mordre la queue, il réussit parfaitement à s’auto-intoxiquer. D’où son désarroi lorsque le réel vient à sa rencontre. Le choc est déstabilisant, déculottant dirigeants politiques manipulateurs, « experts » serviles et médias mainstream perroquets de la propagande officielle, ayant perdu le peu de crédibilité qui leur restait. Quand porteront-ils des bonnets d’ânes pour leur erreurs et leur piètre jugement ? Il y a fort à parier que 2024 enrichira encore plus notre connaissance du monde réel.
Et cela est pour le mieux. La solution des problèmes suppose d’abord qu’on les comprenne afin d’éviter de faire fausse route. Le premier pas – il est indispensable – consiste à nous émanciper des mensonges, de la fumisterie et des fictions qui brouillent la vue, paralysent la pensée et empêchent toute action positive. L’étape suivante est d’analyser ce monde que l’on voit désormais plus clairement afin d’identifier les changements à apporter, puis s’y mettre. L’humanité a déjà affronté de grands défis avec succès et rien ne laisse penser qu’elle ne peut réussir encore.
[1] https://www.pressenza.com/fr/2023/11/israel-a-gaza-une-entreprise-genocidaire/