Le 7 novembre 2023, l’agence de presse Reuters a publié un communiqué du département d’État des Etats-Unis intitulé « The Kremlin’s Efforts to Covertly Spread Disinformation in Latin America » (Les efforts du Kremlin pour diffuser clandestinement de la désinformation en Amérique latine).

Le texte publié vise à impliquer Pressenza, Agence de presse internationale axée sur la Paix et la Non-violence, et d’autres médias indépendants dans une campagne présumée « promouvoir les intérêts stratégiques de la Russie dans la région aux dépens d’autres pays, en cooptant ouvertement et secrètement des médias locaux et des personnes influentes pour diffuser de la désinformation et de la propagande ».

L’objectif d’une telle campagne, selon la note, serait de « dissimuler la propagande et la désinformation à travers les médias locaux d’une manière organique pour le public latino-américain, afin de saper le soutien à l’Ukraine et de répandre un sentiment anti-américain et anti-OTAN ».

Face à cette attaque ouverte contre la liberté d’expression et la liberté de la presse, notre agence déclare :

  • Que nous n’entretenons aucun contact organique avec le gouvernement de Russie, ni avec aucune des agences mentionnées dans le communiqué.
  • Que nous dénonçons la fausseté absolue d’un prétendu financement par le gouvernement russe ou par les entités qui en dépendent. Pressenza, afin de maintenir un journalisme indépendant, est une agence financée par de petites contributions individuelles et est soutenue grâce au travail généreux et bénévole de centaines de journalistes et collaborateurs qui défendent la nécessité de développer un journalisme de Paix et de Non-violence.
  • Que notre agence, qui a vu le jour dans le cadre de la première Marche mondiale pour la Paix et la Non-violence en 2009, loin de soutenir ou de justifier la guerre ou les intérêts de pouvoir d’une puissance particulière, a constamment et de manière cohérente promu la nécessité de la paix, du désarmement, de la résolution non-violente des conflits et de la dénucléarisation.
  • Que nous considérons l’affirmation que nos rédacteurs ou éditeurs utiliseraient « des pseudonymes pour dissimuler leur véritable identité et s’assurer que l’information soit blanchie d’une manière qui soit organique pour le public visé », est destinée à tromper le public. Tous nos rédacteurs et éditeurs apparaissent sous leurs noms respectifs sur le site de Pressenza et, comme il est de rigueur dans le journalisme, nous prenons un soin particulier à le faire dans le cas des articles d’opinion, sauf dans le cas où la sécurité personnelle du journaliste est compromise.
  • Que c’est un mensonge pur et simple que Pressenza participe à une campagne anti-américaine en publiant des contenus préparés par des organismes officiels russes pour pénétrer la « sphère d’information occidentale », sphère que nous considérons comme peu pluraliste car elle est contrôlée par quelques entreprises monopolistiques dont les discours sont similaires.
  • Qu’au-delà de toute considération conspirationniste liée à la diffusion de contenus visant à « affaiblir l’Ukraine et à répandre des sentiments anti-américains et anti-OTAN », notre agence, par sa raison même d’être, considère l’OTAN comme obsolète et nuisible, Pressenza s’oppose à la constitution et à l’action de tout bloc militariste, ainsi qu’à toute action visant à interférer dans l’aspiration légitime à l’autodétermination de chacun des peuples de la planète.
  • Que nous condamnons l’allusion à la participation du journaliste et collaborateur régulier de Pressenza Oleg Yasinsky à un « groupe d’acteurs d’influence malveillante », un langage inapproprié qui cherche à l’associer à de sombres intentions. Oleg pratique depuis de nombreuses années un journalisme intègre et engagé dans des causes humanistes.
  • Que Pressenza déplore l’attitude du département d’État, qui tente par ce type de communication de salir la réputation et l’éthique professionnelle de ceux et celles d’entre nous qui maintiennent une attitude critique face à toute tentative de violation de la liberté d’expression et de la possibilité pour l’opinion publique d’accéder à des points de vue différents et alternatifs au récit qui continue d’alimenter la violence et la vengeance en tant que voies à suivre pour l’humanité.
  • Que ce type d’actions, inscrites dans la logique de la guerre communicationnelle, ne contribue en rien à créer un monde qui laisse derrière lui les prétentions de domination de certaines nations par d’autres ou de certains êtres humains par d’autres, indépendamment de leur condition ou de leur appartenance culturelle.
  • Que nous demandons instamment au département d’État et aux autorités concernées de rectifier les termes du communiqué. Nous considérons qu’il est temps de contribuer réellement à la pacification de la planète, à la cessation des conflits armés et de l’armement, à la démobilisation des contingents armés, en abandonnant l’idée d’hégémonie et d’exceptionnalisme et en adoptant les valeurs humanistes qui ont imprégné les meilleurs moments de l’histoire des États-Unis.

 

Traduit de l’anglais par Evelyn Tischer