Après un été où les pluies diluviennes ont submergé les plantations dans les champs agricoles, les premiers jours du mois de septembre redonnent un second souffle aux producteurs maraîchers de la région maskoutaine. Deux d’entre eux ne s’en cachent pas, la saison estivale a été particulièrement difficile pour ceux et celles qui produisent des fruits et des légumes sur nos terres agricoles.
« Ce fut un été particulièrement difficile et même probablement un des pires des dernières années pour nous, a fait valoir Josée Roy, la propriétaire de la Ferme La Fille du Roy. À certains moments, nous avons perdu près de 90% de la production maraîchère en raison de l’humidité et des pluies importantes. »
Les records de pluie tombée en juin, juillet et août ont donné des sérieux maux de tête aux agriculteurs de la Montérégie, mais de partout au Québec également. Avec deux semaines à faire avant l’arrivée de l’automne, les producteurs maraîchers souhaitent ardemment un automne chaud et ensoleillé
Productrice de citrouilles, de courgettes et d’autres légumes similaires, Josée Roy croise les doigts pour que les huit prochaines semaines puissent sauver les meubles.
À quelques portes de La Fille du Roy, le copropriétaire de la Ferme chez Mario, Mathieu Beauregard, est d’accord avec sa voisine sur l’affirmation que la saison a été beaucoup plus compliquée en raison des fortes pluies. L’humidité dans les champs a causé des pertes significatives pour les maraîchers.
Toutefois, Mathieu Beauregard se compte chanceux puisque les quelques kiosques qui mettent en valeur ses fruits et légumes cultivés sur ses 150 arpents de terrain ont connu beaucoup de succès lors des journées de pluie. Sa part de revenus générés de l’autocueillette est moins grande que celle de la propriétaire de La Fille du Roy.
« Nous avons remarqué que les gens affluaient plus dans nos kiosques lors des journées de pluie. C’est certain que les familles ont été moins nombreuses dans les champs, surtout quand il pleuvait lors des journées de fin de semaine. On a eu quelques fins de semaine difficiles de ce côté-là », a affirmé Mathieu Beauregard.
Considérée comme l’une des régions les plus touchées par la pluie, la Montérégie, tout comme Montréal, l’Estrie et le Centredu-Québec, enregistrait des statistiques inquiétantes à la fin du mois de juillet. Selon les experts, la région de Montréal a fracassé un record datant de 1958 avec le mois de juillet le plus pluvieux de son histoire. Au total, des précipitations de 263 mm de pluie comparativement à 246 mm pour cette année-là.
Les données fournies par des organismes spécialisés comme Environnement Canada et MétéoMédia révèlent que la quantité de pluie accumulée en juillet a été plus de deux à trois fois supérieure à la moyenne mensuelle reçue lors des dernières années dans la région de la vallée du Saint-Laurent.
Selon les deux producteurs maraîchers interpellés par le représentant du Journal Mobiles, il s’agissait vraiment d’une première saison aussi catastrophique sur le plan de la météo. Contrairement aux périodes de canicule vécues lors des dernières années, les pluies abondantes entraînent une série de défis. Sur le plan technique, l’entretien des champs et la gestion des récoltes sont lourdement impactés par cette réalité.
« Quelques journées fraîches en début de saison ont empêché plusieurs de nos plants de fraises de fleurir et devenir des fruits. Toutefois, nous avons remarqué que les fleurs étaient plus abondantes par la suite dans notre champ. L’humidité est un facteur très délicat pour les légumes et fruits quand on sait qu’il faut les cueillir rapidement sans quoi ils pourrissent. »
Si la pénurie de main d’œuvre est ressentie dans tous les secteurs d’activités au Québec, l’agriculture ne fait pas exception. Toutefois, Mathieu Beauregard a avoué que l’embauche d’une dizaine de travailleurs étrangers en saison forte aide grandement son entreprise agricole pour éviter d’avoir des pertes significatives.
De son côté, Josée Roy trace un trait sur l’été 2023 et espère grandement que la situation sera meilleure cet automne et l’été prochain.
Carl Vaillancourt