Devant les « raisonnements » qui, dans nos journaux et dans les rangs des manifestants qui hurlent, justifient les bombes, les roquettes et les égorgements de part et d’autre, se peut-il que les pacifistes soient seuls à se soucier des “animaux qui errent et des victimes collatérales” que sont les travailleurs humanitaires, qui écrivent :
“Alors que nous assistons à l’escalade de la violence en Israël et à Gaza, comme beaucoup d’entre vous, à Médecins Sans Frontières (MSF), nous sommes touchés par la souffrance causée par le nombre croissant de personnes mortes, blessées ou déplacées. J’ai entendu la peur et la douleur dans la voix d’un de mes collègues, hier, lorsqu’il a décrit la scène de destruction à Gaza et expliqué que beaucoup de nos collègues, y compris lui-même et sa famille, n’avaient pas d’endroit sûr où aller.”
Amnistie internationale (A-i) est également préoccupée par les attaques répétées contre le poste-frontière de Rafah, sortie étroite au sud de Gaza qui ne s’ouvrirait que vers le désert égyptien. A-i demandeà Israël de faciliter la mise en place de couloirs humanitaires pour l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza, et d’autoriser le passage en toute sécurité des personnes ayant besoin de soins médicaux en dehors de la bande de Gaza. A-i exhorte donc la communauté internationale à appuyer un accord sur les couloirs humanitaires.
Quant aux travailleurs de l’UNRWA, cet organisme onusien que la ministre Marie- Claude Bibeau avait ramené à une participation canadienne autrefois coupée par le gouvernement Harper sous nos protestations, on l’estime à environ 150 travailleurs en péril; comme ont témoigné des participants provenant du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, ils ressentent « un sentiment d’abandon et de désolation » auquel nous nous identifions en sympathie, tout en étant tellement protégés ici.
Les APLP préfèrent ne pas citer de chiffres, car l’ONU comptabilise les morts palestiniennes se contentant de citer, à titre de repère, le nombre des morts israéliennes que le gouvernement Nétanyahou lui fournit. On peut imaginer que sans eau, ni carburants, ni services sanitaires, ni nourriture tous coupés par Tsahal (l’armée israélienne avide de vengeance), le Secrétaire général de l’ONU craint le pire de ces longues marches désespérées, et c’est pourquoi les Palestiniens manifestent partout dans le monde.
Nous avons écrit des articles pour nous plaindre d’une couverture biaisée de la part des médias : or, miracle, la très jeune Marianne Langlois (est-elle parente avec une de nos préférées à Radio-Canada, Sophie?) fait un article tout en compassion dans le Journal de Montréal du 14 octobre, illustrant le travail d’Amir Khadir unissant deux organisations indépendantes palestiniennes et juives, avec l’admirable Fabienne Presentey à la tête de Voix juives indépendantes Canada. Soulignons aussi le travail patient et rassurant du chef de police Fady Dagher auprès des communautés juives et palestiniennes, en collaboration avec la mairesse Valérie Plante à Montréal.
Pour un suivi objectif des nouvelles de guerre, existe le service PassBlue, un site sans but lucratif animé par des femmes de l’ONU, qui nous a fourni la photo à l’entête de l’article d’une garderie de l’ONU à Gaza en rappelant qu’on a déjà compté plus de sept cents enfants palestiniens morts.
Au Canada, notre amie l’avocate de Calgary Bev Delong continue son travail débuté il y a 40 ans au moins d’informer les journalistes de la tenue de l’événement du 23 octobre, de 4h à 6h30 au 120 University Private à l’Université d’Ottawa, pour rappeler au monde qu’il y a des solutions de paix.
Car nous voilà à un dangereux moment de l’histoire où, selon les mots d’Antonio Guterres, l’humanité est en danger d’oublier les leçons du passé et les terribles feux de Hiroshima et Nagasaki; un moment où la méfiance a remplacé le dialogue, où la désunion et la compétition remplacent la coopération et la collaboration.
Si Tariq Rauf n’a pas eu peur de critiquer le secrétaire général pour son manque de ferveur pour le TIAN, nous les APLP sommes consternés de lire cette semaine dans un hebdomadaire que nous respections autrefois, L’OBS, un éditorial par Pierre Haski intitulé « Comment remplacer l’ONU? ». Il imite servilement la consigne 5 observée chez les éditorialistes de publications contrôlées par le complexe militaro-industriel des pays de l’OTAN.
Si on commençait par respecter et faire connaître les travaux de l’ONU, l’UNESCO, l’UNODA, l’OMS, l’UNICEF?
Pierre Jasmin