Entre le 29 août et le 4 octobre [2023], les « Juntanzas Creadoras de Paz » (Rencontres Créatrices de Paix) du Mois de la Paix se dérouleront dans différents quartiers de Medellín et de la région métropolitaine.

Par : Juliana Builes Aristizábal
Crédits images : Sandra Sebastián

Cette année, la Colombie célébrera la 36e édition de la Semaine pour la paix, une initiative qui, il y a dix ans, a été étendue à un mois entier d’activités à Medellín et dans sa région métropolitaine. Trente-six jours seront consacrés au dialogue entre la société civile, les organisations et les institutions, autour d’une nouvelle vision collective de la paix dans le pays, conformément à la politique de Paz Total (paix totale) du gouvernement national.

La présentation officielle du Mois de la paix à Medellín a eu lieu le 17 août au musée Casa de la Memoria (Maison de la mémoire). Là, différentes organisations ont discuté de la paix territoriale et de la nécessité de continuer à promouvoir ces espaces chaque année. Le programme débutera le 29 août par un débat dans le même musée, où l’on discutera de l’importance de rechercher les personnes disparues avec une approche différentielle, à l’occasion de la Journée internationale des victimes de disparitions forcées, qui est commémorée le 30 août.

L’année dernière, l’Assemblée Départementale a institutionnalisé le Mois pour la paix à Antioquia par le biais d’une ordonnance départementale. Crédit image : avec l’aimable autorisation du Museo Casa de la Memoria.

Hacemos Memoria (nous nous souvenons) s’est entretenu avec certaines des organisations qui ont rejoint le programme du Mois pour la paix pour connaître leurs attentes.

Ligne fondatrice des Madres de la Candelaria (Mères du quartier la Candelaria)

Le mouvement Madres de la Candelaria Línea Fundadora (Ligne fondatrice des mères du quartier de La Candelaria) travaille depuis 1998 à la recherche des personnes disparues en Colombie. « Nous espérons contribuer à la question de la paix urbaine à partir des territoires. Vous verrez de nombreuses activités au cours desquelles nous exigerons la vérité, la réparation et le souvenir. Nous voulons que ce rassemblement construise une paix réelle. Le 31 août, nous lancerons une campagne intitulée « Ma famille ne sait pas que j’étais un faux positif », à 16 heures dans le parc Berrío », a expliqué Luz Amparo Mejía, dirigeante du mouvement.

Route pacifique des femmes

Il s’agit d’un mouvement féministe avec une action politique au niveau national, qui travaille pour la négociation du conflit armé en Colombie et pour rendre visible l’impact de la guerre sur la vie et le corps des femmes. « Avec La Route, nous voulons faire deux choses : sortir le débat sur la paix des scénarios habituels et occuper l’espace public par l’art et l’intervention dans les écoles. En outre, nous voulons souligner le rôle des femmes en tant que bâtisseuses de paix en ce moment crucial pour le pays, a déclaré Kelly Álzate, représentante de la Route.

Conpaz

Organe promoteur, conseiller et consultatif de la politique de paix, de réconciliation, de coexistence et de non-stigmatisation du gouvernement local. « Notre tâche actuelle consiste à nous concentrer sur la mise en œuvre des recommandations formulées par Conpaz. Nous voulons être les protagonistes d’une transformation et faire en sorte que ces espaces se développent davantage. Ce mois-ci, nous voulons mettre l’accent sur l’expression « garanties de non-répétition » et surmonter la peur de parler de cette question », a déclaré María Gisela Quintero, conseillère du district pour la paix.

Fédération des femmes pour la paix mondiale – Colombie

Organisation qui promeut le rôle des femmes en tant qu’élément essentiel dans la création d’une société mondiale pacifique. « Nous avons tout mis en œuvre pour ce mois pour la paix, car notre vision est axée sur la mise en œuvre de l’accord de paix et le droit au souvenir. Nous avons contribué et accompagné notre caravane pour la paix, la vie et le souvenir, qui connaîtra cette année sa quatrième version », a déclaré María Alejandra Arenas, directrice de la Fédération des femmes pour la paix mondiale – Colombie.

Table ronde départementale efficace des victimes

Espace institutionnel de travail thématique et de participation effective des victimes, visant à la discussion, au dialogue, à l’évaluation et à la formation. « Nous espérons qu’il y aura un dialogue avec la société civile pour discuter de l’importance de construire la paix à partir des territoires. Nous voulons également rendre visibles les événements victimaires que des milliers de personnes ont vécus », a expliqué Luz Elena Galeano, représentante de la table ronde.

Les origines de la Semaine pour la Paix

En 1985, la violence se répandait dans tout le pays et la nécessité de créer des initiatives pour lutter contre cette situation devenait de plus en plus évidente. L’Ordre religieux de la Compagnie de Jésus en Colombie, qui était alors présent à Alto Sinú et Alto San Jorge, par l’intermédiaire des paroisses de Tierralta, Córdoba, et Puerto Wilches, Santander, a géré les ressources nécessaires à la création d’un programme répondant aux besoins du pays.

C’est ainsi qu’en 1986, le programme pour la paix a été officiellement créé. À cette époque, de petites initiatives avaient déjà été lancées par la communauté pour, d’une manière pacifique, montrer aux acteurs armés que la société rejetait leurs actions.

En 1988, après deux ans de travail, les Jésuites ont décidé de reproduire leur travail dans tout le pays et ont lancé la Semaine pour la paix. Le programme pour la paix a dirigé les activités pendant plus de sept ans, les étendant à toutes les entités de la Compagnie de Jésus, y compris les écoles et les instituts sociaux.

En 1994, reconnaissant que la société civile avait un rôle fondamental à jouer, le Programme pour la paix a délégué la convocation et l’organisation de la Semaine pour la paix au Réseau national d’initiatives pour la paix et contre la guerre (Redepaz). Depuis lors, différentes organisations à travers le pays ont participé et ont contribué à la création d’un programme qui se concentre sur des thèmes différents chaque année, en fonction de la situation du pays.

 

Traduction de l’espagnol, Evelyn Tischer

L’article original est accessible ici