La guerre en Ukraine ravive les tensions internationales et les risques de guerre mondiale, à l’heure où la crise climatique hypothèque notre avenir. Pendant ce temps, la France augmente considérablement son budget militaire, amplifie sa production d’armements et contribue à la militarisation de l’Europe.
Dans ce contexte belliciste, je souhaite faire entendre une voix non-violente pour tracer une autre voie, entre culture de guerre et inaction « pacifiste ». Ma conviction est que pour faire la paix, il faut la préparer avec les outils de la non-violence et les méthodes de la résistance civile. Autant de chantiers que je m’efforce de défricher et de défendre dans ces chroniques écrites dans le feu de l’actualité.

Nombre de pages : 166
Couverture : souple – carte couchée,
Format : 13x18cm,
Date de publication : 22/07/2023
ISBN : 979-10-359-8875-3
Prix : 10,00

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Introduction

Dans le monde incertain dans lequel nous vivons, où les tensions, les crises, les guerres et les violences de toutes sortes se succèdent et s’empilent, dessinant un sombre avenir pour notre planète, nous voulons croire qu’il existe, malgré tout, une lueur, certes faible et fragile, qui maintient l’espérance que « tout n’est pas encore fichu » ! Il ne s’agit pas d’optimisme, ni de pessimisme, mais de réalisme raisonné. En effet, entre guerre et paix, entre initiatives belliqueuses et défaitisme « pacifiste », la voie de la non-violence semble bien étroite. Certaines mauvaises langues diront qu’elle mène assurément à une impasse…

La guerre en Ukraine, succédant à la pandémie mondiale de la Covid 19, et s’ajoutant à la crise écologique planétaire, a bouleversé « l’ordre mondial » en y insérant davantage de désordres. En France, le budget de la défense nationale a été considérablement augmenté. Une loi de programmation militaire 2024-2030 a été adoptée pour un montant de 413 milliards d’euros, sans que cela n’émeuve grand monde. Pour la « défense nationale», il ne saurait y avoir d’austérité. La foi dans les armes les plus sophistiquées autorise les plus grands sacrifices, sans se demander plus avant si ces armes sont bien utiles, et si elles serviront vraiment à « défendre la patrie ».

Notre culture valorise la violence qui est toujours associée au courage de celle ou celui qui prend les armes pour défendre la justice, pour résister à l’envahisseur, pour protéger les siens. Notre culture nous somme de choisir entre la violence et l’inaction, entre la violence et la lâcheté. Elle ne laisse place, si ce n’est à la marge, à aucune autre attitude. Or, qui dit lutte, dit lutte forcément violente. Qui dit résistance, dit résistance forcément armée. La résistance véritablement active ne peut être que violente ou armée. Ce point est central et constitue la marque de la culture dominante qui ne peut concevoir une résistance sans armes. Ce conditionnement qui valorise la violence comme la vertu du courage, de la force et de la justice commence dès l’enfance, à l’école, où les héros guerriers tiennent une grande place dans nos manuels d’histoire et façonnent l’imaginaire qui, plus tard, deviendra certitude.

Dès lors, celui ou celle qui refuse la violence et la guerre est immédiatement soupçonné de vouloir se résigner, d’être passif et même d’être lâche. Et pourtant, la non-violence dans l’histoire a montré qu’elle était une autre voie, alternative à la violence et à la lâcheté. Pas seulement un témoignage pour l’éternité, mais une force organisée capable d’efficacité. Définitivement, la non-violence n’est pas assimilable au pacifisme, tel que nous l’entendons communément. Le pacifisme traditionnel dénonce avec raison la guerre et les horreurs de la guerre, mais ne propose généralement pas d’alternatives à la guerre pour défendre la justice, la paix ou la liberté. C’est sa faiblesse intrinsèque. La non-violence cherche toujours une alternative à la violence dans une action résolument offensive et sans concession. Jamais elle ne prête le flanc au défaitisme. Ainsi, le choix n’est pas entre l’inaction qui déserte l’histoire et fait le jeu de la violence et l’action qui doit nécessairement consentir à la violence et au meurtre. Le choix est entre l’inaction, la violence et la non-violence. Et cela change toute la perspective.

Ces chroniques d’actualité, publiées essentiellement sur mon blog1, explorent les possibilités de la non-violence dans un monde dominé par la culture de la violence et de la guerre. Elles ne prétendent pas offrir des solutions toutes faites, mais elles affichent, au-delà des légitimes indignations, des perspectives possibles, réalistes, à partir de la matrice de la non-violence. Ces articles viennent compléter l’ouvrage Démilitariser la France : plaidoyer pour un pays acteur de paix2, publié au début de l’année 2022. Je voudrais les placer sous l’égide d’une belle maxime prononcée par mon ami, Jean-Marie Muller, philosophe et stratège de la non-violence, aujourd’hui disparu :

« Pour gagner la paix, il faut perdre la guerre, comme on perd une habitude. Une mauvaise habitude. »

Notes

1 Non-violence, Écologie et Résistances, https://alainrefalo.blog

2 Édité chez Chronique Sociale

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