La résistance aux antibiotiques est une menace grandissante pour la santé à l’échelle planétaire. L’Université d’Oxford a publié un rapport en janvier 2022, relatant que le nombre de décès dus aux infections bactériennes résistant aux antibiotiques est estimé à 1,27 million de personnes en 2019, davantage que le SIDA ou la malaria, déjà excessivement ravageurs. Jadis remède miracle, les antibiotiques se révèlent aujourd’hui impuissants face aux germes comme le staphylocoque doré. Les infections nosocomiales, alertant les chercheurs il y a plus de 30 ans déjà, mettent le milieu hospitalier sur les dents. Les mesures d’hygiène et de désinfection ont été revues à la hausse dans les milieux occidentaux, mais sans parvenir à y remédier. On peut alors s’imaginer ce que cela représente pour les populations à risque dans les pays en voie de développement, soumises à de fortes pollutions et dont le système hospitalier n’est pas accessible aux plus démunis…
Une étude, parue dans The Lancet Planetary Health, et financée par différents instituts chinois, met en cause la pollution de l’air dans la résistance aux antibiotiques. Réalisée à partir de données collectées dans 116 pays sur une période allant de 2000 à 2018, elle postule que plus le taux de particules fines (PM2.5) est élevé, plus l’augmentation de la résistance aux antibiotiques se révèle importante. Elle met en avant les bénéfices non négligeables non seulement sur le plan sanitaire, mais aussi financier.
« Nos résultats soulignent que le contrôle de la pollution de l’air pour réduire les concentrations de PM2.5 pourrait conduire à des avantages sanitaires et économiques substantiels en réduisant la résistance aux antibiotiques. »
« Il est essentiel de comprendre les facteurs à l’origine de la résistance aux antibiotiques dans le monde pour mettre en œuvre et contrôler les politiques visant à vaincre cette résistance. Notre analyse ajoute aux preuves émergentes que la pollution de l’air par les PM2-5 est liée à une résistance accrue aux antibiotiques. Bien que des mesures visant à réglementer l’utilisation des antibiotiques et à améliorer les services de base en matière d’eau potable soient encore nécessaires, le contrôle des PM2-5 pourrait être un moyen prometteur de réduire la résistance aux antibiotiques dans le monde à l’avenir. »
Encore une bonne raison pour cesser les guerres et les manœuvres militaires, causant une énorme pollution atmosphérique et de nombreuses dépenses inutiles. L’Agence européenne pour l’environnement publie des données concernant la pollution atmosphérique, mais omet soigneusement de citer les dégâts occasionnés par les guerres et les manœuvres militaires, qui seraient rien qu’à eux seuls très inquiétants… si l’on prenait au sérieux les recherches scientifiques sur l’impact de la pollution de l’air, qu’elle soit due aux GES (gaz à effets de serre) ou aux PM2.5.
Selon Hans Bruyninckx, directeur exécutif de l’AEE : « La pollution atmosphérique a des effets néfastes sur la santé humaine et les écosystèmes. Une proportion importante de la population ne vit toujours pas dans un environnement sain selon les standards actuels. Pour que la situation devienne viable, l’Europe doit être ambitieuse et aller au-delà de la législation actuelle. »
Combien d’études faudra-t-il encore voir défiler avant que des mesures effectives et rapides, tant attendues, soient prises !? Il serait temps de prendre le taureau par les cornes et de s’engager avec conviction dans la bonne voie — ce ne sont pas les Scientists for Future qui me contradiront.