Appel pour sa libération 30 JUILLET 2023
Par Pierre Jasmin
Merci à STEVEN STAPLES de PEACE QUEST pour nous avoir alertés sur la détention de l’universitaire Boris Kagarlitsky* par la police russe. Naomi Klein, Maude Barlow, Yanis Varoufakis, Medea Benjamin et Edgardo Lander de l’Université du Venezuela (Caracas) ont signé l’appel suivant, auquel Pierre Jasmin ajoute son nom, en tant que secrétaire général des Artistes pour la Paix, en proposant la traduction suivante :
« Nous condamnons l’arrestation de Boris Kagarlitsky, auteur prolifique et éminent intellectuel marxiste russe par la police de son pays. Le 26 juillet, une cour de Syktyvkar (Сыктывка́р), ville qui abrite une université de 3500 étudiants, a mis le politologue Kagarlitsky en détention deux mois avant son procès dû en septembre sous l’accusation de « justification de terrorisme » concernant un blogue écrit sur l’attaque 2022 du pont reliant la Crimée à la Russie. Il fait face à sept années de prison, si reconnu coupable. Dr Kagarlitsky qui s’est opposé publiquement à l’opération 2022 d’invasion de l’Ukraine par son pays, avait été emprisonné pour ses écrits et son activisme sous les présidents Brezhnev, Yeltsine et même Poutine précédemment.
Nous clamons notre solidarité avec le Dr Kagarlitsky, ainsi qu’avec toutes personnes opprimées parce que défendant la paix et les droits démocratiques en Russie comme en Ukraine (notre ajout) et exigeons sa remise en liberté immédiate.
Auteur d’un plan pour la paix
Aussi censuré par les journaux de son pays que les deux plans que les Artistes pour la Paix (au moins, on n’est pas en prison!) ont publiés et appuyés au cours du mois dernier (Jeffrey Sachs[i] et Ernie Regehr[ii]), Boris est l’auteur d’un plan de paix controversé :
« Essayons d’imaginer un véritable plan qui fonctionnerait réellement pour mettre fin à la confrontation, et pas simplement pour étendre l’oligarchie de Poutine. Il pourrait consister en quatre points principaux :
- Arrêt des combats des deux côtés ;
- Cessation de toute fourniture d’armes et de munitions étrangères à l’Ukraine et à la Russie ;
- Abandon par les forces armées russes du territoire de l’Ukraine (1er février 2014 « option zéro »);
- Introduction temporaire par l’ONU et ses forces de maintien de la paix dans les territoires laissés par les forces armées russes.
Un tel « plan de paix » pourrait rapprocher la Russie d’une révolution, contribuer à l’éveil de la conscience de classe des soldats, à leur désir d’auto-organisation et à une prise de conscience d’eux-mêmes comme force indépendante. La gauche est fondamentalement en faveur de dire enfin son mot à « Sa Majesté la classe ouvrière », la même classe souvent jetée dans un hachoir à viande contre sa volonté et son désir.
Pour qu’il n’y ait pas d' »accords » derrière le dos du peuple et à ses dépens, les travailleurs eux-mêmes devraient être ceux qui arrêtent la guerre. Cependant, pour le moment, nous devons être guidés non pas par ce que nous désirons en fin de compte, mais par la réalité existante. Et par conséquent, nous devons prendre nos responsabilités, faire le premier pas et entamer le processus qui mènera à la fin de la guerre et conduira les travailleurs à la victoire dans la lutte pour leur pouvoir, afin que la défaite des plans aventuristes insensés du gouvernement de la Fédération de Russie ne se transforme pas en défaite pour le peuple et le pays. » Traduit de Dan Erdman, version anglaise publiée par COUNTERPOINT.
* Boris Kagarlitsky, PhD, est un historien et sociologue qui vit à Moscou. Il est un auteur prolifique de livres sur l’histoire et la politique actuelle de l’Union soviétique et de la Russie et de livres sur la montée du capitalisme mondialisé. Quatorze de ses livres ont été traduits en anglais. Le livre le plus récent en anglais est « From Empires to Imperialism : The State and the Rise of Bourgeois Civilisation » (Routledge, 2014). Kagarlitsky est rédacteur en chef du journal en ligne de langue russe Rabkor.ru (L’ouvrier). Il est directeur de l’Institut pour la mondialisation et les mouvements sociaux, situé à Moscou.
Rabkor, un média qu’il a fondé, a lancé un appel pour financer son fonds de défense juridique. Plus d’informations sur ce fil Twitter.
Signez cette déclaration
Steven remercie chaleureusement le Suédois Tord Björk, du Bureau international de la paix, pour son action en faveur de la libération de Boris Kagarlitsky. Contact: Tord Björk <tord.bjork@gmail.com>
Notes
[i] http://www.artistespourlapaix.org/la-vraie-histoire-de-la-guerre-en-ukraine/
Jeffrey Sachs : « Dans un règlement négocié, les États-Unis accepteraient que l’OTAN ne s’élargisse pas à l’Ukraine, tandis que la Russie accepterait de retirer ses troupes. Les questions restantes – la Crimée, le Donbass, les sanctions américaines et européennes, l’avenir des accords de sécurité européens – seraient traitées politiquement, et non par une guerre sans fin. »
[ii] http://www.artistespourlapaix.org/affaires-mondiales-canada-alignees-sur-lotan/
Ernie Regehr, co-fondateur de Project Ploughshares, défend la très prudente proposition suivante, néanmoins jugée NON PUBLIABLE par nos journaux et même revues principales : « Les États de puissance moyenne comme le Canada, tout en soutenant ouvertement l’Ukraine, ou comme le Brésil, un partenaire BRICS de la Russie qui est resté neutre sur la guerre et soutient les négociations, devraient lancer de manière proactive une commission ou un forum de paix dédié à préparer le terrain pour un processus de paix pour quand les parties en conflit finiront par en arriver là. »