Le mois de juin est reconnu mondialement comme celui de la Fierté. C’est une occasion pour les communautés LGBTQ+ (lesbiennes, gaies, bisexuelles, trans et queer) de célébrer leurs identités, mais aussi de se rappeler les luttes des générations précédentes qui ont permis d’acquérir des droits, particulièrement au Québec.
Au Québec, les droits des personnes issues des communautés de la diversité sexuelle et de la pluralité des genres sont protégés par différentes lois, notamment la Charte des droits et libertés de la personne. Certains de ces droits sont très récents, comme le droit à l’adoption, qui a été établi en 2002. De même, ce n’est qu’en 2005 que les personnes de même genre ont pu avoir accès au mariage partout au pays. Tous ces événements sont marquants pour les personnes LGBTQ+ et leurs proches, et plusieurs rappellent l’importance de souligner ces dates qui ont représenté un tournant majeur dans leur vie.
L’importance de la sensibilisation
Le Groupe régional d’intervention sociale (GRIS) est un organisme de la Mauricie–Centre-du-Québec qui a pour mission de démystifier les réalités de la diversité sexuelle et de la pluralité des genres, et de faire de la sensibilisation auprès de la population. Parmi ses activités, le GRIS organise chaque mois de mai une marche de sensibilisation contre l’homophobie et la transphobie. Cette année, elle a eu lieu le 21 mai et a permis de rassembler plus de 200 personnes qui désiraient toutes démontrer leur soutien et dénoncer la discrimination envers les personnes de la diversité sexuelle et de la pluralité des genres. Le GRIS déploie d’autres efforts de sensibilisation sous la forme de témoignages. En effet, les bénévoles du GRIS qui ont reçu une formation et qui font partie des communautés LGBTQ+ peuvent aller se raconter dans les différents milieux de vie, par exemple dans les établissements scolaires. C’est le cas de Jules Brouillard, bénévole au GRIS depuis plusieurs années. Jules a commencé à s’impliquer avec le GRIS afin de parler aux jeunes de sa réalité et de leur montrer qu’il est possible d’être qui on est.
« Quand j’étais au secondaire, j’étais renfermé. Je savais que je ne pouvais pas dire qui j’étais. C’est ce qui m’a motivé à devenir bénévole au GRIS. Je voulais démontrer aux jeunes que c’est correct d’être différent.»
Cumulant plusieurs années de rencontres avec des jeunes de la Mauricie et du Centre-du-Québec, il est bien placé pour témoigner du changement de mentalité qui s’est produit. En effet, au début de son engagement social, Jules remarquait qu’on ne parlait pas beaucoup de transidentité, alors que maintenant ces réalités sont de plus en plus mises de l’avant.
« Ç’a été un apprentissage pour moi aussi », avoue-t-il bien humblement. Aux personnes qui disent que la marche de sensibilisation du GRIS est inutile, Jules répond que « ça aide les autres pays qui n’ont pas de droits. Ces marches ont une portée à l’international. Si on ne fait plus rien, on va disparaitre. Ces célébrations servent aussi à ne pas retourner dans le placard ».
Des changements majeurs
Selon Jules, l’un des changements les plus notables dans les luttes LGBTQ+ est l’accès au mariage en 2005. Il se rappelle avoir accueilli cette nouvelle avec joie :
« Pour moi, le mariage n’était pas nécessaire, mais c’est maintenant possible pour nous autres ! C’est magnifique ! Enfin on arrive quelque part. »
La décriminalisation de l’homosexualité en 1969 a constitué également un fait mémorable pour Jules.
« J’avais 12 ans à l’époque et je savais que j’étais homosexuel. J’ai vu dans les années suivantes que l’homosexualité était davantage permise. Je me suis dit qu’enfin on pouvait commencer à vivre. » Daphné, responsable des comités jeunesse au GRIS, ajoute que le retrait de l’homosexualité de la liste des troubles mentaux s’est avéré une avancée majeure. « L’ajout de l’identité de genre et de l’expression de genre aux motifs interdits de discrimination a aussi été un gain incroyable pour les communautés », mentionne-t-elle.
Le futur des jeunes LGBTQ+
En ce qui concerne le futur des personnes de la diversité sexuelle et de genre, plusieurs données sont encourageantes. En effet, au cours de la dernière année, le GRIS a créé sept groupes AGIS – soit des Alliances genres, identités et sexualités – dans plusieurs écoles de la région. Ces comités permettent aux jeunes de se rassembler afin de mener des actions de sensibilisation aux réalités LGBTQ+ dans leur établissement scolaire. Relativement à l’avenir des jeunes, Jules se sent confiant : « Au Québec, on fait figure de proue par rapport aux droits et à l’inclusion des personnes LGBTQ. Par contre, quand je regarde ce qui se passe aux États-Unis, même pour l’avortement, je trouve ça grave. Je me dis qu’on doit travailler ensemble et être capable de se tenir afin de conserver nos droits. »
Sarah Lemay