La chaîne “Bonnes idées que vous ne connaissez peut-être pas” (Buenas ideas que tal vez no conoces) a publié une nouvelle série de six vidéos consacrées à l’être humain.
Nous présentons sur 6 articles chacune des vidéos avec leur transcription, voici la cinquième :
4- Les humanistes d’autrefois
C’est le quatrième chapitre consacré à l’être humain. Dans le premier nous traitons de la définition et dans le second sur la manière comment l’on expérimente ce qui fait l’humain. Dans le troisième, nous avons vu que placer l’être humain comme valeur centrale a des conséquences différentes lorsqu’il est appliqué à l’économie, à la politique et au social en général.
Dans ce chapitre, nous allons traiter de l’humanisme à travers l’histoire. Nous nous appuierons sur le livre Interprétations de l’Humanisme que Salvatore Puledda a publié au début des années 90.
L’audio de la vidéo est en espagnol. Pour voir la vidéo (8′ 25′′) avec les sous-titres en français sur un ordinateur : 1. Cliquez sur l’icône Sous-titres (rectangle blanc en bas à droite de la fenêtre du lecteur vidéo). 2. Cliquez sur l’icône Paramètres (roue dentée en bas à droite), puis cliquez successivement sur Sous-titres, puis sur Traduire automatiquement. 3. Dans la fenêtre qui s’ouvre, faites défiler la liste des langues et cliquez sur Français.
Transcription
Dans ce livre, Salvatore Puledda explique qu’au Moyen Âge la vie humaine n’était pas vraiment valorisée. Dans la vision médiévale, le monde est une vallée de larmes. L’être humain ne peut rien faire par lui-même, c’est un pécheur et ses œuvres ne sont que poussière. L’histoire est le chemin de l’expiation qui mène du péché originel à la rédemption. L’être humain ne peut qu’aspirer au pardon d’un Dieu infiniment lointain, qui accorde la grâce selon des desseins impénétrables. À l’horizon, on trouvera l’apocalypse et le terrible jugement de Dieu.
À la fin du Moyen Âge, la Renaissance s’est propagée principalement à partir de l’Italie pour changer la vision du monde et de l’être humain en Europe. La Renaissance implique de remonter aux origines de l’histoire. L’humanisme, quant à lui, prend pour modèle la civilisation gréco-romaine classique. En différenciant les caractéristiques de l’antique moment historique gréco-romain de celles du moment chrétien qui le suit, l’humaniste prend conscience du flux de l’histoire que la vision médiévale avait annulé.
L’humanisme de la Renaissance tente de récupérer le classique pour éduquer, en cultivant les vertus qui s’exprimeraient dans la société civile. Ce n’était qu’en formant des personnes qu’il était possible de renouveler la société humaine. « Paideia » en grec équivalait à l’« humanitas » romaine : cultiver les qualités humaines qui les démarquent des Barbares.
Ainsi après des années de christianisme émerge l’« humanitas » qui fait confiance à l’immense pouvoir de transformation que la poésie, la philosophie et l’art exercent sur la personnalité humaine. À cette époque, ceux et celles qui étudiaient ces matières, les soi-disant humanités, étaient appelés humanistes. Ils ne sont pas seulement des lettrés, mais les protagonistes d’un projet grandiose de transformation morale dont la devise est « vivre c’est beau ».
Tous les thèmes visent à reprendre foi en la créativité, en l’être humain, en sa capacité à transformer le monde et à construire son propre destin. L’être humain s’élève à un collaborateur de la divinité elle-même.
C’est ainsi que Salvatore Puledda décrit le passage du Moyen Âge à la Renaissance. Mais le fait est que le mot humanisme ou humaniste avait été utilisé pour parler uniquement de ce phénomène de la Renaissance en Europe. Néanmoins, il est bien évidemment que si l’on considère de manière plus large être humaniste comme une attitude envers l’être humain, il est clair qu’il y avait déjà des humanistes avant la Renaissance et assurément dans d’autres cultures.
Le livre de S. Puledda propose de considérer l’humanisme comme une attitude et une perspective qui existaient déjà avant l’humanisme occidental et qui a existé dans toutes les cultures, bien que les humanistes de chaque culture ne se soient pas reconnus sous ce nom. Il s’agit de l’Humanisme Universaliste.
L’attitude humaniste peut être comprise comme une « sensibilité », comme un emplacement où l’intention et la liberté d’autrui sont reconnues, et où l’on assume des engagements pour une lutte non-violente contre la discrimination et la violence.
Nous pouvons trouver des moments que nous appelons humanistes dans toutes les cultures, ils se caractérisent par : 1. placer l’être humain comme valeur et préoccupation centrale ; 2. l’affirmation de l’égalité de tous les êtres humains ; 3. la reconnaissance de la diversité personnelle et culturelle ; 4. l’aspiration à développer la connaissance au-delà de ce qui est accepté ou imposé comme vérité absolue ; 5. l’affirmation de la liberté des idées et des croyances et 6. le rejet de la violence.
L’histoire qu’on nous a enseignée a souvent été une histoire de luttes pour le pouvoir, de guerres et de conquêtes. Mais l’on peut également faire une histoire basée sur l’échange d’idées et de marchandises, sur les progrès réalisés suite à l’entrecroisement des contributions de différentes cultures à travers l’histoire. Si nous regardons de près, cela a été beaucoup plus important dans l’évolution culturelle et même dans le progrès matériel : on le voit dans la préparation de nos repas, à travers les objets d’usage quotidien, les modes de production et les technologies, et même jusqu’aux idées et aspects tels que le sens de l’humour ou l’esthétique. Dans toutes ces choses nous pouvons retracer leur origine dans différentes cultures, provenant souvent de l’autre bout de la planète.
Il y a des visions historiques qui, bien qu’elles soient répandues, sont fausses. Par exemple, celle qui considère que l’Occident, par ses propres moyens, a été le berceau de la pensée, de la science et de la civilisation, avant de les exporter vers les pauvres sauvages. Cette « histoire romancée », en plus d’omettre les dérives colonialistes, omet le fait que si l’Europe a pu s’épanouir culturellement dans l’Antiquité, c’est grâce à l’accumulation préalable d’autres cultures antérieures, et qu’elle a pu reprendre sa progression après la désintégration de l’Empire romain et les ténèbres médiévales, grâce à l’apport nécessaire des cultures arabe et byzantine.
Nous acquérons des images du monde et de l’histoire maladivement déformées. Et c’est ainsi jusqu’à ce jour, où les nouvelles sur les cultures étrangères ressemblent plus à de la propagande de guerre qu’à des informations véridiques.
Tout cela a des conséquences ; par exemple, on affirme que les sociétés multiculturelles ont toujours échoué et, par conséquent, il vaut mieux que les personnes appartenant à des cultures étrangères soient assimilées ou qu’elles partent.
Et pourtant, c’est le contraire qui s’est produit. Les mélanges de cultures ont été un formidable moteur d’avancées. Il y a déjà quelques années, certains de nos amis étudiaient ce sujet et ont produit quatre vidéos de la série Phares de l’Humanité, que nous vous invitons à regarder. Elles démontrent comment la contribution des différentes cultures a été vitale dans le développement culturel de l’Occident et comment les moments humanistes ont produit les conditions pour les avancées de la connaissance et sa propagation.
Les moments humanistes de l’histoire correspondent souvent à des moments fondateurs de cultures. L’Humanisme Universaliste défend que les moments humanistes des différentes cultures pourraient servir de pont pour les faire converger. Pour notre ami Salvatore Puledda, c’est l’approche qui correspond à ce moment de « synthèse planétaire », celle que vise la Nation Humaine Universelle.
Voir aussi :
Six vidéos sur l’Être Humain : 1- À propos de l’humain (avec transcription)
Six vidéos sur l’Être Humain : 2- L’expérience de l’humain (avec transcription)
Six vidéos sur l’Être Humain : 3- Être humain et, en plus, humaniste (avec transcription)
Six vidéos sur l’Être Humain : 4- Les humanistes d’autrefois (avec transcription)
Six vidéos sur l’Être Humain : 5- Le processus humain (avec transcription)
Six vidéos sur l’Être Humain : 6- Exister (avec transcription)
Six vidéos sur l’Être Humain (ensemble des 6 vidéos sans la transcription)