La lutte pour l’égalité des lesbiennes, des gays, des bisexuels et des transsexuels dure depuis plus d’un siècle. Malgré des avancées significatives, en ce début de mois des fêtes LGBTQ+, cette lutte est malheureusement loin d’être terminée. Ces jours-ci, d’énormes panaches de fumée provenant des incendies de forêt qui font rage au nord de la frontière entre les États-Unis et le Canada s’élèvent au-dessus de la côte est, obscurcissant le ciel et forçant les gens à rester à l’intérieur. Parallèlement à ce phénomène, une épidémie de discrimination et de haine à l’encontre de la communauté LGBTQ+, historiquement marginalisée, s’est également propagée aux États-Unis, sous l’impulsion de démagogues, de politiciens cyniques et d’individus intolérants. Aux États-Unis, les États et les collectivités locales adoptent des lois répressives, interdisant des livres et criminalisant les personnes LGBTQ+.

Cette avalanche de lois, souvent accompagnée d’actes d’intimidation et de violence, a incité la Human Rights Campaign (HRC), la plus grande organisation nationale de défense des droits des personnes LGBTQ+, à publier l’annonce suivante :

« Nous avons officiellement publié, pour la première fois, une déclaration d’état d’urgence pour les personnes LGBTQ+ aux États-Unis en raison de l’augmentation dangereuse et sans précédent des attaques législatives contre la communauté LGBTQ+ qui se sont déroulées dans les assemblées législatives de plusieurs États à travers le pays cette année. Jusqu’à présent, rien qu’en 2023, plus de 75 projets de loi contre les droits des personnes LGBTQ+ ont été adoptés. C’est plus du double du nombre enregistré l’année dernière, qui a été la pire année pour les personnes LGBTQ+ en termes de législation depuis qu’il existe des preuves ».

Kelley Robinson, présidente de Human Rights Campaign, a déclaré à Democracy Now! :

« À l’heure où les gens voyagent à travers le pays et prennent des décisions concernant leur lieu de résidence ou l’école qu’ils fréquenteront, il est de notre responsabilité de faire le point sur deux questions essentielles. Tout d’abord, la crise sanitaire et sécuritaire qui menace notre communauté. Ensuite, sur l’éventail complexe et diversifié des protections dont nous et nos familles disposons dans tout le pays, et qui varient d’un État à l’autre. »

La Human Rights Campaign surveille ces projets de loi contre les personnes LGBTQ+. Depuis le début de l’année, plus de 520 projets de loi visant cette communauté ont été présentés ; 75 d’entre eux ont déjà été adoptés et ont eu des répercussions négatives importantes. Ces lois criminalisent les soins médicaux pour les mineurs transgenres, interdisent l’enseignement des questions LGBTQ+ dans les écoles, empêchent les personnes transgenres d’utiliser des salles de bain correspondant à leur identité de genre, censurent les livres et encouragent d’autres mesures discriminatoires et préjudiciables aux personnes LGBTQ+.

Dans son entretien avec Democracy Now ! Kelly Robinson a ajouté : « Une minorité bruyante […] sème la haine et la peur contre notre communauté parce qu’elle n’est pas disposée à résoudre les vrais problèmes. Si elles se souciaient vraiment de la sécurité des mineurs, ces personnes devraient faire pression en faveur d’une législation visant à prévenir la violence par arme à feu, qui est la principale cause de décès de nos enfants ».

Cette mesure législative contre les droits des personnes de la communauté LGBTQ+ intervient en parallèle de la période de dépôt des candidatures aux primaires républicaines en vue de l’élection présidentielle de 2024.  Le gouverneur de Floride Ron De Santis, qui a récemment annoncé sa candidature à l’élection présidentielle, a promu plusieurs lois qui portent atteinte aux droits de la communauté LGBTQ+. Parmi ces lois figure celle connue sous le nom de « Don’t say gay », qui interdit aux enseignants d’aborder les questions liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre dans leurs cours. Un autre texte de loi interdit les soins médicaux liés à une affirmation de genre pour les mineurs. D’autres candidats du Parti républicain à l’élection présidentielle de 2024 lui emboîtent le pas.

L’ancienne gouverneure de Caroline du Sud, Nikki Haley, également candidate républicaine à l’élection présidentielle, a laissé entendre que l’opposition aux droits des transgenres était un principe féministe.

Lors d’un forum public organisé récemment par la chaîne d’information CNN, Nikki Haley a déclaré : « Le fait que des personnes biologiquement assignées à des rôles masculins participent à des équipes sportives féminines est le véritable problème des femmes à notre époque […] Comment pouvons-nous habituer nos filles au fait que des personnes biologiquement identifiées comme étant des garçons sont présentes dans leurs vestiaires ?

Lors de l’entretien avec Democracy Now! la présidente de Human Rights Campaign, Kelley Robinson, a répondu : « C’est du théâtre politique. Ils font cela pour plaire à la base républicaine qui suit Trump dans ces États. … 70% des Américains soutiennent la communauté LGBTQ+ et pensent que les législatures devraient défendre nos valeurs. Une personne sur cinq de la génération Z s’identifie comme membre de la communauté LGBTQ+, ce qui équivaut à 20 millions d’adultes américains. Il ne s’agit pas d’une question périphérique ».

Le mouvement chrétien évangélique est depuis longtemps activement impliqué dans l’opposition et la critique envers la communauté LGBTQ+. Des télé- prédicateurs évangéliques de premier plan tels que Pat Robertson, décédé cette semaine à l’âge de 93 ans, et des organisations telles que Focus on the Family et Alliance to Defend Freedom ont encouragé des actes d’intolérance et de répression non seulement aux États-Unis, mais aussi dans d’autres parties du monde.

L’Ouganda a été à l’avant-garde de cette tendance à la criminalisation de l’homosexualité, dont l’épicentre se trouve aux États-Unis. En mai, le président ougandais Yoweri Museveni a promulgué une loi anti-LGBTQ+ qui punit les relations homosexuelles de l’emprisonnement à vie ou, dans certains cas, de la peine de mort. En conséquence, de nombreux Ougandais de la communauté LGBTQ+ se sont cachés ou ont fui le pays.

Frank Mugisha, un militant ougandais des droits des personnes de la communauté LGBTQ+, a déclaré à Democracy Now ! « L’homophobie et la transphobie que nous observons à l’égard des personnes homosexuelles et transgenres en Ouganda trouvent leur origine en Occident. Ces lois sont largement promues par les extrémistes évangéliques américains ». Mugisha craint l’adoption de lois similaires dans les pays voisins, tels que la Tanzanie et le Kenya.

La déclaration d’état d’urgence de la Human Rights Campaign est sans précédent, mais il ne s’agit pas d’un simple avertissement. La déclaration se termine par un appel à l’action, que toutes les personnes, quelle que soit leur orientation sexuelle ou leur identité de genre, devraient garder à l’esprit pendant ce mois de fêtes et pour toujours :

« Notre communauté est en danger, mais nous ne cesserons pas de nous battre, ni maintenant, ni jamais ».

 

Traduit de l’espagnol par Ginette Baudelet

L’article original est accessible ici