Nouveau chapitre de la nouvelle série documentaire de lavaca qui traite des expériences récentes de différentes coopératives argentines qui ont réussi à récupérer des entreprises qui avaient été abandonnées ou mises en faillite par les patrons. Voir ici tous les chapitres.
Chapitre 3
Depuis leur apparition en 2001, dans une expérience qui continue d’être reproduite, les usines récupérées disposent d’un cadre juridique précaire. Le projet de loi pour la récupération des unités productives est un mécanisme que les travailleurs ont présenté pour la deuxième fois au Congrès, après que cette loi a perdu son statut parlementaire en 2020. Dans cette vidéo, on entend les mots des député.e.s qui expriment discursivement l’importance de la loi. L’une d’entre elles est Victoria Tolosa Paz, actuelle ministre du développement social. Cependant, à ce jour, la loi n’a pas été adoptée. On entend également un autre député, Leonardo Grosso, et la théorie de la « cécité épistémique ».
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Transcription
Les choses qu’il faut faire pour travailler – Chapitre 3
Depuis leur apparition, les usines récupérées disposent d’un cadre juridique précaire.
Certaines d’entre elles sont protégées par la loi sur la faillite et l’insolvabilité. Mais le cadre juridique est déficient et elles tombent souvent sous les critères des juges et des administrateurs judiciaires, qui jouent en faveur des anciens propriétaires.
Une autre loi est la loi sur les coopératives. Cependant, la mise en place d’un cadre juridique spécifique pour les entreprises récupérées a longtemps été reléguée au second plan.
Certaines usines ont obtenu des lois d’expropriation par le biais du Congrès national ou des législatures provinciales. Mais la plupart d’entre elles ne sont pas applicables par l’État.
La loi sur la récupération des unités productives arrive pour la deuxième fois au Congrès : la première fois, c’était le 16 avril 2020, mais elle a perdu son statut parlementaire. Elle n’a jamais été examinée.
Nous sommes à nouveau au Congrès, une loi sur les entreprises récupérées est re-présentée, elle a déjà été présentée.
Quelle est la stratégie cette fois-ci pour qu’elle devienne une loi ?
Eh bien, la stratégie consiste à constituer des majorités parlementaires à partir de la pression sociale centrale. C’est la réalité et c’est lié au processus d’organisation et d’avancement que le Mouvement national des entreprises récupérées a connu. La réunion qu’ils viennent de tenir à La Matanza a été plus qu’importante, avec la présence du président de la nation.
Est-ce une question qui intéresse la Chambre (des parlamentaires) ?
Pas vraiment. La vérité est que cela n’a que peu d’intérêt. Beaucoup de fois, le Congrès de la nation suit un agenda qui a plus à voir avec les grandes corporations, avec les médias. Et il a peu d’intérêt pour ce qui intéresse les gens et encore moins pou l’économie populaire.
Je pense qu’il y a, comme pour d’autres questions, une sorte d’aveuglement épistémique, disons, des dirigeants politiques.
La réactivation productive est considérée comme un investissement en dollars, dans les grandes industries.
Dans ce contexte nous proposons sérieusement ceci : il y a un secteur de l’économie qui est très vaste, qui défie, représente et implique 7 millions de travailleurs et travailleuses et qui doit faire partie de l’agenda de la relance productive de l’Argentine.
Le projet est conçu et rédigé pour donner, pour la première fois, un cadre légal et juridique aux usines récupérées dans le cadre d’une économie sociale.
Commençons. Tout d’abord, bienvenue à tous au Congrès de la Nation. C’est une source de fierté pour nous que les travailleurs et travailleuses des entreprises récupérées soient ici, dans la maison du peuple.
… Ce que nous proposons ici, c’est l’expropriation par l’État, avec la cession en comodato (en prêt) en faveur de la coopérative de travail, à condition qu’elle poursuive son objectif social, qui est de soutenir la source du travail autogéré et, en outre, la génération d’espaces d’accès aux droits fondamentaux. Ce que nous avons à l’IMPA [NdT. Industrias Metalúrgicas y Plásticas Argentina, c’est une usine récupérée, organisée en coopérative et en centre culturel] à travers l’Université des travailleurs, le centre culturel, le lycée ; ce qui se passe dans la coopérative ‘19 décembre’ avec le lycée populaire ; ce qui se passe au CUC avec la radio communautaire, et tant d’autres expériences. [Représentante coopérative 19 décembre]
… La vérité est que lorsque les travailleuses et les travailleurs et leurs familles décident de reprendre l’usine, d’entamer ce processus de récupération, c’est la plus grande leçon que l’on puisse laisser à un peuple, à une famille, comme on dit, c’est créer un avenir. [Députée]
… Nous avons des histoires d’usines qui ont été récupérées sans un cadre réglementaire et qui, en conséquence, ont été soutenues par les efforts des travailleuses et des travailleurs. Et je mets l’accent sur les travailleuses, les femmes, elles se sont impliquées dans ces usines récupérées. [Députée]
… Dans la force des populations travailleuses, dans la richesse du pays. Où est la richesse si ce n’est dans le peuple travailleur, où est-elle ? Mais nous devons nous disputer cette richesse concentrée. [Députée]
… Je comprends que beaucoup d’entre vous sont en train de faire beaucoup d’actes avec de belles paroles. J’ai l’impression que c’est maintenant que nous devons aller de l’avant. [Député]
… Et que si, à un moment ou à un autre, la politique nous détourne de l’agenda, nous sommes là pour venir leur dire que nous sommes déterminés. [Ministre du développement]
… Un très grand groupe de députés et députées, dans notre cas, du Frente de Todos (Front de tous), qui vont se battre pour cette loi avec beaucoup de force et d’engagement. [Député]
… Vous avez montré qu’une autre façon d’organiser l’économie était possible.
… Nous accompagnons les partenaires dans le projet. [Députée]
… Bienvenue à ce projet que vous conduisez. [Député]
… Je m’engage à accompagner le projet que Léo a présenté.
… Nous sommes engagés dans ce projet. Nous sommes fermes dans notre engagement. [Député]
… Et force est de constater qu’à coup sûr, ce sera une loi. [Députée]
… Vous avez ici un groupe de députés et députées qui vont travailler, qui vont se battre à vos côtés pour que cette loi devienne une réalité.
… Pour que d’une fois pour toutes, cette proposition devienne une loi. Merci camarades. Comptez sur moi. [Ministre du développement]
La loi présentée en mai 2022 n’a pas encore été traitée en commission.
Les 8 chapitres de la série « Les choses qu’il faut faire pour travailler » :
Chapitre 2 : La visite d’un président
Chapitre 3 : re-présentation du projet de loi pour la récupération des unités productives
Chapitre 4 : l’Expérience de la récupération de l’imprimerie Gráfica Patricios
Chapitre 5 : La récupération du journal Tiempo Argentino
Chapitre 6 : l’Expérience de la récupération de l’hôtel Bauen
Chapitre 7/8 : La récupération d’une usine des vis
Chapitre 8/8 : Une autre économie est possible, la création d’une monnaie alternative
Traduction de l’espagnol, Evelyn Tischer