Le diocèse de San Cristóbal de Las Casas a dénoncé « la décomposition sociale qui s’accentue à cause de la violence généralisée » dans la population de différentes municipalités du Chiapas, ainsi que « la large impunité » qui prévaut de la part des autorités et « la violence déchaînée des groupes criminels ».
En outre, il a accusé l’insécurité et « la violence déchaînée par des groupes criminels », la criminalisation des défenseurs des droits de l’homme par le système politico-juridique, le manque d’accès à une véritable justice, l’infiltration de personnes dans les cérémonies de culte et dans les rassemblements de représentants, la manipulation et « le manque d’intérêt pour la reconstruction du tissu social de la part des autorités compétentes ».
Le diocèse de San Cristóbal a souligné que dans les communautés autochtones de l’État, il y a une « violence structurelle et institutionnalisée » avec la présence de groupes armés et du crime organisé, qui s’ajoute à « un conflit territorial qui dégrade chaque jour davantage le tissu social », à l’exploitation « à outrance » des ressources naturelles, à « la manipulation et au dépouillement de la dignité » des personnes, entre autres formes de violence contre les communautés, les femmes et les défenseurs des droits.
C’est pourquoi il a exigé du gouvernement mexicain qu’il mette fin à la persécution, à la répression, à l’intimidation et aux menaces contre la vie de ceux qui, depuis leurs communautés, « luttent pour la construction d’un monde plus solidaire et fraternel-sororal », tout en rappelant qu’il est de la responsabilité de l’État de garantir la vie de la population.
Voici le communiqué dans son intégralité :
Aux trois niveaux de gouvernement
À la société civile nationale et internationale
Aux défenseurs des droits de l’homme
Aux médias libres et alternatifs
Aux médias nationaux et internationaux
Aux croyant·e·s d’autres confessions religieuses
Au peuple croyant du diocèse de San Cristóbal de las Casas
Aux hommes et aux femmes de bonne volonté.
FACE À LA DÉCOMPOSITION SOCIALE QUI S’ACCENTUE DU FAIT DE LA VIOLENCE GÉNÉRALISÉE QUI SÉVIT DANS L’ÉTAT.
« La paix est un cri qui mérite d’être entendu » (Pape François, 25 octobre 2022)
Nous réaffirmons, au titre du diocèse de San Cristóbal de Las Casas, que nous poursuivons notre engagement dans notre travail pastoral d’accompagnement des souffrances et des luttes des populations, dans la défense du Bien Vivre, de la justice, de la Terre Mère et du Territoire, à partir de nos possibilités diocésaines.
Nous avons entendu comme un cri dans le désert la situation de violence structurelle et institutionnalisée avec la présence du crime organisé, la prolifération des groupes armés, dont certains agissent comme des forces offensives. Le conflit territorial dégrade chaque jour davantage le tissu social, l’exploitation excessive des ressources naturelles (réactivation de l’extraction minière ; vente illégale de bois, de matériaux, d’essence, etc. ), la manipulation et la spoliation de la dignité de nos peuples, la guerre psychologique féminicide, l’atteinte à la force communautaire, la criminalisation des luttes et des résistances pacifiques, ainsi que des activités pastorales de notre diocèse qui invitent à une pleine conscience de la dignité de filles et de fils de Dieu, porteurs de droits.
En juillet 2022, nous avons exprimé publiquement notre parole par le biais d’un communiqué intitulé : Face à l’augmentation de la violence au Chiapas et à la persécution des personnes qui défendent la vie.
Nous rappelons quelques-uns des propos tenus à cette occasion :
« En accompagnant la souffrance des gens et en recherchant pour eux une vie véritable, nous touchons aux intérêts des individus et des groupes qui ne recherchent que le profit maximum à tout prix, sans se soucier de la souffrance des plus pauvres. La mise en œuvre des stratégies du système économico-politique qui nous gouverne est très claire, lorsqu’une communauté s’organise pour défendre sa terre et son territoire, pour veiller à son gouvernement communautaire par les usages et les coutumes, lorsqu’elle dénonce les injustices que commettent parfois les autorités des communautés, des municipalités, etc. Il semblerait que ce soit la raison d’une réaction de persécution, d’intimidation, de menaces et d’emprisonnement. »
Nous sommes préoccupés par la décomposition sociale qui s’accentue en raison de la violence généralisée dans les villages des municipalités de : Chicomuselo, Comalapa, Trinitaria, Comitán, Margaritas, Maravilla Tenejapa, Zamora Pico de Oro, Palenque, Salto de Agua, Tila, Yajalón, Chilón, Ocosingo, Altamirano, Chanal, Oxchuc, Huixtán, Tenejapa, Chamula, Chenalhó, Pantelhó, Simojovel, Chalchihuitán, San Cristóbal, Teopisca, Carranza, Las Rosas, Socoltenango, entre autres municipalités de la province du Chiapas. Cette réalité de l’insécurité s’aggrave dans certains secteurs de la population menacés par des groupes criminels organisés qui tentent de progresser dans le maniement et la commercialisation des armes à feu qui sont l’usage exclusif de l’armée mexicaine. Cette situation met les habitants en danger, car ces groupes luttent pour le contrôle du territoire.
Nous dénonçons également la forte impunité qui prévaut dans l’état du Chiapas, l’augmentation de l’insécurité et de la violence des groupes criminels, le système politico-juridique qui criminalise les défenseurs des droits humains, l’absence d’accès à une véritable justice, l’infiltration de personnes dans les cérémonies de culte et dans les rassemblements de représentants, la manipulation, le manque d’intérêt pour la reconstruction du tissu social de la part des autorités compétentes.
Nous exigeons du gouvernement mexicain qu’il garantisse la vie des personnes qui vivent et se déplacent dans l’État du Chiapas. Il est de la responsabilité de l’État de garantir la sécurité et la protection des défenseurs des droits humains, de respecter et de prendre soin de la Terre Mère, du Territoire, de veiller à la vie et à l’intégrité des religieuses, des prêtres et des serviteurs du diocèse de San Cristóbal de Las Casas, dont l’exercice du ministère dans un contexte de violence les rend vulnérables au sein de l’État du Chiapas.
Au diocèse de San Cristóbal de Las Casas, nous demandons qu’il soit mis fin à la persécution, à la répression, à l’intimidation et aux menaces contre la vie de nos sœurs et frères qui luttent pour la construction d’un monde plus solidaire, plus fraternel-sororal.
Parce qu’un monde sans violence est possible !
Construisons la paix, dans nos villages et nos communautés !
San Cristóbal de las Casas, Chiapas ; le 04 avril 2023, Mardi Saint.
Rodrigo Aguilar Martínez, évêque de San Cristóbal de Las Casas
Luis Manuel López Alfaro, évêque auxiliaire
María Reyes Arias Sarao, secrétaire
Carolina Lara Rodríguez, Vicaire à la pastorale
Miguel Ángel Montoya Moreno, Vicaire Justice et Paix
à Andrés Manuel López Obrador, Président du Mexique
Rutilio Cruz Escandón Cadenas, Gouverneur du Chiapas
Juan José Zepeda Bermúdez, Commission gouvernementale des droits humains
Mtra. María Rosario Piedra Ibarra, Commission nationale des droits humains – Mexique
Mons. Fabio Martínez Castilla, archevêque de l’archidiocèse de Tuxtla
Mons. José Luis Mendoza Corzo, évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Tuxtla
Mons. Jaime Calderón Calderón, évêque du diocèse de Tapachula.
Traduit de l’espagnol par Jean-Marc Dunet