Ce 20 mars a été célébrée la Journée internationale du bonheur, instaurée par l’ONU (Organisation des Nations unies) à la suite d’une proposition du Royaume du Bhoutan, qui a fait du bonheur de sa population l’un de ses objectifs politiques.
Le Royaume du Bhoutan est un pays d’Asie situé dans l’Himalaya, entre l’Inde et la Chine. Dans les années 1970, il a introduit le concept de Bonheur National Brut (BNB) qui permet de définir et d’évaluer les politiques publiques.
Dans un premier temps, l’Occident a considéré cette proposition avec une certaine dérision, d’autant plus qu’elle émanait d’un pays au régime monarchique, aux revenus faibles, à l’analphabétisme élevé, à l’espérance de vie basse, isolé du reste du monde et sans développement industriel. Le temps et l’incapacité des mesures économiques à évaluer le bien-être de la population ont progressivement conduit à considérer le bonheur comme une variable digne d’être considérée comme un pilier du développement.
L’hégémonie capitaliste se concentre sur le produit intérieur brut, mesuré en argent. Comme le dit à juste titre Joseph E. Stiglitz, lauréat du prix Nobel d’économie, le PIB ne permet pas de mesurer la qualité de vie. Alors qu’au Bhoutan, le bonheur national brut est établi sur la base des réponses des personnes à un questionnaire portant sur : le bien-être psychologique, l’emploi du temps, la vitalité de la communauté, la culture, la santé, l’éducation, la diversité de l’environnement, le niveau de vie et la gouvernance.
On peut imaginer le séisme politique qui se produirait au Chili si le président et son ministre de l’éducation invitaient les citoyens à définir et à évaluer les politiques publiques d’éducation en fonction d’un indice de bonheur des éducateurs, des étudiants et des autres membres des communautés éducatives plutôt qu’en fonction des tests et examens traditionnels.
Bien que les écoles du bonheur paraissent utopiques, elles sont déjà une réalité dans certaines expériences éducatives dans différentes parties du monde.
Le projet « Écoles heureuses » de l’UNESCO s’éloigne de la pression des tests et des examens et « propose des approches alternatives pour améliorer l’expérience d’apprentissage en donnant la priorité au bonheur à l’école ». En mettant l’accent sur le bien-être, l’engagement et le sentiment d’appartenance à l’école, le projet contribue à favoriser l’amour de l’apprentissage tout au long de la vie.
Les écoles heureuses ont un impact sur l’ensemble de la communauté éducative. Il s’agit d’une approche différente de l’éducation. Elle considère le processus d’apprentissage comme une aventure à vivre et à apprécier, et non comme un moyen de réussite future et/ou de triomphe sur les autres.
Considérer le bonheur comme un pilier fondamental de l’éducation génère un cercle vertueux. Les élèves améliorent leur assiduité, les professionnels de l’éducation renforcent leur santé mentale et les parents et éducateurs sont encouragés à envoyer les enfants à l’école. Enfin, dans une école heureuse, il est prouvé que l’apprentissage s’améliore également.