Berlin, 7 mars 2023
La campagne allemande contre l’exportation illégale d’armes, « Aktion Aufschrei – Stoppt den Waffenhandel! » a déposé une plainte contre Rheinmetall pour complicité présumée dans des crimes de guerre au Yémen. Le groupe industriel avait livré des armes aux Émirats arabes unis qui ont vraisemblablement été utilisées lors du blocus maritime au Yémen. Ce blocus des voies maritimes, terrestres et aériennes du pays, dans lequel règne une guerre civile sanglante depuis maintenant huit ans, a débouché sur l’une des plus grandes crises humanitaires de notre époque selon l’ONU, et la famine est l’un des outils de cette guerre, explique l’avocat de la campagne, Holger Rothbauer, qui poursuit : « Que le gouvernement fédéral allemand ait apparemment autorisé ces exportations d’armes en violation des lois nationales et européennes et de ses engagements, n’affranchit pas le groupe de sa responsabilité. Mais cela montre également qu’un droit de recours collectif devient indispensable dans la loi sur le contrôle des exportations d’armes actuellement en projet, afin que la justice puisse à l’avenir vérifier de telles autorisations d’exportation d’armes avant qu’elles ne soient livrées. »
À présent, Rheinmetall veut vendre à l’Ukraine une usine de chars pour le « Panther » nouvellement développé. « Il est perfide de se servir de l’opportunité — les exportations d’armement exceptionnellement autorisées dans la guerre d’Ukraine en vertu de l’article 51 de la Charte des Nations unies — pour obtenir une autorisation d’exportation pour une usine complète de chars ou tout du moins pour les équipements destinés à la fabrication d’armement dans le cadre de la concession d’une licence », résume Christine Hoffmann, secrétaire générale de pax christi et porte-parole de la campagne. Ce qui n’est pas évoqué, c’est qu’avant le début des travaux, il faut compter au moins deux ans, puis encore un à deux ans jusqu’à ce que les premiers chars sortent des chaînes de montage.
La guerre va durer encore des années et qu’on le veuille ou non, l’Ukraine a besoin de chars dans la guerre contre la Russie, selon le président du conseil d’administration de Rheinmetall, Pappberger, à propos de ce marché prévu. « Dans la situation actuelle, l’usine envisagée n’aide aucunement l’Ukraine. Et que dans trois ou quatre ans, la guerre continue, personne ne peut ni le savoir ni le souhaiter, si ce n’est peut-être le groupe industriel, qui augmentera ainsi son chiffre d’affaires. En rappel : Rheinmetall a livré à la Russie, encore jusqu’en 2014, un centre d’entraînement militaire. Après que 90 % de la commande ont été exécutés, le gouvernement fédéral de l’époque a retiré l’autorisation en raison de l’annexion de la Crimée et la Russie a achevé elle-même le reste du chantier. De savoir qui il fournit ne pose par conséquent aucun problème au groupe industriel d’armement », critique Hoffmann.
Jürgen Grässlin, porte-parole de « Aktion Aufschrei – Stoppt den Waffenhandel! » et porte-parole national de la DFG-VK poursuit : « Indépendamment du droit de légitime défense de l’Ukraine, il ne peut pas être dans l’intérêt du gouvernement allemand d’autoriser à l’étranger des équipements de fabrication et de technologie dans le cadre d’accords de licence pour construire des usines d’armement clé en main et de déléguer de cette façon son droit de contrôle sur les armes de guerre. Ce n’est pas sans raison que le gouvernement allemand a exigé un certificat d’utilisation finale même dans la plupart des cas d’exportations actuelles d’armement en Ukraine. L’accord de licences et les exportations de matériel de fabrication et de technologie qui en découlent signifient toujours que le contrôle sur l’armement produit à l’étranger est totalement délégué. Ni l’utilisation dans le pays ni l’exportation dans d’autre pays ne seront plus alors placés sous le contrôle allemand des exportations. Et il est absolument évident que l’usine, tôt ou tard, produira pour l’exportation. Le gouvernement allemand doit donc refuser catégoriquement la demande d’autorisation de Rheinmetall et ancrer dans la loi de contrôle des exportations d’armement dans le cadre de contrats de licences les équipements de fabrication et la technologie », selon Grässlin.
Contact presse :
Holger Rothbauer, avocat de la campagne ; +49-0173-6577693
Jürgen Grässlin, porte-parole de la campagne et porte-parole national de la DFG-VK ; +49- 0170-6113759, graesslin@dfg-vk.de;
Christine Hoffmann, porte-parole de la campagne et secrétaire générale de pax christi ; +49-0151-74463473, c.hoffmann@paxchristi.de
Traduit de l’allemand par Laurence Wuillemin, Munich