Pouvez-vous nous rappeler ce qui a motivé les fondateurs et les fondatrices d’Atout-Lire ?
Atout-Lire – Atout-lire a été fondé par quelqu’un qui travaillait au Comité des citoyens et des citoyennes de quartier Saint-Sauveur à Québec et qui a créé un comité d’alphabétisation.
Ce sous-comité est devenu indépendant. Au début, Atout-lire était situé au sous-sol de l’église Saint-Malo et ensuite, dans un local sur la rue Sainte-Thérèse. En 1982, le groupe a été formé en OBNL et c’est en 1993 qu’AtoutLire a été capable d’acheter le bâtiment actuel, l’ancien bureau de poste du quartier. Et Atout-lire est devenu depuis membre du RGAQ avec les 80 groupes d’alphabétisation partout au Québec.
Il faut souligner le travail et le dévouement des animatrices en alphabétisation ; ces femmes ont fait beaucoup de temps non payé. Le financement de la mission a pris du temps. Et l’organisme a été longtemps sous financé. C’est grâce à leur travail qu’il existe encore et qu’il fonctionne bien !
DDP – Comme dans plusieurs groupes communautaires, ce sont les membres, qui décident des grandes orientations en assemblée générale. Cette implication des membres est-elle importante dans la démarche d’alphabétisation ?
« De plus en plus, les services gouvernementaux en personne ou par téléphone disparaissent. »
Atout-Lire – On est un groupe populaire en alphabétisation : notre objectif c’est d’être le plus démocratique possible. Pour y arriver, on a un conseil d’administration composé à majorité de participants et de participantes aux ateliers. En plus de s’améliorer en écriture et en lecture, l’objectif c’est de reprendre du contrôle sur leur vie et cela commence par s’impliquer dans l’organisme. On essaie de partir des préoccupations des gens qui s’expriment dans les ateliers, les réunions. Dans l’équipe de travail, on fonctionne en gestion collective. On n’a pas de patron. On est tous et toutes des animateurs. On fonctionne par consensus…
DDP – Le problème de ce qu’on appelle la « fracture numérique », ou la littératie numérique, touche une partie de la population. Les gens qui n’ont pas accès à des ordinateurs ou qui ne savent pas s’en servir font face à toutes sortes de difficultés. Quelles sont-elles ?
Atout-Lire – La fracture numérique, c’est un terme qu’on commence à entendre de plus en plus. Qu’est-ce que c’est ? La société repose de plus en plus sur de nouvelles technologies ce qui génère l’exclusion sociale. Et ça s’accélère. Des gens qui n’ont pas accès à l’univers numérique, c’est principalement parce qu’ils n’ont pas d’appareil, ou qu’ils n’ont pas assez d’argent, ou qu’ils manquent de compétence pour pouvoir utiliser le matériel. C’est répandu dans la société et les personnes qui ont des difficultés de lecture et d’écriture sont les plus touchées. L’univers numérique repose sur le courriel.
Si t’es pas capable de l’utiliser, qu’est-ce que tu fais ? Ici à Atout-lire, pendant la pandémie, on aidait les gens à compléter le formulaire sur Clic-santé ou pour faire des demandes de PCU. De plus en plus, les services gouvernementaux en personne ou par téléphone disparaissent. Il y a une dématérialisation des services pour des choses essentielles comme la santé et le logement et cela s’accélère à une vitesse exponentielle. Chez Hydro-Québec par exemple, pour un changement d’adresse par téléphone, il y des frais (25$ plus les taxes) alors que c’est gratuit en ligne.
C’est une de nos revendications : il faut garder les services en personne lorsqu’il est question de services publics !