En 1982, les jeunes sans emploi de 18 à 29 recevaient 142 $ par mois de l’aide sociale pour se loger, se nourrir et se vêtir. Ils cognaient aux portes des églises pour quelques dollars ou un sac de nourriture. On sonnait l’alarme auprès du Service Diocésain de Pastorale Sociale, qui établit un service d’urgence financier, mais temporaire. Puis, on réunissait le monde du communautaire et religieux pour fonder la soupe populaire : La Chaudronnée de l’Estrie inc. Les Chevaliers de Colomb du conseil 530, servaient un premier repas le 17 novembre 1982, au 268, rue Court. Puis deux fois par semaine. Les Curcilistes préparaient deux repas spaghetti.
L’Abbé Bruno Dandenault louait l’ancien Hôtel King Georges (devenu le Dépannage 140) au 370, rue King Ouest,pour y loger les jeunes. La Chaudronnée préparait les repas puis quittait en février 1983. La Chaudronnée sise au 162, rue Wellington Sud. On devait se prémunir d’une carte-repas au CLSC ou à La Chaudronnée. On partait un comité « jobbine ». Avec Éco-ressources on récupérait des vieux papiers et cartons pour s’autofinancer et on laissait des boîtes pour amasser des denrées alimentaires dans les cinq supermarchés Gaudette. 500 lettres étaient envoyées pour recevoir des dons en argent et des initiatives citoyennes organisaient des collectes. On préconise l’éducation populaire autonome par des Cafés-rencontre. De janvier à juin 1986, sise au 380, rue Brooks.
Le voisinage voyait d’un mauvais œil les allées et venues des jeunes. Pendant la fondation de Moisson-Estrie en 1988, La Chaudronnée était présente aux réunions. Puis sise au sous-sol du 187, rue Laurier, du Centre coopératif des locaux communautaires de Sherbrooke. Il y avait un problème d’odeurs de cuisson et certains jeunes avec leurs allées et venues sur les étages dérangeaient les organismes membres. On se dotait d’un système de ventilation qui devenait défectueux. On quittait en 1989. Puis on fondait le journal Le Chaudron.
S’ensuivaient d’autres emplacements : au 355, rue Laurier, au sous-sol du 427, rue Galt Ouest. Entre 1994 et 1999, sise au 44, rue King Est, on engageait la première cuisinière salariée de son histoire. En juillet 1995, on adoptait un système de cartes-repas payable au début du mois. Puis vint une première intervenante. En 1997, un nouveau coordonnateur redressait la situation financière, réorganisait l’équipe de travail et redorait son image auprès de la population. L’endroit était trop exigu.
On se relocalisait dans un bâtiment avec un grand terrain au 470, rue Bowen Sud. Grâce à un prêt de la Caisse Populaire Desjardins on en faisait l’acquisition au printemps 1999. La campagne de financement Un toit pour La Chaudronnée, sollicitait les donateurs habituels et d’autres par l’envoi de 800 envois postaux. La Chaudronnée devient membre du Réseau solidarité itinérance du Québec – RSIQ, tantôt on sera à la vice-présidence et la présidence. En mars 2002, le coordonnateur quittait et une coordonnatrice fut engagée.
On vit une stabilité financière, l’on crée un réseau d’alliances dans le milieu communautaire et sur la sécurité alimentaire en siégeant sur plusieurs comités. La fréquentation et le nombre d’interventions sont à la hausse. On ajoutait un souper chaque dernier jeudi du mois, ainsi qu’un brunch le dernier samedi du mois. On renouvelait la cuisine et posait une hotte au plafond. Pendant des années, Serge Cardin le député de Sherbrooke nous offrait un souper le jour de Noël. Entre 2004 et 2007, on devenait partenaire du Projet entretien concerté, créant des emplois dans l’entretien ménager. Depuis 2005 on souligne le travail de nos bénévoles, militants, travailleurs et travailleuses, sur des programmes, par une soirée-hommage. En 2006, sortait le livre de recettes Le Culinart dans l’eau chaude.
Depuis 2006 la Fiducie volontaire Tout compte fait intervient auprès de personnes pour la gestion de leur budget. On participait au document Pour une politique en itinérance – Plateforme de revendications du RSIQ. Deux mémoires étaient déposés lors d’une commission parlementaire du gouvernement du Québec. On soulignait nos 25 ans, par l’inauguration de la Place Jean-Pierre Leblanc, un méchoui sous un grand chapiteau et d’autres activités. La Chaudronnée recevait le prix « Hommage Bénévolat-Québec. Organisme en action Mars 2007. 10e édition ». De 2008 à 2011, il y eut plusieurs rénovations du bâtiment. Puis une chambre froide et de congélation construite sur place, le remplacement des comptoirs et du plancher de cuisine. Après les rénovations on soulignait les 125 ans du bâtiment. On invitait le maire Bernard Sévigny, Serge Cardin et une attachée politique de Monique Gagnon-Tremblay. L’équipe de Centraide-Estrie sollicite des donateurs pour servir un dîner les samedis à notre endroit. Grâce à un fond pour Un accès à notre image, on refait l’aménagement du terrain. Suite au départ de la coordonnatrice, l’adjoint devenait le coordonnateur. Un projet de fin de semaine pour les femmes itinérantes et sans-abris démarrait. On engageait un cuisinier et une intervenante.
Au fil des ans, le projet s’arrêtait puis redémarrait, à cause de la non-récurrence du financement. Nous siégeons sur le comité de la coopérative l’Autre-toit. En juillet 2015, le Journal de rue de l’Estrie aménageait au 2e étage de notre bâtiment. Depuis Noël 2015, nous accueillons l’Institut des mondes arabes et musulmanes – l’I.M.A.M qui offrent aux personnes seules un souper traditionnel de leur pays. Pour nos 35 ans, on invitait à un souper entre autres, M. le maire Steve Lussier, les conseillers et conseillères Évelyne Beaudin, Paul Gingues, Rémi Demers et le député fédéral de Sherbrooke Pierre-Luc Dussault. En mars 2020, suite au virus COVID-19, on distribuait des sacs à emporter par une fenêtre, une personne à la fois et l’installation d’un abreuvoir à l’extérieur. En 2021-2022, c’est le retour à la « normale » pour le service des repas. On fait entrer les personnes, une à la fois. Au fil des années, La Chaudronnée a surmonté des coups durs grâce à la ténacité de gens d’exception qui se sont passé le flambeau !