La région des Laurentides, avec ses quelque 440 entreprises d’économie sociale dont le chiffre d’affaires s’élève à environ 758 millions de dollars, participe vraiment au vent de changement qui souffle sur le Québec.
De plus en plus, on semble faire le choix d’une économie au service des gens et de s’éloigner du concept de profits, pour privilégier des entreprises porteuses de sens qui bénéficient à la population qui les soutiennent. Une entreprise d’économie sociale, c’est une entreprise qui peut sembler ordinaire, alors qu’elle est extraordinaire. Le Journal a fait un tour d’horizon avec la directrice générale de l’organisme Économie sociale Laurentides, Amélie Girard, afin de mieux comprendre ce modèle économique alternatif.
Une entreprise comme une autre ?
D’emblée, madame Girard explique qu’une entreprise d’économie sociale, ou entreprise collective, peut sembler être une entreprise comme une autre. Cela peut être une épicerie, un théâtre, un torréfacteur. On peut trouver tout type de bien ou de service grâce à des entreprises d’économie sociale. En fait, ce ne sont pas les biens produits ou les services rendus qui font la différence, mais bien le modèle entrepreneurial lui-même. Une entreprise collective n’est pas une entreprise privée. Il s’agira d’un organisme à but non lucratif, d’une coopérative ou d’une mutuelle dont les profits sont systématiquement réinvestis dans sa mission, ses activités ou sa main-d’œuvre.
Il s’agit également d’une entreprise qui est gérée par un conseil d’administration suivant des principes de participation, de transparence et de démocratie : « C’est très empowering étant donné que c’est un groupe de personnes qui part d’un besoin et qui décide de créer une entreprise pour y répondre. Par exemple, à Sainte-Lucie des Laurentides, il n’y avait pas d’épicerie. La population a décidé de s’en donner une et y réserve même une place toute spéciale pour les produits locaux » explique madame Girard.
Un modèle qui gagne en popularité
Selon madame Girard, l’entreprise d’économie sociale gagne de plus en plus en popularité et est de plus en plus structurée. Il existe de nombreux leviers d’aide au démarrage et l’organisme Économie sociale Laurentides aide de nombreux groupes désireux de fonder une telle entreprise.
Pour elle, la pandémie a joué un important rôle déclencheur et la potentielle récession à venir fera de plus en plus en sorte que les gens vont chercher à occuper des fonctions qui ont un sens, qui vont les mettre dans l’action et leur permettre de sentir qu’ils gardent le contrôle malgré tous les bouleversements.
Et ces entreprises, porteuses de valeurs d’équité, de solidarité et de démocratie risquent fort d’être de plus en plus mises à profit dans ce contexte difficile, où elles pourront répondre à des besoins souvent négligés par les entreprises à but lucratif.
Soutenir l’économie sociale
En ce mois de novembre, le principal désir de madame Girard est de voir la population des Laurentides mieux comprendre ce qu’est une entreprise collective et miser sur ce modèle dans ses choix de consommation. Décider de privilégier l’économie sociale au quotidien, c’est permettre à un mouvement alternatif, durable et bénéfique de grandir.
Émilie Corbeil