Plus de cinq millions d’élèves du primaire et du secondaire sont actuellement scolarisés dans plus de dix mille établissements scolaires du pays. La diversité est colossale et l’éducation est la seule institution publique à couvrir un si grand territoire. C’est là un système centralisé et complexe dans lequel l’innovation peine à émerger.

Et la pandémie nous a permis de tirer deux enseignements majeurs : l’inefficacité de l’enseignement magistral et le rôle des classes en présentiel pour le développement psychosocial des élèves. Il semblerait que le retour au présentiel n’ait eu pour objectifs que de rattraper le temps perdu dans l’apprentissage des matières principales et de témoigner des difficultés du vivre-ensemble.

Il n’a pas été suffisamment rappelé que le bien-vivre ensemble était la variable principale influant sur l’apprentissage, ni qu’il existait des méthodologies validées améliorant l’apprentissage et la coexistence des élèves. C’est le cas des méthodologies ludiques généralement associées à l’éducation préscolaire.

Non seulement les jeux ne sont plus intégrés dans le programme éducatif du primaire et du secondaire, mais ils se résument hélas à des activités récréatives sans aménagement adéquat, sans but particulier, et peu supervisées.

Pourtant, les méthodologies ludiques pour l’apprentissage pertinent apportent au moins trois bénéfices distincts dont les élèves et professeurs peuvent tirer parti : l’intérêt, la motivation et l’immersion.

L’intérêt est le contraire absolu de l’ennui. Les jeux captent et retiennent l’attention. Ce n’est pas une surprise d’entendre les élèves répondre à la question « comment était le cours ? » par « ennuyant » ou « intéressant ».

La motivation est une émotion renforcée par la réception d’une récompense intérieure, par exemple un sentiment de bien-être ou de plaisir, ou d’une récompense extérieure, comme la reconnaissance, une bonne note ou un prix.

Enfin, les jeux sont immersifs : ils requièrent une plus forte implication. Ils suscitent de l’empathie et de la complicité chez les joueurs.

Lorsque le jeu a une visée pédagogique d’apprentissage ou de développement de compétences, il complémente parfaitement les méthodologies didactiques plus traditionnelles. Au cours des deux prochaines années, nous aurons l’occasion de transmettre l’outil pédagogique WAYNA® pour le bien-vivre ensemble et la citoyenneté, développé selon une méthodologie ludique participative, aux responsables de la cohabitation scolaire et autres professionnels de l’éducation dans cinq cents établissements du secondaire de la région métropolitaine de Santiago.

Ce programme est soutenu par le gouverneur et approuvé à l’unanimité par les conseillers régionaux. Il sera appliqué en coordination avec le ministère régional de l’éducation. Il est rassurant de trouver des personnes désireuses de mettre en pratique les enseignements acquis lors de la pandémie dans les autorités régionales et le ministère régional. Nous espérons qu’il sera partagé à l’intégralité du monde de l’éducation dans notre pays.