L’art gothique connait trois périodes d’évolution :

  1. Le Gothique Primitif, de 1130 à 1230 :

– Noyon,

– Senlis,

– Laon.

  1. Le Gothique rayonnant, de1230 à 1380 :

– Rose de la façade nord de Notre-Dame de Paris,

– Chœur de la cathédrale d’Amiens,

– Cathédrale de Reims,

– Sainte-Chapelle de Paris.

  1. Le gothique flamboyant, XVe siècle :

– Notre-Dame de Paris, mélange de styles, du gothique au flamboyant,

– Rouen,

– Senlis,

– Tours. [1]

L’édifice suit sur le plan horizontal la forme de l’humain allongé les bras étendus, qui est une allégorie du Christ en croix, avec dans certain cas la tête inclinée, ce qui se traduit dans le plan par une déviation de la nef par rapport au chœur. Ce décalage n’est pas sans rappeler l’affirmation de Pythagore pour qui : « la symétrie est mort, la dissymétrie est vie ».

Sur le plan vertical, la coupole surplombe la cathédrale tout comme le ciel domine la terre.

On observe une correspondance entre l’être et le monument, entre chaque partie du corps et chaque partie de la cathédrale, laquelle fut longtemps considérée comme lieu de guérison (à l’image des tables dolméniques). Son plan anthropomorphique situe :

– la tête au niveau de l’autel,
– les bras étendus aux transepts,
– les pieds au porche Ouest.

Selon Hildegarde von Bingen, la croix est composée de 5 carrés égaux, de la tête aux pieds, et d’un bras à l’autre. En abordant le thème de la nombrologie nous verrons que le chiffre 5 donne l’idée du centre dans le symbole de la croix : l’être humain intermédiaire entre Ciel et Terre, entre la vie et la mort, occupe une place centrale lorsqu’il est représenté debout les bras en croix.

On entre dans la cathédrale par le porche Ouest et on remonte la nef vers l’Est, vers la Lumière du soleil levant.

 

I. Extérieur :

a. Les pierres : Symbolisent la communauté des croyants.

b. Les tours : Les 2 tours symbolisent le soleil et la lune, Lumière active et Lumière réfléchie. Les cloches ont un rôle évoquant celui du coq du village, animal solaire qui annonce le lever du jour, le temps de la prière.

c. Le portail central (ou royal) : Situé sur la façade Ouest de la cathédrale il comporte au tympan une représentation du Christ en gloire (Le tympan est une surface en demi-lune située au-dessus d’un portail).

Portail royal de la cathédrale Saint-André de Bordeaux (33) Photo : GO69, Wikimedia commons CC.

d. L’arc boutant : Son rôle consiste à repousser (bouter) le poids des pierres accumulées lors de l’élévation des édifices afin d’éviter l’écroulement. Ce sont des contreforts efficaces, qui ont évolué au fil du temps, après avoir été épais dans l’art roman, ils présentent dans le gothique des structures plus fines et élancées. Cela a permis l’ouverture de larges baies hautes (fenêtres en haut des murs de la nef) et de mieux éclairer l’intérieur grâce aux vitraux.

 

     Arc boutant Notre Dame de Paris. Crédits image : Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, par Eugène Viollet-Le-Duc, 1856. Wikimedia commons CC.

e. Les gargouilles : Elles ont pour double fonction à la fois de permettre aux eaux de pluie de s’écouler à distance des murs, et du point de vue symbolique ce sont des représentations des forces hostiles (les vices) censées empêcher l’entrée dans le sanctuaire.

II. Intérieur

a. L’orientation

Les cathédrales reproduisent des évènements naturels à la fois par leur orientation Est-Ouest (la course du soleil) mais aussi en lien avec des phénomènes lumineux observables dans la cathédrale lors des solstices ou des équinoxes. Ces phénomènes lumineux sont particulièrement spectaculaires dans la basilique de Vézelay. En été, le soleil au zénith éclaire la nef en neuf pas de lumière conduisant d’Ouest en Est. En hiver, il éclaire le bas des piliers en lumière rasante. Ceci permettait autrefois non seulement de régler les cadrans solaires sur l’heure exacte, mais témoigne également du savoir des maîtres bâtisseurs concernant les liens entre l’espace et le temps, qui leur faisait choisir de façon opportune l’emplacement des cadrans de façon à ce qu’ils soient éclairés à date fixe.

La nef de la basilique de Vézelay au solstice d’été à midi heure solaire (Crédit photo : La maison du visiteur).

b. La nef

De structure rectangulaire elle s’étend d’Ouest en Est : on y entre à l’Ouest, le lieu où se trouvaient les fonds baptismaux. La remontée vers le chœur, vers la Lumière de l’Est, est une marche sacrée.

c. Le dallage

Certaines cathédrales, comme Chartres, comportent des carreaux noirs et blancs symbolisant notre monde caractérisé par la dualité, les oppositions.

d. Les piliers

Ils évoquent les forêts, anciens lieux de cultes des religions précédant le christianisme, et sont les supports des voûtes de la nef et du chœur. Certains sont constitués de plusieurs colonnettes. Plus que des organes architecturaux supportant les charges des niveaux supérieurs, les piliers, à l’image de l’arbre sont un lieu d’échange électromagnétique entre Ciel et Terre :

– La cime de l’arbre reçoit les énergies du ciel, assimilées à un pôle positif,

– Les racines plongent dans la terre assimilée à un pôle négatif.

« Cette fonction d’échange électromagnétique entre le ciel et la terre est sans doute l’un des plus grands secrets de la Nature que les maîtres bâtisseurs ont su utiliser dans leurs constructions ». [2]

e. Lancettes, rosaces

Une lancette est un vitrail en arc brisé de l’architecture gothique dont la forme ressemble à l’extrémité d’un fer de lance (d’où son nom) créant des ouvertures hautes et étroites.

Triplet de lancettes dans l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Sarcelles. Crédits photo : Pierre Poschadel, Wikimedia commons CC.

Une rosace était dans la Rome antique une symbolique solaire (l’œil, oculus). Dans l’architecture gothique il s’agit d’une baie en forme de rose.

Les plus anciennes roses de façades sont celles de l’abbatiale de Saint-Denis. À la demande de l’abbé Suger, les meilleurs maîtres de la région vont y réaliser un chef-d’œuvre de lumière.

Cathédrale de Strasbourg, Rose à 16 pétales d’Erwin, du nom de son créateur. Wikimedia commons CC.

f. Le son

Dans la cathédrale, véritable caisse de résonance, les volumes sonores sont fonction de la hauteur. Les sons se réverbèrent contre les piliers et les colonnes qui ont été disposés de manière harmonieuse. Ainsi le prêtre en chaire n’a pas à élever la voix pour être entendu de tous les points de la cathédrale.

g. La crypte

« Jadis les chambres souterraines des temples servaient de demeure aux statues d’Isis, lesquelles devinrent lors de l’introduction du christianisme en Gaule, les Vierges Noires. Leur symbolisme est d’ailleurs identique ; les unes et les autres montrent, sur leur soubassement, la fameuse inscription : Virgini pariturae, à la Vierge qui doit enfanter ».[3]

 

Notes

[1] Source : Wikipedia

[2] Pierre Alexandre Nicolas : Le secret des cathédrales Arcadis Edition

[3] Fulcanelli : Le mystère des cathédrales

 

 

Série Les Cathédrales

1. Les secrets des cathédrales

2. Les religions primitives

3. Notions de base

4. Le compagnonnage

5. Architecture sacrée

6. Chartres

7. Amiens

8. Bourges

9.1. Notre Dame de Paris, l’or alchimique

9.2. Notre Dame de Paris, architecture