Aux États-Unis, de nombreuses victimes de violences sexuelles reçoivent après coup une facture de plusieurs milliers de dollars.
Martina Frei pour le journal en ligne Infosperber
Aux États-Unis, de nombreuses victimes de violences sexuelles reçoivent après coup une facture de plusieurs milliers de dollars
Lors d’un sondage effectué pour un rapport en 2016/2017, une femme sur quatre déclarait qu’elle avait déjà été violée une fois dans sa vie ou qu’elle avait été victime d’une tentative de viol1. Rien que cela, c’est déjà terrible. Et le système de santé en rajoute : il n’est pas rare que les victimes de violences sexuelles reçoivent une ardoise salée.
Rien qu’en 2019, il est estimé qu’une personne concernée sur six a reçu un tel courrier. Les femmes et les jeunes filles des quartiers pauvres sont souvent surreprésentées. L’expéditeur de la facture était le service des urgences vers lequel s’étaient tournées les victimes en quête d’aide.
Les victimes, qui n’avaient pas d’assurance maladie, devaient payer en moyenne environ 3’700 dollars US de leur propre poche pour l’examen et le traitement, la facture après un viol étant nettement moins élevée, avec en moyenne 2’900 dollars, que celle après un abus sexuel (env. 4’350 dollars).
Bien qu’une loi américaine interdise de facturer les examens pour obtenir des preuves dans de telles situations, ce sont les soins des plaies, les conseils, la pilule contraceptive d’urgence et beaucoup d’autres choses encore qui peuvent être facturés. Cette pratique pourrait mener à ce que les groupes de population pauvres, qui sont justement les plus touchés par la violence sexuelle, soient les moins susceptibles de demander une aide médicale. C’est ce que craignent les médecins qui ont attiré l’attention sur ce problème dans le New England Journal of Medicine.
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1 Ce sondage a été réalisé à la demande des autorités sanitaires nord-américaines, CDC, de septembre 2016 à mai 2017. Seulement 7,6 % des personnes questionnées ont répondu. Le CDC estime toutefois, sur la base d’analyses complémentaires, que les chiffres collectés sont représentatifs pour les États-Unis et seraient même sous-estimés.
L’article original peut être lu ici.
Traduit de l’allemand par Laurence Wuillemin, Munich