Les responsables de la région du Nunavik au Nord du Québec demandaient mercredi une intervention des forces de l’armée canadienne afin de maintenir les services en santé pour les populations inuits des villages situés près de la baie d’Hudson.
Selon une responsable de la Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik, Kathleen Poulin, la pénurie de main-d’œuvre dans le réseau de la santé affecte gravement le Nunavik en raison de sa « position géographique isolée » et de ses « caractéristiques particulières ». (1)
En fait, ce n’est pas seulement une question de pénurie de maind’oeuvre. Puisque la situation est devenue insoutenable au Nord du Québec depuis un certain temps. Par exemple, les urgences de la ville de Senneterre ont fermé le soir et la nuit l’an dernier. Les gens de ce village de 3000 personnes en Abitibi qui avaient le malheur d’être malades en dehors des heures d’ouverture (8 h à 16 h) devaient rouler 30 ou 45 minutes pour se rendre à Val-d’Or, sinon une heure pour Amos. Les services d’ambulances devenaient compliqués. Il a fallu qu’un homme meurt en chemin vers l’hôpital pour que le gouvernement du Québec intervienne. (1)
Présentement, dans quatre des sept villages du Nunavik situés près de la baie d’Hudson, il n’y a plus de services de santé.
Il est totalement inacceptable que tous ces villages inuits du Nord québécois soient totalement isolés. Pour s’y rendre, il faut prendre l’avion et le gouvernement n’a même pas prévu de plan B pour plus de 5000 personnes.
Cette semaine, il a fallu que la population réclame l’intervention de l’armée canadienne pour être entendus par le gouvernement du Québec.
Aujourd’hui, le premier ministre Legault a finalement tranché “Pas question d’amener l’armée” à quelques semaines des élections provinciales.
Mais selon plusieurs observateurs il ne manque pas seulement de personnel pour soigner les gens. Il en manque pour presque tous les services. Il manque surtout de logements. Les Inuits vivent souvent à 10 ou 12 dans des espaces qui devraient loger une famille de quatre. (1)
Selon plusieurs études et rapports ces problèmes de déficiences avec les services sociaux, de santé et de justice dans le grand Nord est récurrent et existe depuis plus de 50 ans.
Jean-Claude Latraverse a travaillé 20 ans dans la région comme avocat, d’abord en défense, puis comme procureur du DPCP. Il a habité plusieurs années à Kuujjuaq. Il connaît le terrain et les gens. (1)
“Je dois dire que ce fut tout un choc même si ce n’était pas une révélation. Le choc venait surtout du fait que j’ai fait partie d’un système inadéquat, aux bases coloniales et qui maintient une certaine forme de racisme, et que ce n’est qu’avec du recul que je le réalise. » Jean-Claude Latraverse, rapporteur spécial. (1)
Latraverse note au passage qu’au Nunavut (extrême Nord canadien), le mot inuktitut pour désigner les juges signifie « ceux qui parlent de ce qui est arrivé il y a longtemps ». (1)