Dans la foulée de l’élection présidentielle reconduisant pour cinq ans Emmanuel Macron à la fonction présidentielle, se prépare au pas de course les élections législatives des 12 et 19 juin prochains. Elles auront pour résultats de porter à l’Assemblée Nationale 577 député-es qui voteront les lois et pourront contrôler l’action du gouvernement.
L’Union Populaire avec son candidat Jean-Luc Mélenchon de France Insoumise n’a pas accédé au second tour de la présidentielle malgré le peu de voix d’écart avec la candidate d’Extrême Droite Marine Le Pen. Cela n’a pas été un vote « utile », un vote sans adhésion comme ont pu le dire certains journalistes et politiques. Les électeurs ne s’y sont pas trompés: ils ont voté pour un programme qui défendait l’intérêt de la majorité des gens, protégeant le commun contre l’ultralibéralisme de Macron et la social-démocratie.
François Hollande du Parti Socialiste (PS) et ancien président de la République (mai 2012 – mai 2017) avait défini sa politique de « social-démocratie ». En s’y engouffrant, le PS a perdu le peu de crédibilité qui lui restait auprès des électeurs de gauche. Dés 2010 Emmanuel Macron a travaillé pour la campagne présidentielle de François Hollande. N’oublions pas que c’est un président « socialiste » supposé de gauche qui a nommé Emmanuel Macron secrétaire général adjoint de l’Élysée en 2012, puis ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique en 2014 avant que ce banquier au service des multinationales ne démissionne de son poste en 2016 pour finalement l’écraser en 2017.
Au premier tour des présidentielles, les partis de la gauche traditionnelle (Parti Socialiste et Parti Communiste) ainsi que les écologistes (Europe Écologie les Verts) se sont vus délivrer un message clair : face à la férocité de l’ultralibéralisme nous ne pouvons pas être modérés. Les candidats de la désunion, les carriéristes de la politique (Parti Socialiste, Parti Communiste et Europe Écologie les Verts) ont été sanctionnés par les électeurs, balayés dans les urnes.
Une mutation s’opère, face à la montée de l’extrême droite, à la brutalité de l’ultralibéralisme, à l’individualisme qui l’accompagne. Un profond besoin de commun, d’union se fait sentir, que ce soit dans la vie de tous les jours mais aussi dans les choix politiques. L’union porte les couloirs de l’espoir comme au Chili avec l’élection triomphale de Gabriel Boric à la fonction présidentielle face à son adversaire d’extrême droite, et ce grâce à l’union de la gauche et la gauche radicale. En France, les sympathisants et les électeurs de gauche y aspirent.
Après une campagne présidentielle exemplaire, Jean-Luc Mélenchon de la France Insoumise, candidat aux présidentielles de l’Union Populaire, a lancé un appel à toute la gauche pour une union aux législatives. Fort de son score et face à la débâcle de la gauche traditionnelle, cet appel ne pouvait rester lettre morte. La pression des urnes par les électeurs et les abstentionnistes ont fait plier les chefs de la gauche traditionnelle. Une union qui s’avère indispensable pour leur survie politique mais également économique. Les électeurs n’accepteraient pas une trahison de plus et les urnes les sanctionneraient aux prochaines législatives. Ils disparaîtraient à coup sûr.
Déjà non remboursés de leurs frais de campagne pour les présidentielles puisqu’ils n’ont pas atteint les 5% ; ils ne peuvent se risquer à perdre leur groupe parlementaire (au moins 15 députés) à l’Assemblée Nationale et surtout perdre le financement public pour leur parti politique. Ce financement public est lié au nombre de suffrages exprimés et de députés élus. Chaque voix au premier tour représente 1,53 euros par an à condition de s’être présenté dans au moins 50 circonscriptions et avoir obtenu plus de 1% des voix. Seuls les partis qui ont bénéficié du premier financement peuvent prétendre au deuxième. Chaque député élu rapporte 37,000 euros à son parti chaque année pendant cinq ans, durée du mandat de député.
Quant au frais de campagne des législatives, ils sont remboursés à hauteur de 38 000 euros par candidat. Ce montant est majoré en fonction de la population de la circonscription soit 0,15 euros par habitants. Certains députés Républicains (droite historique) ne se représenteront pas compte tenu du résultat désastreux de leur candidate à la présidentielle soit 4,78% des voix.
Jean-Luc Mélenchon « nous avons fait en 13 jours ce qui n’a jamais été fait en France, une candidature unique à gauche dès le premier tour électoral ».
Le premier accord a été signé avec les écologistes (Europe Écologie les Verts), puis le Parti Communiste. Malgré l’opposition des dinosaures du Parti Socialiste, la délégation de la France Insoumise et celle du Parti Socialiste ont fait ce qui ne pouvait pas se faire : trouver un accord. La « NUPES » (Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale) est née, composée de La France Insoumise, d’Europe Écologie les Verts, du Parti Communiste et du Parti Socialiste autour d’un programme partagé majoritairement issu de la France Insoumise.
Au sein du PS, cet accord marque la fin d’une époque, un parti quasi mort, qui cherche à survivre, au bord de l’implosion. L’un des négociateurs du Parti Socialiste témoigne des rapports avec l’équipe de La France Insoumise pendant les négociations dans les locaux de la FI « très vite, on se rend compte qu’on parle la même langue, qu’on est de la même génération, entre 30 et 40 ans. ».
Philippe Poutou candidat à la présidentielle pour le Nouveau Parti Anticapitaliste (extrême gauche) a annoncé dans un communiqué que son parti ne comptait pas rejoindre la NUPES. Entre autre, La France Insoumise n’a pas proposé au NPA une seule circonscription permettant son élection ou pour le moins, la possibilité de se présenter. Sans grand poids électoral, le NPA représente cependant un courant qui ne peut être laissé de côté. La France Insoumise a laissé sur le bord du chemin une gauche militante, radicale dont on a besoin ; une gauche qui n’a jamais trahi.
Taclé de radical, Jean-Luc Mélenchon précisait « une radicalité dont on a besoin face à l’ultralibéralisme, à la destruction du vivant, pour protéger l’intérêt commun face au marché. ».
La France Insoumise a ouvert la voie à une nouvelle génération de femmes et d’hommes politiques. Jean-Luc Mélenchon ne sera pas candidat à sa réélection à Marseille. Il se prépare à une autre fonction. Au-delà, il prépare la relève qui devra réconcilier et donner un réel sens au mot politique. Une génération nouvelle qui ne sera pas celle des grandes écoles, qui n’envisagera pas sa fonction comme une carrière, qui ne se laissera pas leurrer, enfermer dans un joli palais doré, entourée d’une cour prête à tout pour les satisfaire.
Une génération qui ne devra pas perdre le lien avec les gens, avec la lutte sociale mais s’en nourrira pour agir au mieux des intérêts de tous.
Une génération qui viendra du peuple : femme de ménage, chômeuse ou employé, artisan, caissière, auxiliaire de vie, secrétaire, maçon, peintre en bâtiment, paysan, ouvrier, mère au foyer, artiste etc. L’Assemblée Nationale c’est Nous, qu’elle nous ressemble enfin !
Jean-Luc Mélechon l’explique : « ce n’est pas qu’un accord électoral. Il s’agit d’un accord programmatique qui pose un acte de résistance collective à une ère de maltraitance sociale, écologique et démocratique qui a été imposée par un pouvoir qui s’est fait élire par la contrainte, sans programme. Chaque composante aura un groupe à l’Assemblée Nationale et un intergroupe permettra de réunir l’ensemble des forces. »
Les Ecologistes présenteront des candidats dans 100 circonscriptions (1 député aux dernières législatives de 2017 contre 16 en 2012), le Parti Communiste a obtenu 50 circonscriptions (15 députés en 2017 contre 10 avec le Front de Gauche regroupant plusieurs petits partis en 2012), le Parti Socialiste quant à lui présentera des candidats dans 70 circonscriptions (28 députés en 2017 contre 258 en 2012).
Il est certain que ni les uns ni les autres ne pourraient espérer avoir un groupe parlementaire à l’Assemblée Nationale sans le soutien des électeurs du candidat à la Présidence Jean-Luc Mélenchon. La France Insoumise, tout jeune parti créé en 2016, sera présente dans 360 circonscriptions (17 députés en 2017).
L’objectif de cet accord historique est de faire barrage à la politique ultralibérale d’Emmanuel Macron en forçant la cohabitation qui obligera le Président à choisir un Premier Ministre issu du plus grand groupe à l’Assemblée Nationale. L’accord signé précise que Jean-Luc Mélenchon serait le candidat de la NUPES.
L’abstention notoire aux législatives reste l’inconnue. En 2017 Emmanuel Macron, tout nouveau Président, avait obtenu la majorité absolue à l’Assemblée Nationale : 308 députés sur 577, malgré un taux d’abstention de 51,30% au premier tour et de 57,36% au second tour (2,98% de vote blancs et 1,22% de vote nuls).
L’accord à peine signé, quelques députés du Parti Socialiste remettent en question le partage des circonscriptions quand ils ne sont pas candidats à leur réélection et certains se maintiennent face au candidat du NUPES . De son côté des candidats du Parti Communiste font de même. Le dépôt officiel des candidatures se fera, pour le premier tour, du lundi 16 mai au vendredi 20 mai 2022 à 18 heures et éclaircira la situation.
Tout est possible, la politique n’est pas qu’une affaire de chiffre et de pourcentage. Pour la première fois un collectif « on s’en mêle » regroupant des associations et collectifs des quartiers au niveau national avaient appelé à voter Mélenchon au premier tour des présidentielles. Ce premier tour a donné un réel espoir de changement qui perdure encore. Les législatives peuvent ouvrir les portes du gouvernement à la NUPES avec Jean-Luc Mélenchon.
Président par défaut, Emmanuel Macron n’a pas tous les pouvoirs et c’est bien ce que lui rappellent les élections législatives.