Par Camilo Morales
Le 25 janvier 2022, j’ai voulu faire un sondage anonyme pour mesurer les tendances liées à la présidentielle qui arrive en avril. Mon sondage a recueilli 203 participants qui ont tous donné leur point de vue. Ce sondage avait en son sein une vingtaine de questions dont des questions sur le vote blanc, pour qui les gens allaient voter, s’ils étaient abstentionnistes, mais également des questions sur les médias et leur impartialité.
La question du vote
Ce sondage représente une majorité de jeunes, entre 18 et 25 ans, avec 145 personnes. Sur les 203 réponses, il y a également une majorité de femmes (55,7%). Je constate également une forte envie de mobilisation pour les élections présidentielles, avec 95% des personnes interrogées qui pensent aller voter, ce qui est encourageant vu la proportion croissante d’abstentionnistes pour chaque élection. De plus, seulement 19,1% des personnes interrogées pensent voter blanc, ce qui montre qu’un certain nombre de citoyens ne se retrouve pas dans les programmes politiques proposés par les candidats. Au sujet du vote blanc, 89,5% pensent que celui-ci doit être pris en compte, ce qui montre un affect particulier de la population pour un changement politique majeur, celui d’une meilleur représentativité du chef de l’Etat. Les citoyens ne veulent plus que le Président ne représente qu’une partie des français.
La prochaine question traitait du candidat, pour qui les citoyens pensaient voter ? J’ai donc fait une liste avec les candidats déclarés et le Président qui ne s’est toujours pas déclaré. Il y a dans ma liste, Mélenchon, Jadot, Le Pen, Zemmour, Macron, Pécresse, Poutou, Lasalle, Dupont-Aignan, Hidalgo et Roussel. J’ai décidé de ne pas mettre la candidate Taubira car le résultat de la Primaire populaire n’était pas encore sorti quand j’ai organisé ce sondage.
Parmi les 203 réponses, 164 ont décidé de répondre à cette question. Macron arrive premier avec 25,6% des intentions de vote, vient en deuxième Mélenchon avec 20,7%, puis Jadot avec 12,2%, Zemmour avec 11%, Poutou avec 7,9%, Pécresse et Le Pen a égalité avec 6,7%. On retrouve enfin les derniers candidats que sont Hidalgo, Lasalle, Roussel et Dupont-Aignan avec respectivement 4,3%, 1,8%, 1,8% et 1,2%. Au sujet de l’abstention, je remarque que la majorité des abstentionnistes le sont car aucun candidat ne correspond à leur vision du monde, les candidats manquent de crédibilité, un manque de confiance envers les personnages politiques. De plus, je remarque que les gens ne veulent plus faire barrage à l’extrême droite, sûrement déçu du quinquennat de Macron, qui a été porté au pouvoir contre Le Pen mais qui n’a pas satisfait les citoyens.
Ensuite, ma prochaine question portait sur la raison du vote, le vote se portera-t-il pour le programme ou pour le candidat ? 86,3% des votants vont décider de voter pour le programme, tandis que 34% veulent voter pour le candidat.
Au sujet des programmes, les sondés pouvaient choisir les différentes mesures (sociales, économiques, migratoires, sécuritaires et écologiques). Les thèmes principaux qui intéressent les français sont donc les questions sociales, économiques et écologiques, qui dépassent toutes plus de 50% des thèmes importants, tandis que les mesures migratoires et sécuritaires sont réellement minoritaires avec 22,1% et 29,7%. (Les sondés avaient la possibilité de choisir les quatre thèmes principaux, c’est pour cela que certains thèmes dépassent les 50%).
Pour ce qui est du candidat Macron, qui a été choisi par 42 personnes, la majorité des sondés pensent que l’important dans son programme (qui n’a toujours pas été dévoilé), les mesures économiques en premier, puis sociales en second et enfin écologiques sont les thèmes qui feront voter pour lui. On peut penser que s’il est réélu, il continuera d’appliquer ses mesures économiques qui font débat chez les spécialistes, notamment la libéralisation du marché, avec une dérégulation économique et une privatisation continue.
Pour le candidat Mélenchon, qui a été choisi par 34 personnes, les thèmes principaux qui apparaissent sont les mesures sociales (1), écologiques (2) et économiques. On peut penser que s’il est élu, il appliquera son programme “L’Avenir en Commun”, avec une nouvelle Constitution qui fera davantage participer le peuple.
Pour le candidat Jadot, choisi par 20 personnes, les thèmes principaux sont notamment les mesures écologiques, au coude à coude avec les mesures sociales puis économiques.
Pour le candidat Zemmour, choisi par 18 personnes, les thèmes principaux qui ressortent sont les mesures migratoires et sécuritaires, puis économiques.
La question des médias
Suite aux questions sur le vote, j’ai voulu aborder un thème important, voir fondamental en période électorale, la question des médias. En effet, nos opinions se forment en partie par la façon dont nous nous informons. Cette information est primordiale car plus on est informé sur le programme et le candidat, plus notre vote va être réfléchi et va être pris en âme et conscience. De plus, les « fake news », les fausses informations, depuis le début de la pandémie de Covid-19, se sont multipliées sur les réseaux sociaux. J’ai donc demandé aux citoyens par quels moyens s’informent-ils et ce qu’ils pensaient de cette couverture médiatique : celle-ci est-elle bonne, mauvaise, partiale ou excellente ?
Les sondés s’informent en majorité par les réseaux sociaux, à 80,2%, mais également par la TV, a 64,9%. Viennent ensuite les journaux, à 42,1% puis la radio avec 35,1%. (Les sondés pouvaient également choisir plusieurs moyens d’informations.)
Comme dit plutôt, la majorité des sondés sont des jeunes de 18 à 25 ans, ce qui montre que cette génération s’écarte de plus en plus des sources d’information “traditionnelles” telles que la radio ou les journaux. Cette génération regarde, commente l’information sur les réseaux sociaux, ce qui est une bonne chose si nous vérifions les informations ou si nous les croisons avec d’autres sources pour vérifier si une information n’est pas en réalité une “fake news”. De plus, la TV est une bonne source d’information pour les JT de 20h par exemple, mais si les citoyens regardent d’autres chaînes, comme les chaînes d’informations en continue, il faut faire attention au sensationnalisme de ces chaînes d’information.
Au sujet de la neutralité des médias, les personnes sondés sont unanimes, la neutralité des médias n’existe pas : “les journalistes ne sont pas neutres”, “les petits candidats n’ont pas de temps d’antenne à des heures de grande écoute, contrairement aux candidats polémistes”, “certains médias ont des intérêts financiers derrière, ce qui pousse à la surmédiatisation de certains candidats”. Cependant, certains sondés voient la non neutralité d’une manière intéressante. En effet, pour certains, les médias ne sont par essence pas neutres, mais comme il existe différents médias avec différents points de vue politiques, les citoyens regardent les médias qui sont en accord avec leur point de vue, ce qui ne pose pas de problème. De plus, je note que certains sondés remarquent une surmédiatisation de l’extrême droite, notamment la figure de Zemmour car ce candidat “fait vendre en polémiquant à longueur de journée”.
De plus, certains passages d’émission TV sont diffusés sur les réseaux sociaux, et pour 87,6% des sondés, ces extraits ne suffisent pas pour se forger une opinion, tandis que 8,9% estiment que ces extraits n’ont pas d’importance sur le choix de vote. D’ailleurs, 89,1% des sondés pensent qu’il faut davantage mettre en avant les programmes politiques. Pour les sondés qui ne se sentent pas assez informés, ils rapportent eux-mêmes que la recherche et la lecture des programmes pourrait permettre un meilleur choix de candidats. Certains rapportent que les électeurs sont découragés à la lecture de programmes trop complexes et qu’il n’existe pas de comparateur pour permettre une décision. Un autre sondé aimerait savoir qui finance les candidats pour savoir s’ils sont influencés par les grands groupes industriels ou financiers. Ils suggèrent également de regarder des émissions TV de débat entre candidats sans journalistes car ils ont forcément un parti pris.
Par exemple, le meeting de candidat est une bonne façon de s’informer car le candidat déroule ses propositions. Cependant, ce format est peu suivi par les sondés car seulement 16,3% ont déjà assisté à un meeting, tandis que 39,4% ont déjà assisté à un meeting sur les réseaux sociaux ou à la TV.
La culture familiale du vote
Pour ma dernière partie, j’ai voulu connaître la culture politique de la famille des sondés, est-ce que ceux-ci ont une culture politique dans leur famille ? Pensent-ils que cette culture influence le choix du vote ? Ou encore si l’appartenance à une certaine catégorie socio-professionnelle influence leur vote ?
Tout d’abord, je remarque que les résultats sont quasiment identiques sur la question de la culture politique familiale. En effet, 52,2% des sondés ont une culture politique dans leur famille. Cela peut se traduire par un engagement particulier dans une organisation politique, syndicale ou associative, où encore plus simplement avoir des conversations qui parlent de politique.
Cependant, seulement 34,4% pensent que cette culture familiale influence leur vote. Cette statistique est particulière car Pierre Bourdieu énonce que la famille est souvent le groupe social auquel l’individu se sent le plus lié. Le sondé va donc avoir tendance, au moins pour les premières élections, à reproduire le comportement de vote de ses parents. Par la suite, avec le développement de “l’enfant”, au fil de ses interactions sociales et donc, de ses différentes expériences et groupes sociaux, “l’enfant” va avoir tendance à s’émanciper des habitudes de ses parents. Étant donnée que pour la plupart des sondés, ce sera la première, ou la deuxième élection présidentielle de leur vie, ce résultat est étonnant. Cependant, la statistique suivante est logique. Cette statistique porte sur la conditionnalité du vote en fonction de la catégorie socio-professionnelle. En effet, 73,9% des sondés estiment que l’appartenance à une certaine catégorie sociale influence leur vote, ce qui est logique avec les résultats de diverses études sociologiques menées par Pierre Bourdieu ou encore Durkheim.
Et pour finir avec cet article, ma dernière question portait sur la peur des sondés quant au résultat de l’élection présidentielle de 2022. Or, 69,5% des sondés pensent avoir peur du futur quinquennat. Pour éviter cela, je ne peux que préconiser, aux lecteurs qui sont arrivés au bout de l’article, de se renseigner le plus possible sur les candidats qui les intéressent, qu’ils soient de droite, de gauche ou du centre, et de voter en votre âme et conscience. D’un point de vue personnel, je pense que cette élection sera fondamentale pour les temps qui arrivent et je vous encourage à ne pas désespérer, à motiver le plus de monde possible pour que le monde change.